Chapitre 2: Sombresang, la fière

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Bélial sortit de chez elle et fut éblouie par le soleil.

Elle se couvrit les yeux et scruta les environs alors qu'un vent puissant caressait sa peau. Le village de Sombresang était caché dans les montagnes. Tous les bâtiments avaient été creusés dans le flanc rocheux par les ancêtres des démons dans le but de se cacher de ceux qui pourraient les traquer. Le centre du village était dominé par une vaste place sur laquelle les habitants allaient et venaient pour vaquer à leurs occupations.
Depuis cet endroit, le son des guerriers s'entraînant, des artisans au travail et des enfants jouant résonnait du lever du soleil à son coucher.

La sortie du village était protégée par une grande porte en bois entourée de deux tours taillées dans des pics de pierre, en permanence gardées par des guerriers armés de lances et d'arcs. De cette entrée commençait un long chemin sinueux à travers les rochers qui permettait aux guerriers de rejoindre les plaines et les patelins qui étaient souvent victimes de leurs pillages.

Un observateur attentif aurait remarqué que, malgré le côté primitif de leur village et de leurs vêtements, les armes des démons étaient de très bonne facture, faites principalement de métal de qualité. La forge à l'orée du village fournissait un travail efficace, et une de leurs réserves servait à entreposer les armes et armures des divers aventuriers qu'ils avaient tués au fil des années.

Bélial fit quelques pas vers le sommet de la place et fixa l'horizon, admirant le vaste paysage qui s'étendait devant elle. Des rivières s'étiraient de la montagne et serpentaient à travers les plaines, abreuvant de nombreuses villes et villages ainsi que des champs. Certains anciens racontaient qu'une seconde montagne se trouvait de l'autre côté de la plaine, mais on ne pouvait même pas discerner son sommet à cette distance.

La démone avait toujours voulu vérifier par elle-même si cette autre montagne existait, et voir plus de ce monde que le peu qu'elle avait connu. Elle n'avait pas encore visité tous les endroits qu'elle pouvait apercevoir d'ici, mais elle espérait que cela changerait un jour. Le fait qu'elle s'imaginait en train de piller ces nouveaux lieux n'était qu'un détail.

Un cri de douleur poussa Bélial à se retourner. Un groupe d'enfants entourait un des leurs qui était à genoux en se tenant la main. Se doutant de ce qui venait d'arriver, elle se dirigea vers eux. Le groupe lui ouvrit le passage et elle se planta devant le jeune blessé en soupirant, les poings sur les hanches.

– Je vais pas te donner de leçon parce que je l'ai souvent fait à ton âge, mais tu devrais laisser tomber maintenant... conseilla Bélial en se moquant doucement.

– Je t'ai pas sonnée, l'idiote ! grogna le jeune blessé.

Irritée, mais sans se départir de son sourire simplet, elle se pencha, serra une des oreilles de l'enfant, et, devant ses amis médusés, le souleva de telle façon que ses jambes battaient l'air. La victime tenta de se libérer, en vain.

– Tu peux répéter, j'ai pas bien entendu... grinça la jeune femme avec un sourire sadique.

– Aïe aïe aïe ! brailla le gamin paniqué. Ok, c'est bon, je retire ce que j'ai dit, repose-moi maintenant !

La démone le reposa lentement au sol, puis examina sa main meurtrie. Elle constata que la blessure n'était pas sérieuse, et s'adressa au groupe entier.

– J'suis pas votre mère, alors je vais pas vous dire quoi faire ou non, mais si vous voulez un conseil...

Bélial désigna ce qui se trouvait derrière les enfants.
Une large porte en pierre blanche, différente de toutes les roches présentes dans la montagne, couverte de symboles que personne ne parvenait à comprendre, les dominait rien que par son existence. Un regard suffisait à comprendre qu'elle était là depuis plus longtemps que le village, et elle donnait l'impression qu'elle serait encore là longtemps après la mort du dernier démon.
De nombreuses personnes avaient tenté de forcer son ouverture, mais peu importe la force ou la puissance démoniaque utilisé, elle n'avait jamais pu être forcée.
Elle était parfaitement intacte, si bien qu'on aurait pu croire qu'elle venait d'être taillée, comme si même le temps était incapable de lui causer le moindre tort. Depuis toujours, les jeunes du village se lançaient des défis pour voir si l'un d'eux réussirait là où les autres avaient échoué, sans succès.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant