Chapitre 68: Les affres du passé (Partie 2)

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– Tu ne te rends donc pas compte de qui je suis ? lui hurla-t-il. J'étais l'un des Neuf Sauveurs ! J'ai le sang de centaines... Non, de milliers de démons sur les mains ! De tes ancêtres ! Sur le champ de bataille mes ennemis me surnommaient Raiziak ! Le nom d'un monstre sanguinaire dans les contes pour enfants du monde des ténèbres qui dévorait tout les innocents ! J'étais peut-être le plus faible des Sauveurs, je comblais mes lacunes par mon ardeur au combat, et je ne faisais preuve d'aucune pitié ! J'ai aidé mon frère, celui qui a massacré ton clan, à sceller les portes qui liaient le monde de lumière à celui des ténèbres ! C'est en partie de ma faute que tes aïeux se sont retrouvés bloqués ici ! Que les tiens se sont retrouvés sur le chemin de Saga ! Je suis responsable de bien de tes malheurs ! Je suis la dernière personne qui mérite tes larmes !

Avec une expression indescriptible sur son visage, Bélial se leva à son tour et dévisagea Sieg. Ce dernier croisa son regard, ne sachant pas si elle allait simplement l'insulter ou le frapper. Il s'attendait à subir le courroux de la démone, sa rage qu'il était persuadé de mériter. Farca et Adam les observèrent sans oser intervenir, ne sachant pas comment les choses allaient évoluer.

Sieg ne la vit pas bouger. S'il l'avait fait, il l'en aurait empêché. Bélial enlaça l'écarlate, le serrant dans ses bras et contre sa poitrine. Surpris, le bretteur se débattit, cherchant à s'échapper.

– Lâche moi ! ordonna-t-il.

– Nan... répondit la brute.

– Je ne veux pas de ta pitié ! cria Sieg. Je ne la mérite pas ! Je ne suis qu'un...

– C'est pas à toi de le décider...

Sieg tenta de nouveau à se dégager, en vain face à la force de la barbare qui refusait de le laisser s'échapper. Il l'injuria de tout les noms possibles, la sommant de le laisser.

– Mais bordel, tu vas me lâcher, à la fin, grosse conne ? l'insulta Sieg. Tu as rencontré Elyren, non ? Il a du te dire ce que je lui ai fait ! Ce que j'ai fait à tant de personnes ! Il n'est pas le seul ! Que ce soit pendant la guerre du Crépuscule ou à cette époque, je n'ai jamais hésité à sacrifier mes compagnons pour obtenir la victoire ! Même toi, un jour, je vais...

– Mais c'était pas ce que tu voulais faire, pas vrai ?

La question de Bélial pétrifia son partenaire. Il ne savait pas comment réagir face à cette déclaration si inattendue.

– Tu t'es persuadé que tu étais mauvais... Que t'étais pas capable d'avancer sans sacrifier ceux qui marchaient à tes côtés... Que t'étais comme ton frère... Mais si c'était le cas...

La démone relâcha son emprise sur l'écarlate qui put reculer un peu. Il se dégagea autant que possible, levant le regard vers celui plein de tendresse de la barbare qui lui souriait doucement.

– T'aurais pas envie de chialer, non ?

Sieg ne sut pas quoi répondre. En cet instant, il savait qu'il lui serait possible d'échapper à Bélial, il aurait juste besoin de faire appel à un peu de sa magie. Mais il ne tenta rien.

L'écarlate ne pouvait qu'admirer la sincérité qui émanait de la jeune femme. Elle était éblouissante, chassant aisément les ténèbres de ses doutes. Il sentit ses forces le quitter alors que sa volonté de se tirer de cette situation s'estompait.

– T'as passé des années et des années à souffrir... lui souffla Bélial. Et même après ça, t'as continué à te punir... Parce que tu pensais que tu pouvais pas être pardonné... Mais c'est pas à toi de décider ça...

– Ne le dis pas... la suppléa Sieg. Tout mais pas ça... Je ne peux pas l'entendre...

Le sourire de la démone se fit plus doux. Fermant les yeux, elle posa son front contre celui du bretteur.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant