Chapitre 66: Fuir ses responsabilités

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Lainabe ne savait plus quoi faire.

Il s'était précipité dans le bureau de Kalar pour en briser le miroir, donnant du crédit à son mensonge. Le spectre espérait que ses actions mèneraient Sieg à ne pas s'attarder sur la pierre de communication s'il mettait la main dessus.

Mais maintenant qu'il avait accompli cela, le pirate paniqua, redoutant la suite des événements. Ayant eu le temps de réfléchir aux conséquences de son échec ici, il se demandait s'il ne ferait pas mieux de s'enfuir plutôt que d'affronter la colère de Saga en lui faisant un rapport.

Mais pouvait-il s'enfuir ? Le mage l'avait ramené à la vie, il était possible qu'il pouvait aussi le traquer, ou pire, l'effacer à distance ! Lainabe se serait rongé les ongles s'ils n'étaient pas faits d'ectoplasme, et tournait en rond.

Il décida de quitter le bureau, au cas où Sieg et la brute qui l'accompagnait le retrouvaient. Il laissa immédiatement tomber l'idée de leur tendre un piège, car il était bien trop affaibli pour faire appel à ses pleins pouvoirs. Le corsaire en avait même perdu la capacité de devenir invisible, l'une de ses techniques les plus coûteuses en énergie. Il lui faudrait plusieurs jours pour se remettre du supplice qu'il venait de subir.

Le fantôme descendit d'un étage, avant de passer à travers des murs au hasard. Il espérait ne pas croiser la route de ses ennemis en procédant ainsi. Et s'il avait de la chance, il pourrait trouver un de ses sbires, ou d'un des intrus, dont il pourrait posséder le corps. Ainsi, il sortirait sans attirer l'attention. Il avait d'ailleurs oublié l'idée de posséder le comte, car tout le monde se seraient immédiatement méfiés de lui en le voyant dans ce corps.

Lainabe ne pensa pas à simplement s'enfuir via le plafond et s'envoler dans le ciel, hors de portée d'une potentielle attaque. Ses habitudes de vivant étaient encore trop ancrées en lui, il continuait de penser comme avant son trépas.

Il s'arrêta en entrant dans une chambre, une faible voix attirant son attention. Le corsaire découvrit Elyren, assis par terre, les yeux vides, et balbutiant des propos sans queue ni tête. Le spectre remarqua ses blessures, se doutant bien de l'identité de celle qui l'avait abandonné dans cet état.

Lainabe hésita, avant de se décider à posséder le corps de l'elfe. S'il pouvait au moins ramener la pierre de chronalys qu'employait son associé, Saga se montrerait peut être plus clément. Le fantôme bougea les membres du borgne, rencontrant des difficultés à se mouvoir à cause des sévices qu'avait subi ce corps. Heureux de ne pas sentir la douleur de ses hôtes, Lainabe fouilla les poches d'Elyren pour voir ce qu'il avait sur lui d'utile.

Les doigts de sa main valide touchèrent un objet rond et lisse qui figea le pirate dans son exploration. Il sortit lentement l'objet et le fixa avec des yeux fous avant de rire comme un dément.

Ce sot d'elfe avait gardé la pierre dans une poche de son pantalon ! Lainabe n'avait eu aucune raison de s'inquiéter ! Sieg ne serait pas en mesure d'espionner Saga, et ce grâce à son intervention ! Le mage n'aurait donc pas...

Tu sembles de bonne humeur, Elyren... Je crois bien que c'est la première fois que je t'entends rire ainsi, mon ami !

Lainabe s'étrangla, sa main tenant la pierre tremblant comme une feuille.

La voix de Saga sortait de la pierre.

Sans le vouloir, le pirate avait activé la pierre, n'ayant besoin que de la tenir et de penser au détenteur d'un objet lié pour lui parler.

Tu ne dis plus rien, Elyren ? susurra le mage de sa voix trompeusement charmante. Tu dois pourtant avoir une bonne raison de me déranger à une heure aussi tardive... Ce doit être le milieu de la nuit maintenant, à Danatal...

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant