Chapitre 1: La démone et l'esprit

339 60 494
                                    

Dans sa chambre, Bélial dormait paisiblement. La matinée était tellement avancée qu'on approchait déjà de l'après-midi, mais elle n'avait pas pour habitude de se lever tôt. Ce fut alors qu'une voix résonna dans sa tête. C'était la voix d'une femme, claire et sérieuse, avec une touche de douceur.

Hé, Bel !

– Mmmmh...

Debout ! Allez !

– Encore cinq minutes, M'man... marmonna mollement Bélial qui se retourna dans son sommeil.

...C'est loin d'être la première fois que tu nous confonds, mais ça me gêne toujours autant...

– Oh, salut Raya... bailla la jeune femme. Je croyais que tu allais arrêter de me réveiller le matin...

J'espérais que tu apprendrais à le faire par toi même, mais tu as brisé tous mes espoirs...

– Roh, ça va... bouda Bélial en se redressant sur son lit et en s'étirant. Tu te tapes l'incruste dans mon crâne depuis maintenant quatre ans, ça te coûte rien de me rendre la pareille avec deux-trois services...

Décidément, j'ai bien de la chance... Des millions de femmes dans le monde, et je tombe sur une idiote qui n'a pas honte de m'exploiter...

– Hé, si je suis aussi insupportable, personne te retient... grommela Bélial avec lassitude.

Ravie de l'entendre ! Si tu peux juste te jeter du haut de la montagne, je pourrais passer à la suivante...

Bélial se contenta de soupirer à la blague douteuse de sa colocataire. Lorsque Raya était entrée dans sa vie, elle avait d'abord cru qu'elle commençait à perdre la raison.
Mais après avoir parlé à l'étrange voix dans sa tête, elle avait fini par croire qu'elle était bien réelle. Raya affirmait être un esprit éthéré, une entité ne possédant pas de corps qui ne pouvait subsister qu'en s'attachant à des personnes de leur vivant. Elle ne pouvait pas influencer leur vie, et restait liée à elle jusqu'à sa mort, passant alors à un nouvel hôte.

– Sympa, vraiment... ronchonna la jeune femme.

Bélial se leva en se frottant les yeux. Sa chambre était taillée à même la roche, n'étant que très faiblement éclairée par une lumière qui filtrait entre l'encadrement de la porte et le rideau fermé qui pendait à l'intérieur.
Il n'y avait guère qu'un lit, une petite commode et une table avec une bassine d'eau croupie dessus. Elle se leva et se dirigea vers cette dernière en se grattant la nuque.

J'espère que tu n'as pas oublié quel jour on est.

Bélial se figea, ses mains juste au dessus de la bassine.

– Disons plutôt que j'espérais que tout le monde allait oublier si j'en parlais pas... répondit Bélial avec une certaine gêne.

Ha ! Mais bien sûr ! Comme si tout ton village allait oublier un événement presque historique ! Il ne faut pas rêver !

– Et zut... soupira Bélial en baissant la tête, dépitée.

Enfin, je dois dire que je trouvais les coutumes humaines étranges...

Bélial se pencha au dessus de la bassine et scruta son visage. Malgré l'obscurité, elle pu reconnaître ses cheveux d'un bleu clair et son teint de peau sombre. Ses yeux d'un vert émeraude brillaient d'un éclat intense, une flamme qui ne semblait pas pouvoir être éteinte.
Elle écarta quelques mèches pour qu'elles encadrent les deux cornes sur son front, regarda derrière elle pour vérifier que sa longue queue noire ne s'était pas nouée dans son sommeil, puis poussa le rideau de sa chambre.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant