Chapitre 12: Une barbare civilisée?

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Il fallut moins de temps que l'avait prévu l'esprit à Bélial pour atteindre la vile de Rodian.

Les calculs de Raya étaient basés sur la vitesse de course d'un groupe de barbares partant au pillage, mais elle n'avait pas envisagé que la jeune femme freinait son allure dans ces expéditions pour éviter de semer ses camarades.

La barbare savait déjà que Rodian était entourée par un mur haut de plus de six mètres, avec quelques entrées gardées. Une ville aussi bien protégée avait toujours découragé son peuple à lancer un assaut, surtout qu'ils n'arrivaient pas à déterminer quelles forces étaient en réserve à l'intérieur.
Des maisons, elle ne pouvait pour le moment en voir que les toits, couverts de tuiles. Pour une barbare n'ayant connu que des bâtiments taillés à même la pierre ou faites de bois, cette nouveauté l'interpella, lui rappelant qu'elle allait s'aventurer dans un territoire inconnu dont elle ne savait rien.

Bon, nous sommes arrivées plus tôt que prévu, mais ça ne fait rien. Bélial, bienvenue à Rodian ! Avant d'entrer, laisse moi te donner quelques consignes.

– Super... grommela la jeune femme.

Tout d'abord, ne cours pas vers ou dans la ville, ne te met pas à hurler sans raison, et ne te montre pas trop agressive. Je sais que c'est ton premier instinct, mais t'es pas là pour les piller ! Fais n'importe quoi, et tu pourras faire une croix sur tes alliés.

– Je vais faire un effort... marmonna la démone. Ensuite ?

Ici, tout s'achète et se vend. Si tu veux quelque chose, tu ne peux pas juste les cogner jusqu'à ce qu'ils te le donnent. Il faut utiliser de l'argent.

– C'est le machin que tu as insisté que je prenne ?

Bélial montra une large bourse remplie de pièces. Enfin, disons plutôt une besace. Raya savait que les barbares de Sombresang ne s'intéressaient pas à l'argent.
Ils pouvaient tous compter, bien évidemment, car ils avaient un minimum d'organisation, mais même les plus instruits d'entre eux avaient du mal à aller au delà de cinquante.
Leur approche mercantile était cependant assez basique, se basant uniquement sur trois choses : ce dont ils avaient besoin ou envie, qui l'avait, et s'ils pouvaient taper assez fort pour soumettre le fournisseur.

Cependant, quand ils pillaient, ou qu'ils tuaient des aventuriers, ils avaient l'habitude de prendre tout ce qui était facilement transportable, et les bourses en faisaient partie. Au cours des millénaires, un petit trésor s'était donc formé à Sombresang.

Leurs principales victimes étant des paysans ou des aventuriers en début de carrière, le fond monétaire du village était surtout composé de pièces de bronze ou d'argent, mais Raya estimait que le pactole entier pouvait monter à plusieurs milliers de pièces d'or.

Comme Bélial ne pouvait pas tout prendre avec elle, à moins de partir en voyage en tirant le chariot le plus convoité du monde, l'esprit lui avait dit de remplir un sac d'autant de pièces d'argent que possible.
Ensuite, elle dut cacher à divers endroits de sa personne et de ses affaires trois cent pièces d'or, le plus gros de sa fortune. En tout, elle devait se trimballer un pactole valant cinq cents pièces d'or.

Oui, c'est ça. Tout a une certaine valeur, alors ne donne pas tes pièces n'importe comment. Je te préviendrais si on tente de t'arnaquer.

– La vache, c'est compliqué l'argent ! s'exclama la barbare qui avait du mal à imaginer une telle pratique.

Soupirant comme seul un être éthéré pouvait le faire, Raya aborda la règle la plus importante.

Enfin, s'il y a bien une chose à retenir, c'est qu'avec tout ces gardes et ces aventuriers en ville, tu ne dois pas aller chercher des noises. DONC, si on ne t'attaque pas d'abord, PAS de coup de poing, coup de pied, coup de coude, coup de genoux, prise de soumissions, coup de boule,...

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant