Déicide - Volume 1 - Défier le destin

Chapitre 67: Aveux (Partie 1)

Des heures durant, les plaintes de familles déchirées retentirent sous le ciel nocturne de Port-Écume. Bon nombre de parents purent enfin êtres réunis avec leurs enfants, mais leur craintes ne s'envolèrent pas pour autant en découvrant dans quel état ils revenaient.

Tout les médecins, apothicaires et mages guérisseurs furent tirés de leurs lits par des parents hystériques, prêts à payer les meilleurs soins possibles à prix d'or. Un chaos sans nom se propagea dans les rues, alimenté par les conflits qui émergèrent entre des familles qui voulaient soigner leurs victimes en priorité, et les menaces proférées aux soignants pour qu'ils travaillent le plus vite possible.

Des émeutes éclatèrent sur certaines places, peu contrôlées par les gardes dont une part des effectifs faisait partie des émeutiers.
Sarian et ses alliés tentèrent d'apporter de l'ordre, demandant le soutien de la guilde qui n'était plus menacée par Lainabe et ses pirates. Mais l'ampleur de la tâche les dépassait complètement, n'ayant pas imaginé la catastrophe sociale qui les avait attendu après la libération des enfants.

La place devant l'entrée du manoir du comte ne fut pas plus calme que le reste de la ville, loin de là... Les parents qui n'avaient pas récupéré leurs enfants se pressèrent aux portes de la résidence, réclamant des explications.
On leur expliqua qu'il existait deux autres endroits où les enfants étaient gardés, dont un hors de la ville, ce qui maintenait le faible espoir de certains adultes terrifiés. Mais seuls peu d'entre eux prirent la direction du port.

Les plus paranoïaques des parents continuaient de se presser contre la porte du manoir, réclamant qu'on les laisse entrer pour qu'ils puissent fouiller eux même les lieux pour s'assurer qu'aucune pièce avait été oubliée. Les hommes de Sarian les en empêchèrent, redoutant deux choses.

La première était les jeunes cadavres qui jonchaient encore le sol du sous-sol, ainsi que la sinistre pile d'ossements qu'ils avaient trouvé dans une cuisine improvisée, près des cellules.

La seconde était Kalar. Même si on avait révélé au publique que le comte était possédé, et que ses actions dans cette affaire n'étaient pas réellement de son fait, rares étaient ceux qui y croyaient. Furieux de cette situation, les résidents de Port-Écume réclamaient la tête du noble, demandant justice pour ses crimes. L'intéressé, affaibli par l'expérience, ne reprenait toujours pas connaissance, et était ni en état de s'expliquer, ni capable de se défendre en cas de besoin.

Pris de frustration, certains citoyens partirent en chasse des pirates en ville, organisant des lynchages publiques plus ou moins sanglants selon les participants. Quelques aventuriers furent eux aussi traqués, mais offrirent plus de résistance que les forbans. L'arrivée de gardes pour calmer les déboires ne calma en rien la situation, étant eux aussi pris pour cible par les habitants qui n'oubliaient que bien des coupables portaient leurs armures.
Les pavés des rues furent maculés de rouge, des massacres brutaux explosant partout.

Si beaucoup avaient cru que cette nuit serait pleine de réjouissances, la vérité fut bien plus tragique que ce qu'aurait put redouter quiconque.

Dans ce chaos ambiant, Bélial et son groupe dut lutter contre une marrée de gens hystériques et violents pour trouver un endroit calme afin de discuter. Trois d'entre eux étaient fatigués, et Farca voulait ausculter Sieg dès que possible, s'inquiétant pour sa santé après son incarcération, mais ils ne laissèrent pas le tumulte les freiner.

Plusieurs émeutiers tentèrent de les agresser, les prenant à tort pour des aventuriers ayant participé aux horreurs commises par Lainabe. Ces derniers se retrouvaient souvent avec le nez dans le caniveau, ou propulsés à travers des fenêtre, après avoir reçu les explications brutales mais fermes de la barbare et du gardien qui ouvraient la marche. L'écarlate se disait qu'ils auraient pu recourir à une approche qui les faisait moins passer pour des vauriens, mais les laissa faire par simplicité.