Chapitre 63:Croire (Partie 1)

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Pendant que Bélial parcourait les couloirs du manoir, Lainabe recevait des rapports déstabilisants. Il se passa les nerfs sur les individus qui transmettaient les messages magiques. Le spectre savait que ça ne changerait pas la situation dans laquelle il se trouvait, mais ça l'aidait à se calmer.

– Comment ? demanda le fantôme à un messager qu'il plaqua contre le plafond du bureau de Kalar. Comment ont ils pu découvrir où nous gardions tous les enfants, et organiser une attaque simultanée de partout ? Le fait que nous avions investi le fort Ivos devait rester secret !

– Je... je l'ignore, capitaine... articula lentement le sous fifre qui peinait à respirer. Les messages ne nous disent pas...

Enragé, Lainabe jeta au sol son souffre-douleur et se rapprocha du fauteuil du comte. Son corps était affalé dessus, encore inconscient. Le fantôme gardait un œil sur cette enveloppe charnelle quand il ne la possédait pas, car il en avait besoin pour garder pleinement le contrôle sur Port-Écume. Ou du moins, c'était ce qu'il avait cru, jusqu'à ce qu'il apprenne qu'une partie de la population venait de se rebeller.

Le pirate frappa le bureau, et réprima un cri de rage quand son poing passa au travers. Lainabe avait tendance à perdre la maîtrise de son intangibilité quand il était remonté. Il se tourna vers un mage qui se prélassait dans un fauteuil, jouant avec son bâton avec un sourire mesquin. Il était dans la trentaine, assez bien bâti pour un utilisateur de magie, de longs cheveux sombres qui allaient de paire avec sa barbe qui descendait jusqu'à son ventre. Il portait une robe de mage noire constellée de symboles dorés, un vêtement de haute qualité que seuls les plus fortunés pouvaient s'offrir.

– Je vous avais bien dis que le calme ne durerai pas, Lainabe... Les hommes sont bien sots par nature, il viendra toujours un moment où leurs instincts belliqueux les pousseront à délaisser leur raison...

Furieux, le spectre croisa les bras et fustigea du regard son insolent interlocuteur qui ne se laissa pas impressionner.

– Et si vous alliez mériter l'argent que je vous verse au lieu de juste me casser les pieds, Ropian ? Car, pour le moment, je n'ai pas encore vu vos fameuses compétences qui vous ont valu votre rang sept...

Le mage fronça les sourcils, clairement vexé par la remarque de son employeur. Il soupira et se leva en vérifiant les plis dans sa robe.

– Ah, vous voulez une démonstrations de mes pouvoirs ? s'indigna Ropian avec humeur. Croyez moi, vous ne serez pas déçu ! Par contre, je ne perds pas mon temps avec des petits sorts de novices, alors ne vous plaignez pas si j'anéantis une partie du bâtiment !

– Assurez vous juste de ne pas tuer trop de mioches, on en a besoin pour tenir en laisse ces crétins... Commencez déjà par maîtriser la situation ici, ensuite vous serez en charge de ce site jusqu'à mon retour. Je pars pour faire un peu de ménage au port, histoire que nous ne perdions pas tout nos otages !

Ropian haussa les épaules et se mit à marcher vers la porte alors que le corsaire rangeait des documents importants avant de se mettre en route.

– Et pour le fort Ivos ? interrogea le mage. Que faisons nous ?

– Rien ! cracha Lainabe en serrant un poing spectral. Le fort est trop loin pour que nous puissions intervenir dans les temps ! Soit nos troupes là bas réussissent à repousser leurs ennemis, soit nous abandonnerons ce poste !

– C'est pour ça que j'avais dis que c'était une mauvaise idée de s'installer aussi...

À peine eut-il ouvert la porte du bureau, Ropian sentit une main se poser sur son cou. Le mage n'eut que le temps de tourner le regard pour voir qui avait un comportement aussi étrange, avant que l'intrus ne fasse glisser ses doigts couverts de vent sur sa gorge, déchiquetant la chaire avec facilité.
Ropian tenta de stopper le geyser de sang avec ses mains en titubant en arrière. Il lutta pour utiliser sa magie pour se soigner, mais ses pensées s'effilochaient comme un pull dont un fil aurait été pris dans l'essieu d'un chariot de guerre roulant à toute vitesse. Incapable de se concentrer, Ropian essaya de hurler, mais aucun son ne put sortir de sa bouche, s'échappant à la place des gouffres béants dans sa gorge. Il tomba à genoux sous le regard interloqué de Lainabe qui ne comprenait pas se qui se passait. Le mage dressa une main vers le fantôme en baragouinant comme il pouvait, n'ayant plus la force de lui demander de l'aide, et s'effondra sur le tapis ruiné par son sang.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant