« Pour être heureux jusqu'à un certain point, il faut que nous ayons souffert jusqu'au même point. », Edgar Allan Poe.
*****
Deux minutes plus tard, j'ai pris le temps de me changer, avec à la fois quelque chose de confortable mais qui reste quand même plus séduisant qu'un simple pyjama. Et pendant ces deux minutes, j'ai eu le temps de passer par toutes les émotions. En 120 secondes, j'ai eu le temps de remettre en question ce que je m'apprêtais à faire, en me demandant si jouer cette facette de ma personnalité était vraiment moi, si j'étais capable d'endurer tout ça sans plus m'effondrer. Et puis, j'ai repensé à ce que m'a raconté Shoto, avec une vérité si invraisemblable, si naturelle, si crue que je n'ai pu que le croire en totalité. Parce que de toutes les fois où il a osé me dire ce qu'il voulait vraiment, c'est la première fois qu'il le fait aussi radicalement, c'est la première fois qu'il se montre autant lui-même. Et moi, je ne peux qu'apprécier ça, je ne peux m'en défaire, je ne peux que continuer à espérer que demain quand il se réveillera, quand il aura pleinement recouvré ses esprits, il n'ait pas changé d'avis sur ce qu'il désire.
C'est d'ailleurs cela qui m'a troublé pendant bien trente secondes, où je me suis sentie au bout d'un sentier s'ouvrant sur deux nouveaux chemins. Avec d'un côté cette perspective que ce qui nous arrive en ce moment n'a plus grand chose à voir avec le passé, que lui, que moi, nous sommes tous deux prêts à nous donner l'un à l'autre, avec comme seule grande condition de s'aimer. Mais de l'autre côté, il y a ce chemin qui s'effondre, avec un avenir titubant et plein de regrets, où chaque cailloux cache une facette pourrie, où si l'on prend le temps de simplement se retourner, on se rend compte que ce chemin parfaitement triste et sombre l'était encore bien plus qu'on ne le pensait. Mais finalement, ces trente secondes écoulées, mon choix était déjà fait. Depuis le début, je savais quel chemin je comptais emprunter, malgré mon besoin obsessionnel de me poser des milliards de questions et de reposer la réalité dans différentes dimensions pour prendre la bonne route, j'avais déjà choisi et ce depuis la seconde où j'ai appris la vérité. Alors, durant les secondes qui me restaient avant que Shoto me rejoigne, j'ai continué à un peu plus m'aventurer sur cette route que j'ai prise, en me disant que de toute façon à passer sa vie à ne jamais se tenir concernant un choix, en se sentant toujours prise entre deux feux, je finirais par mourir bien avant d'avoir été brûlée.
C'est ainsi que j'ai compté chaque seconde avant son arrivée, en préparant des bougies qui traînaient un peu partout dans mon appartement, en éteignant la lumière de ma chambre, en créant une atmosphère bien plus romantique et encore plus relaxante que si nous avions fait l'amour dans la baignoire. Et jusqu'à la dernière fraction de secondes avant que ne sonne le terme de ces deux minutes, j'ai essayé de rendre ma chambre la plus chaleureuse possible, comme Shoto l'aurait fait si nos rôles avaient été inversés. J'ai bien évidemment placé les bougies sur chacun des meubles qui décorent la pièce, en les allumant, en préparant de la musique pour qu'elle se joue quand il arrivera et je me suis aussi préparée moi, à vivre, à m'accepter, à accepter que cette fois-ci, comme Shoto et moi nous nous l'avons répété plusieurs fois, les choses sont différentes à présent et elles ne changeront plus jamais.
Quelques instants seulement plus tard, quand j'attends assise sur le rebord de mon lit qui grince à chaque minuscule mouvement que je fais, j'entends et je vois la poignée de la porte s'actionner. Je sens alors mes poumons se gonfler d'air pendant que je regarde une dernière fois autour de moi, pour vérifier que je n'ai rien oublié. Et soudain, je le vois lui, habillé d'un très simple caleçon noir, le visage abasourdi en découvrant ce que j'ai fait de ma chambre en son absence. Je bondis donc sur mes jambes avant d'avancer vers lui, pendant que se lance la musique Heroes de David Bowie, la même sur laquelle nous avions dansé des années en arrière quand tout était encore compliqué et différent pour nous. Un petit sourire fend ainsi la bouche de mon copain quand j'arrive à son niveau et que je plonge avec affection mes yeux dans les siens.
VOUS LISEZ
L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)
FanfictionBienvenue sur la première fanfiction que j'ai écrite, j'espère qu'elle vous plaira ! En avant-propos, je vous propose une petite citation qui résume parfaitement ce qui va suivre : « Il suffit d'un instant. Un regard. Une rencontre. Pour bouleverse...