Chapitre 60: Opération à cœur ouvert (Partie 2)

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Bunom passait une mauvaise journée. En plus d'avoir été enguirlandé par ses supérieurs pour ne pas avoir su localiser Trévor, dont la sécurité était sa responsabilité, il avait été relégué à la garde de l'entrée des serviteurs de la résidence du comte.
En plus, il venait de perdre deux semaines de paye au cartes...

Bunom jeta un regard noir sur son collègue qui récupéra ses gains en chantonnant.

– Hé, me regarde pas comme ça ! T'es mauvais, t'es mauvais ! Ce n'est pas moi qu'il faut blâmer pour ça !

Réprimant toute une ribambelle d'insultes, Bunom se leva de son siège et laissa les trois autres gardes en poste continuer leur partie. Il fit quelques pas vers le râtelier d'arme, tenté d'en prendre une pour passer ses nerfs sur les soldats qui se moquaient de lui sans essayer d'être discrets.

À l'origine, cette pièce était une simple anti-chambre, où les serviteurs déposaient leurs affaires en prenant leur service, la porte menant à l'extérieur n'étant alors surveillée que par un seul homme. Mais depuis que les pirates avaient investi les lieux, la garde avait été renforcée sur tout les points d'entrée de la résidence. La salle avait donc été réaménagée en salle de garde secondaire qui était en permanence occupée par une petite équipe.
La relève se faisait toutes les quatre heures, et un groupe de pirates passait chaque heure pour s'assurer que tout allai bien. Ou du moins, ils le devaient, mais la discipline déplorable des forbans couplée à la routine qui s'était installée avait rendue leurs visites hasardeuses, ce dont se plaignaient pas les gardes.

Bunom hésitait encore à décapiter ses insupportables collègues quand on frappa à la porte. Il se tourna vers les autres qui lui indiquaient qu'il pouvait se rendre utile, étant donné qu'il était déjà debout. La hache sur le râtelier semblait l'appeler.

Laissant difficilement de côté ses pulsions meurtrières, Bunom s'avança vers la porte et ouvrit le judas. Il reconnut immédiatement la femme qui apparut dans son champs de vision, et enleva la poutre qui bloquait l'ouverture de la porte. Elle entra, un panier à la main, et salua amicalement les gardes en poste.

– Bonne soirée ! La journée n'a pas été trop dure ?

– Elle est bien mieux depuis que tu es là ! s'exclama Bunom en lui claquant les fesses. Ton joli petit paquet est toujours le bienvenue ici !

Les gardes rirent en regardant l'employée de maison rougir. Elle se dirigea vers l'autre porte pour sortir, mais Bonum lui bloqua le passage en s'adossant contre l'issue encore fermée.

– Et bien alors, tu t'en vas déjà ? On peut discuter un peu, non ? Ce n'est pas si grave si tu as un peu de retard...

L'employée recula en titubant, avant de se retourner pour montrer son dos aux gardes qui la fixaient lubriquement. Bunom se dit qu'il allait changer sa déveine du jour, et enlaça sa proie, laissant ses mains se balader sur son corps alors qu'elle gémissait et se débattait.

– Allons, ne joue pas à ça avec moi... Je sais que tu en as envie... Crois moi, tu ne le regretteras pas... Commence déjà par m'embrasser...

Il la força à se retourner, mais n'eut pas l'occasion de tenter quoi que ce soit. Une fumée verte se dégagea du panier de la femme, se propageant vite dans toute la pièce. Pris au dépourvu, les gardes se levèrent, ramassant leurs armes. Le premier affecté par le gaz, Bunom s'effondra sur l'employée qui le repoussa avec dégoût. Elle observa les autres gardes qui perdaient eux aussi connaissance, n'ayant pas eut le temps de hurler pour sonner l'alerte. Un casque roula au sol quand son propriétaire tomba lourdement.
Elle s'amusa de la scène un moment, puis se dirigea vers la porte menant à l'extérieur. Elle ôta la poutre avec difficulté, et ouvrit le passage.

Bélial entra immédiatement, scrutant tout les recoins pour débusquer un potentiel danger. La barbare fut suivie d'Adam, talonné de Farca qui s'extasiait devant les résultats de son mélange. Plus timidement, Sarian et Linda leur emboîtèrent le pas en fixant la fumée avec inquiétude.

– Vous êtes sûre que l'on ne risque rien ? redemanda encore Sarian. Je ne voudrais pas...

Foudroyé par le regard de l'alchimiste qui lui demandait s'il remettait en cause ses talents et les antidotes à ses propres créations, l'aventurier décida de la boucler, avant de faire signe à ses hommes de les suivre. Il demanda ensuite à Linda de retenir Uniali qui donnait des coups de pieds dans le corps étendu de Bunom.

– À chaque fois que ce porc me croise, il en profite pour me tripoter ! Il a même voulu que je me déshabille une fois pour vérifier que je ne cachais rien !

Linda dévisagea son amie un instant, avant de frapper à son tour l'homme inconscient dans les parties.

– Dîtes le tout de suite si on vous dérange ! s'énerva Sarian, les poings sur les hanches. On continuera la mission sans vous !

– Bien que l'activité est tentante, nous avons mieux à faire que de torturer des pervers... rappela Farca. Nous devons encore...

– Qu'est ce que vous avez encore...

Tout les occupants de la pièces se tournèrent immédiatement vers l'autre porte qui s'ouvrait. Un pirate se trouvait dans l'encadrement, ayant cédé à sa curiosité de vérifier pourquoi une étrange fumée sortait de sous la porte. Il vacillait un peu, affecté par le nuage qui était devenu moins épais depuis que de l'air filtrait depuis l'extérieur.
Le forban s'appuya contre la porte pour garder l'équilibre, et un de ses camarades se dessina derrière lui en dégainant son arme. En remarquant qu'il allait crier, la démone donna un coup de pied dans le casque qui gisait devant elle, l'envoyant fracasser le nez de l'intrus et lui briser quelques dents. Le choc fit décoller les pieds du pirate de quelques centimètres au dessus du sol, avant qu'il ne s'écrase contre le mur d'en face, assommé.
Farca avait assisté à la scène, et laissa s'échapper un long sifflement en secouant une main.

– Hé beh ! Pas mal !

Adam s'engouffra à travers la porte nouvellement ouverte et regarda à droite et à gauche. Il aperçu un aventurier dans le couloir qui reculait lentement, une expression horrifiée sur son visage alors qu'il cherchait à sortir son arme. Le gardien tendit son bras vers lui, et sa main vola jusqu'au cou de sa cible, l'attrapant et la tractant à lui.
Hissé sur la poigne d'Adam qui l'étouffait, l'aventurier lutta inutilement pour se libérer, donnant des coups d'épée futiles sur le colosse qui rapprocha sa tête de la sienne.

– Question : Comment Voulez-Vous Mourir ?

La terreur envahit le combattant qui perdit connaissance, lâchant son épée qui tomba au sol dans un bruit métallique qui résonna dans les couloirs. Adam observa un instant sa prise, avant de la lâcher. Il se retourna vers le reste du groupe et déclara avoir neutralisé la potentielle menace.

Ah ça, pour être neutralisée...

L'équipe se remit en route, suivant les directions d'Uniali qui les guida en direction des cellules. Ils firent le moins de bruit possible, neutralisant les obstacles qui se dressaient sur leur chemin avant que l'alerte puisse être donnée. Leur guide tourna dans un couloir, et s'arrêta en se retenant de hurler, découvrant quelque chose d'anormal. Elle fut rejointe par Bélial qui se figea en voyant ce qui avait choqué Uniali.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant