Chapitre 73: Singes de mer (Partie 1)

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Tôt le matin, Sieg et Adam retrouvèrent les femmes du groupe installées dans le restaurant de l'auberge, ayant déjà commandé à manger pour tout les organiques. Farca avait encore les traits tirés, prouvant qu'elle s'était endormie dans une position inconfortable, mais restait vive.

Ils déjeunèrent en silence, chacun finissant de se réveiller après qu'ils furent tirés du lit par le vacarme venant de dehors. Alors que le tumulte de la veille s'était calmé durant la nuit, se résumant à un murmure lointain pour le groupe, la cacophonie d'une ville en proie à la panique avait résonné dès l'aube, privant tout le monde de sommeil.

Bélial et les autres purent glaner quelques informations des personnes qui allaient et venaient dans l'auberge, devisant avec les employés qui désiraient savoir comment la situation évoluait.

La plupart des échanges relataient de l'état inquiétant des enfants, bien que certains semblaient sur la bonne voie pour guérir. Cependant, dans ce flot d'informations, un détail arracha une grimace au quatuor qui écoutait les discussions d'une oreille distraite.

– Le port a été quoi ? s'écria le tenancier.

– Rasé ! Il ne reste plus aucun navire en état de naviguer ! répéta une femme. Quelques navires pirates ont réussi à s'échapper, mais quand les enfants ont été mis aux abris, la foule a décidé de mettre le feu aux plus de bateaux possibles ! C'était le chaos, plus personne réfléchissait clairement ! Ils ont tout ravagé, ils ne reste plus rien !

– Quelle bande d'inconscients... râla l'aubergiste. Notre ville dépend de la mer... À quoi bon échapper aux griffes des pirates, si c'est pour nous condamner en ruinant notre gagne-pain ? Nous aurions du récupérer leurs navires pour relancer notre économie !

– C'est le genre de pensées qu'il est aisé d'avoir à froid... Mais cette nuit, tout le monde réclamait vengeance, alors la colère à dicté les actes de certains...

La conversation fut interrompue par un fracas. Une cliente bien bâtie venait d'abattre son poing sur une table, créant une onde de choc qui fit voler des verres et des assiettes. Les autres occupants de la tablée l'excusèrent, affirmant qu'ils paieraient pour les éventuels dégâts.

– Il reste combien de temps ? grogna Bélial en serrant les dents.

Sieg se gratta la nuque, sachant que sa réponse allait déchaîner quelque chose d'incontrôlable.

– Un peu plus de deux mois... Et comme nous devons encore traverser la mer et l'intégralité de Taouy pour arriver à Qalb Alsahra... Si nous partions aujourd'hui, nous aurions encore deux bonnes semaines devant nous à consacrer à nos recherches, mais...

– Et quand est-ce que le prochain bateau pourra partir, tu crois ?

L'écarlate ravala sa salive, se lançant dans des estimations auxquelles il n'était pas habitué.

– Après ce qui vient de se passer... J'imagine que nous serions chanceux si nous pouvions embarquer dans une semaine...

La brute repoussa les quelques assiettes qui étaient encore devant elle et se pencha en arrière dans sa chaise en croisant les bras. Tout le monde dans la salle pouvait sentir combien la barbare était remontée. La moindre étincelle pourrait la mener à exploser.

– Et vu notre bol, je sens qu'on va encore avoir de nouveaux problèmes qui vont nous retarder... ragea la démone.

Personne osa la rassurer, sentant que la tentative aurait l'effet inverse. Adam leva un index, indiquant qu'il allait dire quelque chose, mais Farca l'en dissuada en lui faisant baisser la main. L'ambiance resta morose dans l'auberge, jusqu'à ce que les sons venant de la rue se mettent à changer. On entendait moins de cris, et plus de bruis de pas résonants dans la ville. Une personne essoufflée entra dans l'auberge, toussant en tentant de reprendre son souffle.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant