Chapitre 51: Port-Écume, l'azurée (Partie 1)

30 12 21
                                    

L'écarlate prit une grande inspiration en s'étirant, ayant enfin quitté la voiture qui venait de s'arrêter. Il se posa un instant pour observer l'entrée de Port-Écume d'un air critique.
Il avait toujours aimé la vie qui débordait de cette ville, du va et vient quasi permanent des marchands et voyageurs qui animaient cet important port. Il fut pour cette raison marqué par la faible circulation autour de lui.

Même si des chariots et voitures de tout genre déambulaient bien dans les environs, ce n'était rien comparé à ce qu'avait connu Sieg par le passé. Alors qu'il aurait normalement été impossible à progresser dans ce quartier sans avoir à se frayer un passage dans une foule épaisse, il était désormais aisé d'avancer sans rencontrer d'obstacles.

L'épéiste commençait regretter le boucan habituel qui dominait l'ancien Port-Écume, remplacé par un calme presque inquiétant. Les seuls bruits qui lui parvenaient étaient les sons des quelques sabots frappant les pavés, les essieux qui grinçaient faiblement, et les discrets murmures des habitants à l'air maussade.

Diro se tint aux côtés de Sieg, lui aussi inquiet. Il ne connaissait pas la ville aussi bien que le bretteur, mais il l'avait déjà visité par le passé. Le calme étrange qui régnait ici l'inquiétait, et le soldat le trouvait même effrayant, sans comprendre pourquoi.

– J'lai connu plus accueillant, ce patelin ! déclara Hébo en crachant par terre. J'vous l'dis, y a un truc pas net qui se passe...

– Nous nous en doutions avant, soupira Sieg, mais maintenant que nous pouvons le voir en personne...

– Nous devrions faire profile bas... murmura Diro. Il n'y a que peu de voyageurs en ville, alors tout comportement suspect de notre part...

– Je sais.

L'écarlate se tourna vers Hébo qui scrutait d'un œil suspicieux un groupe de femmes qui les observaient de loin en parlant à voix basse. Il lui tendit une main que le cocher serra vigoureusement.

– Encore merci pour votre aide, Hébo ! Bon courage pour le retour !

– Pas de problème, Maître Sieg ! Demain, je me dépêcherai de rentrer sur Patelo ! Je vais veiller personnellement à ce que vos potes arrivent à bon port sans problème, foi d'Hébo !

Le cocher fit un clin d'œil à Sieg qui roula les siens vers le ciel, habitué aux étranges traits d'humours du cinquantenaire. Il appréciait cependant qu'il avait décidé de se charger des deux voyages au lieu d'un seul, comme initialement prévu. Le vétéran saurait sortir ses compagnons d'un potentiel danger sur la route le cas échéant, même s'il se doutait qu'une certaine barbare préférait le combat à la fuite.

L'écarlate et le soldat saluèrent Hébo alors qu'il remontait à son poste pour conduire sa voiture à l'écurie la plus proche.
Ils arpentèrent ensuite l'une des rues principales de la ville, en destination du port. Diro avait proposé qu'ils se rendent à une auberge pour y déposer leurs affaires, mais Sieg avait alors insisté pour rendre visite à une vieille connaissance, affirmant qu'elle pourrait les aider dans leur enquête. Il mentionna aussi qu'il était le capitaine d'un navire marchand, et qu'il aurait besoin de ses services une fois cette affaire réglée. Convaincu, l'agent du royaume avait laissé l'écarlate ouvrir la voie.

Ils restèrent tout les deux sur leurs gardes, scrutant les recoins de chaque rue qu'ils traversaient. Ils pouvaient sentir une certaine tension dominer chaque expression sur les visages des habitants qui avaient la mine basse. Le silence devenait de plus en plus oppressant, mais quelque chose dans cette absence inquiétait particulièrement Sieg, bien qu'il était incapable de mettre le doigt dessus. Ce mystère le dévorait de l'intérieur, car il avait le pressentiment que ce détail qui lui échappait était d'une importance capitale dans cette affaire.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant