Haskara

30 2 0
                                    

Raphaël checka son cousin Roni. Ils s'étaient retrouvés au cimetière pour la Haskara de leur grand-père. Ils se mirent à discuter, Roni avait un an de moins que Raphaël. Leurs vies étaient très différentes. Il allait à l'école juive et sa famille était religieuse. Il ne passait pas ses vendredi soirs dans les bars à chicha des Arabes.

Yoni faisait toujours la gueule. Au lieu de pouvoir réviser et faire ses devoirs le lendemain après-midi, il allait devoir rattraper le bac blanc de SVT. 3h30 d'épreuve, avant de devoir rentrer faire sa page d'exercice que la prof de maths leur avait demandé de faire pour le jeudi matin.

Aaron envoyait des textos à Nina jusqu'à ce que son oncle Joseph, le grand frère de leur père, lui fasse remarquer que ce n'était pas le moment.

— Je croit pas que ton grand-père va répondre aux textos !

Aaron s'était marré, il appréciait Joseph. Tout le monde appréciait Joseph, il était plombier et avait deux filles qui étaient au collège. Contrairement à Eli, il prenait toujours tout à la rigolade. Ce qui avait le don d'énerver son père quand il était encore vivant.

Eli faisait la gueule parce que son petit frère n'avait pas daigné quitter son cabinet de médecin généraliste pour se rendre à la Haskara de leur propre père. Et leur mère le défendait comme toujours.

Arié, ses patients ils ont besoin de lui !

Arié, le cadet de la fraterie de neuf enfants, avait deux ans quand son père était mort. Autant dire qu'il n'était qu'un étranger sur des photos.

L'officiant arriva, Daniel s'était occupé de tout, comme toujours quand il s'agissait de célébrations religieuses. Ses frères n'étaient pas vraiment pratiquants.

Il fallait 10 hommes âgés de plus de 13 ans pour former un minyan, nécessaire pour réciter le kaddish, la prière pour les morts. Les maris de Déborah et Rachel étaient venus, les autres garçons de la famille étant trop jeune pour participer.

Yoni regardait ses pieds, maudissant son père et se demandant à quoi ça servait de réciter des prières face à une plaque de marbre tous les ans à la même date. Raphaël lisait les noms sur les tombes à côté, essayant de s'imaginer à quoi avait ressemblé la vie de Evelyne Sitbon et Gérard Benchémoul. Aaron écoutait les mots en hébreu qu'il ne comprenait pas mais dont il appréciait la sonorité.

Eli finit par dire à ses fils de déposer une pierre sur la tombe de leur grand-père. Ils savaient, c'était une tradition pour montrer que l'on vient rendre visite au mort. Encore une fois, Yoni trouvait ça complétement con.

Qu'est-ce que ça lui change ? De là où il est il va dire merci de m'avoir donné un caillou c'est gentil.

Joseph et Daniel s'engueulaient toujours à propos du même sujet.

— Je mettrais pas mes filles à l'école juive.

En quelle langue il faut te le dire.

— Joseph si c'est une histoire d'argent, on peut s'arranger, je connais le directeur, répondit Daniel.

Mais ce n'était pas une histoire d'argent. Pas que. Ses filles étaient très heureuses dans leur collège de la Valentine et il n'avait aucune envie de leur faire traverser tout Marseille tous les jours pour aller à l'école.

Aaron avait ressortit son portable pour envoyer des messages à Nina. Raphaël et Roni discutaient des derniers résultats de l'OM et envisageaient d'aller voir un match de foot ensemble.

— Pourquoi il fait la gueule Yoni ? demanda Roni.

— Il avait un DS de SVT...

Roni ne comprenait pas le rapport.

Mi Beau Gosse Mi Batard II - Deuxième ChanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant