Ara

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Wesh Siri, comme ça on se fait virer de cours ?

Au lycée, il y avait une salle réservée pour les exclus de cours. Le mot "salle" était sûrement un peu pompeux pour désigner ce cagibi sans fenêtres de 6 m² où on avait installé trois tables.

Amine venait de se faire renvoyer de français pour bavardages, bavassage et lancés de gomme intempestifs.

— Je pensais t'étais genre trop sérieuse, wallah, il t'arrive quoi ?

Shira pouffa, elle ne connaissait pas le prénom de ce type, juste que c'était un copain d'Alban et Izac. Elle les avait vu ensemble à la sortie du lycée.

— Les fonctionnaires... fit-elle en tripotant son stylo.

Amine hocha la tête, trop heureux d'avoir quelqu'un pour qui faire le show en attendant d'aller déjeuner.

— Ils fonctionnent pas bien les fonctionnaires, ils ont oublié la devise de la France : travail, famille, patrie.

Shira fronça les sourcils et dévisagea le petit maghrébin à la table d'à côté.

— Nostalgique du régime de Vichy ? lança-t-elle.

Amine n'avait aucune idée de ce qu'était le régime de Vichy.

— Je fais pas de régime moi, dit-il en se regardant le ventre. Ça va, je suis fit.

Shira pouffa, mesurant l'étendue des lacunes de son interlocuteur.

— La devise de la France c'est liberté, égalité, fraternité. Travail, famille, patrie, ça fait facho...

— Pourquoi ? demanda Amine.

Devant l'expression de Shira, il ajouta.

— Le travail, la famille, et la patrie c'est des belles valeurs non ? Genre tu travailles pour ta famille et ta famille c'est la patrie.

Shira acquiesça.

— Ouais, c'est pas ces valeurs en elles-mêmes qui font facho, c'est l'expression. C'est comme arbeit marcht frei...

— Je parle pas israélien... fit Amine.

— C'est de l'allemand... l'informa Shira.

Amine hocha la tête.

— Ça veut dire quoi ?

— Le travail rend libre, c'était écrit sur le portail d'un camp de concentration nazi.

Amine grimaça.

— Ouais... fit Shira. C'est vicieux hein...

— C'est bâtard...

Puis.

— Il a raison le gros Dylan tu connais tout !

Shira se marra et secoua la tête.

— Je connais pas tout.

— Siri, il te plaît pas Dylan ?

Shira éclata à nouveau de rire.

— Rigole pas c'est bâtard, il est gentil Dylan, je suis sûr il te rendrai trop heureuse. Il a de la thune en plus.

Shira secouait la tête, incrédule.

— Ah ouais ?

Wallah il a de la thune, Siri.

— Je m'appelle pas Siri.

Wallah... euh... Ara, Dylan il a de la thune.

Un petit sourire s'afficha sur le visage de la jeune fille.

Mi Beau Gosse Mi Batard II - Deuxième ChanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant