Chapitre 14: Au pas de course... ou pas... (Partie 1)

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Les heures passèrent et la ville s'assoupit. Les seules personnes qui étaient encore dans les rues étaient les gardes qui faisaient leurs rondes et les fêtards qui finissaient leur soirée dans la joie et l'ivresse.

Mais ils n'étaient pas les seuls encore réveillés.

Cachée dans les ombres des toits voisins, une figure portant une longue cape sombre, capuche rabattue sur son visage, étudiait les fenêtres de la taverne. Elle avait repéré où était sa cible, et elle guettait le moment propice pour passer à l'action.
Dix minutes après l'extinction de la dernière lumière, elle se mit en mouvement. Vérifiant qu'aucune patrouille approchait, l'encapuchonné se laissa glisser des toits sans un son et fonça vers un des murs de la taverne.

Il sortit deux dagues et en planta une dans le mortier de mauvaise qualité entre les briques. Escaladant la surface rapidement, il arriva vite à une des fenêtres du premier étage, où il jeta un bref coup d'œil à l'intérieur. Il vit que l'occupant de la chambre était endormie, son sac posé sur sa table de chevet.

Avec un geste expert, l'intrus glissa une dague entre les deux vitres, soulevant avec une lenteur monumentale le loquet. Une fois déverrouillée, il ouvrit la fenêtre d'un doigt, puis laissa doucement retomber le loquet.

Il se hissa alors dans la pièce avec grâce et agilité, et tendit une main vers le sac. Il se figea quand il entendit un tintement métallique devant lui.

La couverture fut repoussée soudainement et Irma se redressa sur son lit, arme en main. Le voleur recula pour éviter son attaque. La bretteuse ne portait qu'une chemise de nuit qui s'arrêtait juste au dessus de ses genoux, mais son regard dissuadait son adversaire de la prendre à la légère. Il savait qu'il ne fallait jamais sous estimer une femme qui dormait avec une arme dans son lit.

– On ne t'a jamais appris que c'était malpoli d'entrer dans la chambre d'une femme en pleine nuit ? lâcha Irma avec un sourire mauvais.

Elle appela alors à l'aide en lançant une autre attaque. L'intrus se jeta à travers la fenêtre, tomba d'un étage, roula en touchant le sol, et se mit à courir dans la rue avant de disparaître dans une allée.

Irma se posta à la fenêtre, impressionnée. Il n'avait fallu à son agresseur qu'un instant pour lui échapper, et il ne semblait pas s'être blessé malgré sa chute. Elle voyait bien qu'elle n'avait pas affaire à un amateur et décida de ne pas le pourchasser.
Ses trois compagnons entrèrent alors dans sa chambre, peu vêtus, mais prêts au combat.

– Vous avez fait vite, les gars ! se moqua la bretteuse. Un peu comme si vous étiez tous derrière la porte pour m'espionner...

– Bordel, me dis pas que tu nous as tirés du lit pour nous faire une blague ! râla Rasir. Déjà que le patron nous fait la gueule à cause du démon...

– Un voleur était dans ma chambre, expliqua son chef en levant une main. Il a cru que je dormais, mais je lui ai réservé une bonne surprise. Par contre, je ne pense pas qu'il était là pour mes sous-vêtements... La façon qu'il a évité mes attaques et qu'il s'est échappé...

Irma se plaça près de la fenêtre, scrutant les environs pour y dénicher des ombres suspectes. Elle n'y décela rien d'anormal et interpella ses hommes.

– Rasir, va jeter un œil sur Bélial. Si elle dort encore, ça ne servira à rien de lui raconter ce qui vient de se passer. Tristan, vérifie que le personnel n'a pas été alerté, sinon dis leur de ne pas ébruiter la situation, même si tu dois ouvrir ta bourse. Quand à toi, Erandel...

***

Bélial entra dans la salle à manger de la taverne le lendemain matin en s'étirant. Son apparition avait jeté un froid dans la pièce et de nombreux clients hésitaient entre fuir et se préparer au combat contre le démon.
La situation se détendit quand Irma fit signe à la barbare de rejoindre sa table.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant