Chapitre 175 : Regard

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14 Avril 2019
00H00
PDV Antoine

Nous sommes dans la salle d'accouchement depuis plus de trois heures. Luna a perdu les eaux dans le camion de pompiers quelques minutes après qu'on y soit monté. Là, Bébé ne semble pas vouloir sortir, maman est entrain de souffrir et papa est en plein stresse.

Ça fait plus de 10 minutes que Luna est assise sur un ballon de maternité pour faire bouger son bassin et détendre un peu son dos. Je vois qu'elle souffre le martyr parce qu'elle ne veut pas se faire poser la péridurale et moi je ne peux rien faire.

-Bébé... j'ai trop mal... se plainte-elle alors qu'elle prend appuis sur ses cuisses écartées en baissant la tête tout en essayant de respirer au maximum.

-Je sais bébé, dis-je compatissant, crois moi que je donnerais tout pour prendre ta douleur, lui dis-je doucement, en m'accroupissant en face d'elle.

-Je vais pas y arriver Antoine, me dit-elle au bord des larmes.

-Si Luna, tu vas y arriver j'en suis certain. T'es la femme la plus courageuse que je connaisse. Ça va bien se passer ne t'inquiète pas ! Essayais-je de la rassurer en remontant son menton pour qu'elle me regarde.

Mauvaise idée Antoine ! Elle s'effondre en larme à la seconde où mon regard se plante dans le sien. Putain mais je fais tout mal moi aujourd'hui. J'arrive même pas à rassurer ma copine et pire que ça, je la fais pleurer !

-Bébé, pleure pas, je t'en supplie, dis-je dans un soupire alors qu'elle plonge sa tête dans mon cou tout en mettant ses mains derrière ma nuque. Je place alors les miennes dans son dos, tout en essayant de la masser pour la soulager un maximum.

-Pourquoi ça avance pas... ça fait des heures qu'on est là et rien ne bouge, j'en peux plus ! Finit-elle par dire une fois que son sanglot s'est un peu calmé.

Malheureusement, je n'ai pas la moindre réponse à lui apporté à toutes ses questions. Elle souffre et je ne peux rien faire.... Je déteste la voir dans cet état. Quelques fois pendant la grossesse, elle était fatiguée, me parlait mal, souffrait, mais j'arrivais toujours à renouer la parole avec elle et tout finissait par bien se passer, comme la fois où on a dû faire un bain en pleine nuit. Mais là je ne sais plus quoi faire. Il faut vite que je trouve parce qu'elle va finir par craquer et finir par demander cette péridurale qu'elle s'est promis de ne pas demander.

Je décide donc de m'assoir face à elle, devant le ballon en mettant mes jambes de chaque côté de celui-ci. Luna me regarde avec incompréhension mais dans mon regard je lui fais comprendre que je gère la situation, enfin du moins, je m'en persuade aussi.

Je remonte le haut qu'elle porte sur le haut de son ventre pour le laisser à l'air libre puis je pose mes mains dessus en faisant des petits cercles de part et d'autre de son ventre. Luna a toujours ses mains derrière ma nuque mais me regarde faire. Enfin elle essaye de regarder ce que je fais, quand la douleur le lui permet.

-Bébé, concentre toi sur ma voix et sur ton fils qui bouge à l'intérieur, je lui dis doucement. Ne pense plus à ce qu'il se passe autour. On est juste nous trois, dans un endroit paradisiaque, comme si on était en vacances. Je l'entends soupirer mais je continue quand même. Ne pense plus à la douleur. Pense à moi, à lui, à toi, à nous, je lui répète. Respire calmement. Petit à petit je sens sa respiration se calmer, ses larmes cesser, et ses mains jusque-là crispées dans mon cou, se détendre. Calle ta respiration sur la mienne. Inspire, expire.

Je l'entends exécuter ce que je lui dis. Nos repirations se font de la même manière, avec une lenteur extrême et de longues expirations. Mes mains sont toujours entrain de faire des cercles sur le ventre de la mère exceptionnelle de mon fils.

Dans son regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant