Chapitre 38: Ne jamais négocier sans atouts

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Le tableau était peu reluisant.
Sieg se retrouvait encerclé par les hommes de Maurice, certains ricanant grassement. Ils savaient ce qui attendait l'écarlate, et s'en délectaient d'avance. Maurice se pencha avec ses poings sur la table. Il dévisagea Sieg qui vit que son sourire était teinté d'une colère refoulée.

– On avait entendu des rumeurs que t'étais de retour en ville hier... susurra Zanita dans l'oreille de Sieg. Et même que t'avais tellement morflé que tu pouvais même pas marcher ! Vu que tu n'arrivais pas à te débarrasser des autres nazes tout seul,  je penses que t'es pas en état de te faire le malin !

– Crois moi, j'aurais préféré ne pas en arriver là... soupira Maurice. Mais tu ne m'as pas laissé le choix ! Si quelqu'un d'autre avait perdu une livraison à plus de dix milles pièces d'or avant de s'enfuir, j'aurais fait monter sa tête dans mon bar en bas ! Je ne peux pas te faire ça à toi, mais...

Une des brutes pris le bras gauche de Sieg et le força à mettre sa main sur la table. Maurice sortit un long couteau dentelé de son fourreau et le scruta avec tristesse.

– Comme je le dis tout le temps, tout est une question de réputation ! développa Maurice en se curant un ongle avec la pointe de l'arme. Tu crois que les autres gangs vont me prendre au sérieux si je ne demande pas de réparation après une bourde pareille ? Si je n'ai pas mon argent, je dois au moins montrer un exemple !

Avec un soupir, Maurice posa son couteau au dessus des doigts de Sieg.

– Allez, je te fais quand même une fleur ! Après tout, t'es droitier, non ? Par contre, je devrais garder les doigts ! affirma Maurice avec intransigeance. Tu comprends, ça sert à rien si tu peux juste trouver un guérisseur pour les rattacher ! Et n'oublie pas une chose...

Maurice regarda Sieg droit dans les yeux avec une certaine tendresse qui ne trompa pas l'écarlate.

– ... ça te fera beaucoup plus mal qu'à moi...

Sieg avait écouté Maurice avec beaucoup d'attention. Il avait beaucoup de respect pour l'homme devant lui, même s'il trouvait qu'il laissait parfois les choses trop traîner en longueur. Maintenant que son discours était terminé, Sieg put enfin soupirer et lui répondre dans le plus grand calme qui ne collait pas à sa situation.

– Tu l'as déjà dis, nous nous connaissons depuis cinq ans, rappela l'écarlate. J'aime penser que nous avons tout deux beaucoup appris l'un de l'autre. C'est pour ça que c'est moi qui suis vraiment déçu, ici...

Maurice leva un sourcil interrogatif alors que le bretteur continuait son discours.

– Pensais-tu vraiment...

D'un mouvement sec de son poignet droit, l'épéiste lança un objet en hauteur. Un homme de main l'attrapa au vol et l'observa. Il le tendit à un des ses collègues qui sortit une loupe de gemmologue de sa poche et l'étudia de plus près.

– ... que je n'avais pas calculé mon coup ?

Maurice ne quitta pas Sieg du regard, mais attendait le résultat de l'analyse avant d'aller plus loin. Celui qui tenait l'objet s'approcha de Verno pour avoir son avis. Le comptable marmonna dans sa barbe et observa l'objet. Il écarquilla les yeux et siffla.

– Hé bin mon coco ! s'extasia le comptable. Tu t'es surpassé ! Un œuf de Zanadoo ! Le lot entier vaut facilement soixante mille pièces d'or, mais un seul peut se revendre au mieux sept mille cinq cent...

Maurice haussa les épaules.

– Bon, si même Verno est épaté... abdiqua Maurice. Deux doigts seulement ! Non, allez, un seul, je suis de bonne humeur ! Et j'épargne ton pouce !

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant