Chapitre 43: Surpasser son obscurité (Partie 2)

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Déstabilisée, la jeune femme ne put que fixer le dos du bretteur. Elle ne pouvait pas voir son visage, mais elle pouvait sentir quelque chose en lui. Au delà de la souffrance, elle pouvait voir quelque chose poindre.

– J'en suis sorti, et je ne me suis plus jamais retourné ! clamait son partenaire avec ferveur. Même aujourd'hui, je porte encore les cicatrices de qui m'est arrivé, et je penses que la douleur ne disparaîtra jamais, mais j'ai décidé qu'elle ne dicterai plus jamais ma vie ! Pas plus que ce que l'on puisse dire ou penser de moi !

Il desserra ses poings, et sembla dégonfler un peu.

– Ce n'est pas facile... reconnut Sieg. Il y a des jours où je viens à m'en demander si ça en vaut vraiment la peine... Si je pourrais un jour prouver au monde que je ne suis pas juste un poids mort... Mais il est hors de question de laisser tomber ! Pas maintenant !

Il se tourna vers Bélial qui se surprit à sursauter en le voyant poser un regard étincelant sur elle, sans comprendre pourquoi.

– Quand on subit une pression énorme, si intense que l'on sent qu'il n'y a aucun espoir, trois choses peuvent arriver, exposa l'écarlate. La première est de simplement laisser tomber, et de se rendre insensible à ce qui arrive. Que ce soit la joie ou la peine, on finit par ne plus rien sentir. La seconde est d'embrasser l'obscurité qui grandit en soit, et de s'en servir pour avancer, peu importe ce que l'on devient en cours de route. Cette voie peut sembler tentante, et elle est assez facile à prendre, mais quand on finit par ouvrir les yeux, on ne trouve souvent rien d'autre que ruines et misères. Quand à la dernière, c'est la plus dure de toute... Peu la tentent, et ils sont encore plus rares à réussir à s'y tenir. Mais crois moi, faire face la tête haute sans se perdre soit même vaut les efforts immenses que cela demande.

Sieg s'approcha de Bélial qui n'aurait pas pu le quitter des yeux si elle le désirait. Il posa sa main sur sa tête et la frotta avec affection.

– Même si on doit le faire dans les pires des conditions, et que l'on pense n'avoir qu'une issue ouverte devant nous, nous pouvons toujours faire un choix, conclut l'épéiste. Et même si nos décisions sont presque toujours influencées par notre entourage, au final, nous sommes les seuls à prendre une décision, et donc les seuls que l'on peut blâmer pour ses conséquences. Je ne te dis pas que tu n'as pas le droit de t'en vouloir pour les actions de Tyrian si tu te sens responsable, mais n'oublies jamais que c'est lui qui a choisi sa voie, tout comme tu as choisi la tienne. Quoi que vous choisissiez de faire, tout les deux, vous êtes les seuls maîtres de vos destins.

La démone ne sut pas quoi répondre. C'était comme si l'humain devant elle venait de lire au plus profond de son âme et avait trouvé les mots dont elle avait besoin pour trouver la force de surmonter ses tourments. Mais cela ne la réconforta pas, loin de là.

– Je ne mérite vraiment pas d'être ta partenaire... souffla-t-elle en détournant le regard.

Sieg la fixa sans dire un mot. Il ne s'était pas du tout attendu à cette réaction. Il se doutait que ses mots seuls ne suffiraient pas forcément à l'aider, mais il avait l'horrible impression qu'il venait d'aggraver la situation.

– Mais... Mais qu'est ce que tu racontes ? balbutia-t-il en essayant de comprendre où il aurait pu fauter. Pourquoi est-ce que tu dis ça ?

Bélial fixa la pointe de ses pieds, avant tout pour ne pas croiser le regard de Sieg.

– Y a... encore un truc... que tu sais pas... Un truc... Si tu le savais... Tu ne voudrais plus... bafouilla la barbare qui sentait ses larmes remonter à ses yeux.

– Bienvenue au club...

Sieg s'assit de nouveau à côté d'elle en laissant s'échapper le plus pesant soupir que la démone avait jamais entendu. Il ôta son chapeau qu'il posa sur ses genoux et se gratta la tête.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant