— À table ! cria Karine Toledano du bas de l'escalier.
Son mari décolla ses fesses du canapé et ses trois fils déboullèrent de l'étage.
Aaron sortait avec Nina après le traditionnel dîner du vendredi soir auquel il essayait d'assister de temps en temps. Il savait que c'était important pour sa mère, et qu'elle cuisinait toujours quelque chose de plus riche que le reste de la semaine.
Raphaël allait rejoindre ses copains au bar à chicha. C'était devenu le nouveau QG de leur bande. Moins cher que les bars du centre-ville et surtout beaucoup plus laxiste sur les contrôles d'identité.
Yoni, lui, révisait ses cours. Il partait chez Éva le lendemain matin. Il attendait se moment toute la semaine. Retrouver Éva au haras, passer son samedi après-midi à faire du saut d'obstacles, son samedi soir devant Netflix et la nuit, dans les bras d'Eva.
Mais avant, Karine avait préparé quelque chose qui sortait de l'ordinaire. Même pour un vendredi soir.
— Oh, des sushis, fit Aaron en s'asseyant à sa place.
Il adorait ça. Raphaël avala sa salive, le poisson cru était loin d'être son kiffe. Yoni, lui, mangeait ce qu'on lui donnait.
Leur père soupira bruyamment. Les trois minots surent que la suite serait mémorable.
Le vieux, il est au régime.
Le vieux, il fait du sport.
Le vieux, il vapote.Le vieux, il mange des sushis ?
— C'est quoi ça, Karine ? demanda Eli.
— Des sushis, répondit-elle.
Elle lui adressa le même regard que s'il venait de lui poser une question aussi pertinente que ce qu'était la salière ou la bouteille d'eau.
— J'ai une tête de chinois ? s'exclama Eli.
Comme si ses fils n'étaient pas là.
— C'est japonais mon amour ! rectifia Karine.
Eli soupira bruyamment. Des sushis... De tout les plats de la planète, il fallait que sa femme ait décidé de lui faire bouffer du poisson cru.
Aaron se baffrait déjà de sushis.
— Des sushis à Shabbat ? fit Eli.
— Oui.
C'est écrit quelque part que c'est interdit ?
Eli secouait la tête. Il n'avait jamais été fan de poisson, alors cru, avec du riz qui colle et de l'algue...
— Tu pouvais pas faire de la dafina ? demanda-t-il.
Karine lui lança un regard acerbe.
— Non, tu sais très bien pourquoi !
— Karine... tenta-t-il. De la tchaktchouka ?
La réponse resta inchangée.
— Non !
— C'est hyper bon, maman, fit Aaron. Tu les a acheté où ?
Son père se retint de lui dire de la fermer. Karine n'aurait pas apprécié.
— Je les ai fais moi-même. Ça m'a pris deux heures ! lança-t-elle avec un regard en biais à son mari.
Il n'y avait pas goûté. Il n'y gouterait pas. Il analysait les autres options qui s'offraient à lui. De l'eau, du pain, du taboulé et des carottes au cumin.
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Mi Beau Gosse Mi Batard II - Deuxième Chance
Novela JuvenilSuite de Mi beau gosse mi bâtard I Première fois.