Chapitre 18: Une bonne entente (Partie 1)

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Le paysage était idyllique.

Au milieu d'une plaine d'herbe chatoyante sous un ciel clément, plusieurs arbres poussaient autour du cours d'un ruisseau. Les restes d'un feu de camps prouvaient que l'endroit servait fréquemment de lieu de repos pour les voyageurs fatigués. Les sons de la brise faisant danser les feuilles des arbres et du clapotement de l'eau s'entremêlaient et apaisaient l'esprit, parachevant ce tableau tranquille. De petits poissons nageaient paisiblement dans le ruisseau qui s'élargissait en s'éloignant des montagnes et serpentait vers une rivière loin à l'est. Un cheval broutait de l'herbe et une jeune femme somnolait.

La scène aurait été parfaite, si un homme n'était pas affairé à nettoyer un vêtement sale et malodorant.

– Laisse tomber... maugréa Bélial. On s'en fout si la tache part pas...

Frustré, Sieg se redressa et fusilla la démone du regard. Planté au milieu du ruisseau, il avait enlevé ses bottes et ses chaussettes et retroussé ses manches et son pantalon. L'eau lui arrivait presque aux genoux, tenant sa veste remplie de vomi dans une main et du savon dans l'autre.

– Tu n'as pas la moindre idée de la valeur de cette veste ! rouspéta l'écarlate. Il n'y en a pas d'autres au monde !

Heureusement...

– Et puis, là où on va, on ne peut pas vraiment se permettre d'attirer l'attention... grommela l'épéiste. Si nous ne sommes pas un minimum présentables, tu pourras dire adieux à ton voyage à Taouy ! Déjà que tu empestes comme une bête sauvage...

Les yeux froncés, la démone renifla sa manche, ne sentant rien d'étrange, bien que son odeur corporelle pouvait faire fuir les chiens à des lieux à la ronde. Se désintéressant du sujet, elle s'assit en tailleur, et observa Sieg qui avait repris son ouvrage, maugréant à voix basse.

– Dis, finit-elle par demander, et si tu me disais où on va ? Et pourquoi on a besoin d'un porc ?

Ne s'arrêtant pas dans sa tache, il leva son regard vers la barbare qui le fixait avec insistance et soupira.

– On a besoin d'un port pour prendre la mer, mais ce n'est pas là que nous allons maintenant...

– Hein ? grogna la démone avec incompréhension. Mais pourquoi ?

– Comme je l'ai déjà dis, il n'y a qu'une partie du trafic maritime habituel qui va à Taouy, et ils ne laissent pas les voyageurs débarquer, éclaircit l'écarlate. On va avoir besoin du soutien d'un équipage fiable. Le problème, c'est que je suis recherché à Griganar, qu'ils ne vont pas faire confiance à un démon ici, et que je ne connais pas les marins qui mouillent dans les environs. C'est pourquoi on va se rendre à Danatal, un pays qui nous sera bien moins hostile.

Bélial se concentrait, un peu perdue dans ce flot d'informations, mais elle comprenait qu'ils allaient faire un détour, et ça ne lui plaisait pas. Elle s'en plaint, mais Sieg la rassura.

– Tu as bien dis qu'on avait trois mois, non ? À moins que l'on rencontre un gros obstacle, nous arriverons à destination dans au pire deux mois. Ça nous laissera le temps de chercher Saga quand nous serons à Qalb Alsahra.

– Mouais... bougonna Bélial en croisant les bras. Bon, pas le choix... Et comment on va à Danatal ?

Sieg se redressa un moment, se massant le bas du dos en grimaçant, mettant en pose son exposé. Quand il se ressentit d'attaque, il reprit sa lessive et ses explications.

– Comme Danatal se trouve de l'autre côté de la mer, nous devrons emprunter l'autel des voyages de Cressia pour nous rendre à Syndras. J'ai de toute façon quelque chose à faire là bas, alors ça m'arrange. Depuis la capitale, nous n'aurons à faire qu'une semaine de voyage vers l'ouest pour rejoindre Port-Écume. J'ai confiance aux capitaines qui y vivent, et je sais que certains d'entre eux pourront nous amener à Taouy.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant