Mi Beau Gosse Mi Batard II - Deuxième Chance

Amsterdam

Il faisait froid, plus que dans les Bouches-du-Rhône. Elena se serrait contre Léandro. Ils marchaient le long d'un canal. Main dans la main.

Quand ils s'étaient mariés, ils n'étaient pas partis en voyage de noces. Ils n'en avaient pas vraiment les moyens. Ils venaient d'acheter une maison. Préféraient économiser pour le bébé qu'ils prévoyaient d'avoir.

Après, ils étaient toujours partis en vacances avec leurs enfants.

Des parents avant d'être un couple. Eli Toledano avait plusieurs fois dit à Léandro que ça devait être l'inverse.

T'as eu tes gamins parce que t'aimais ta femme, pas l'inverse.

— Léandro ?

Il regarda Elena. Sa princesse. Sa guerrière.

— On va dans un coffee shop ? proposa-t-elle.

La premier vol qui partait de l'aéroport de Marignane quand ils étaient arrivés était à destination d'Amsterdam.

Ni Elena ni Léandro n'avait déjà mis les pieds là bas.

Une première.

— On va pas aller fumer de la beuh, Elena enfin.

Elle sourit.

— Ici c'est légal, et t'es pas en service mon amour...

Mon amour de gendarme.

Léandro hésita. Elena l'entraînait déjà vers un coffee shop.

On va quand même pas partir sans avoir testé ça...

— Personne ne le saura mon amour.

La femme, éternelle tentatrice, se dit Léandro.

Elena regardait la carte des joints avec un sourire de gamine qui s'apprête à faire une bêtise.

Léandro se rappelait tout ce qu'il avait dit à Diego sur les dangers du cannabis. Les sessions de prévention qu'il avait animé dans les collèges.

La drogue, c'est mal...

Elena passait déjà commande.

— Je suis pas flic moi !

Léandro regarda sa femme fumer un énorme joint en se disant qu'elle était folle.

— T'en veux pas ?

Elle lui adressait un petit regard de chatte. Léandro n'avait pas fumé de beuh depuis 20 ans.

Il prit finalement le joint entre ses doigts. Tira une taffe.

Voilà j'ai fumé.

Elena rigolait déjà. Léandro se dit qu'au fond, ce n'était pas une si mauvaise idée. Ils avaient tous les deux besoin de se détendre, de profiter de l'instant présent.

Ils burent quelques bières, se partagèrent quelques joints. Puis déambulerent dans les rues. Il faisait nuit. Il faisait froid. Mais ils se sentaient bien.

Unis. Amoureux. Défoncés aussi.

— Léandro ? fit Elena avec son éternel petit sourire de chatte.

— Quoi ?

Elena désigna une vitrine. L'une de ces fameuses vitrine d'Amsterdam. En temps normal, elle aurait dit que c'était une honte, qu'une femme n'est pas un objet, que son corps n'a pas de prix.

Dans la cas présent, elle se contenta de demander.

— Tu veux une pute ?

Léandro éclata de rire. Secoua la tête.