Grichka Bogdanov

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Les larmes d'Alicia coulaient sur ses joues. Diego continuait de hurler. Son père avait bien essayé de le calmer.

— Elle me trompe cette salope !

Diego avait trouvé qu'Alicia passait beaucoup trop de temps sur son téléphone à son goût. Il avait fouillé le Samsung pendant qu'elle était sous la douche.

Des messages avec Malik, un type que Dylan connaissait vaguement.

Alicia avait beau juré à Diego qu'il ne s'était rien passé. Qu'elle ne l'avait pas trompé. Qu'ils avaient juste discuté.

Il s'était mis à hurler, à rameuter ses cousins. À expliquer à ses grands parents en Portugais qu'Alicia était une salope.

Elle pleurait, incapable de trouver les mots pour se défendre. Au centre d'une attention gênante.

Alicia finit par prendre son sac, à quitter la maison. À marcher au hasard dans les rues de Sagres.

Léandro et Elena se regardaient sans savoir quoi faire. La seule chose qui était sûr, c'est qu'Alicia était mineure, et qu'ils étaient responsable d'elle. Qu'il n'était pas question qu'ils la laissent seule dehors, en larmes, dans un pays étranger.

— Je vais la chercher, fit Léandro.

Elena approuva d'un signe de tête, Nélia insista pour aller avec son père. Elle aimait Alicia autant qu'elle détestait Diego.

Diego, qui continuait de hurler des obscénités.

— Ferme la, Tête d'œuf !

— Toi, même pas tu me parles, je suis sûr tu savais que cette salope me trompait, t'as rien dit !

— Elle a raison de te tromper ! répliqua sa petite sœur.

Elle n'avait jamais compris ce que faisait une fille aussi gentille qu'Alicia avec un type comme ça.

Elena soupira. Elle faisait ce qu'elle pouvait pour calmer le jeu.

— Nélia, vas avec ton père !

Diego était très loin de se calmer. Bien au au contraire.

— Même pas vous la ramener ici, je veux plus voir sa gueule !

— Diego tu te calmes ! tenta sa mère. On est responsable d'Alicia jusqu'à ce qu'on rentre en France, même si vous êtes fâchés...

— Tais toi ! siffla son fils.

Elena ne releva pas, se disant qu'il allait bien finir par se calmer.

Alicia avait marché jusqu'au bord de la falaise qui dominait la mer. Le soleil rougeoyait dans le ciel, colorant le paysage d'une teinte sanglante. Les yeux baissés, regardait les vagues qui se mourraient contre la paroi rocheuse.

Elle ne pensait à rien, juste à ce mouvement perpétuel, qui avait commencé bien avant elle, et qui lui survivrait sûrement des milliers d'années.

Au fond, elle n'avait pas besoin de vivre. Il suffisait de rejoindre les vagues. Et tout s'arrêterait. Pour toujours.

Les larmes d'Alicia redoublèrent, comme si son instinct de survie tirait la sonnette d'alarme.

Comme si, sous les cheveux encore humide de la jeune fille, se livrait un combat à mort, entre la vie et le désespoir.

— Alicia !

Elle eut à peine le temps de tourner la tête, que Nélia la serrait contre elle.

— Pleure pas, Alicia, Tête d'œuf il te mérite pas. Viens, tu vas dormir dans ma chambre !

Mi Beau Gosse Mi Batard II - Deuxième ChanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant