Chapitre 35: Visite mouvementée (Partie 2)

50 15 71
                                    

Repus, le groupe quitta l'auberge en annonçant qu'ils seraient de retour en début de soirée. Ils furent salués par une partie du personnel qui s'était attaché à Bélial la veille. Ils quittèrent l'Éveil, et retournèrent dans la Foi, où étaient localisés la plupart des lieux qu'ils voulaient voir.

Sieg et Farca s'amusèrent de voir les réactions de la barbare dans le musée des arts. Elle ne comprenait pas l'intérêt de payer pour voir des dessins moches et des sculptures cheloues.
Ils furent vite sommés par le curateur du musée de partir, car la brute sans goût, le colosse qui sur-analysait tout, et les deux qui se gaussaient dérangeaient les autres visiteurs. Sieg était surtout heureux que personne n'avait remarqué que l'un des bras d'une des statues avait été arraché par la barbare, et que les sept œufs de Zanadoo n'étaient plus qu'au nombre de quatre après le passage de l'alchimiste.

Ils visitèrent quelques temples dédiés à divers dieux, mais ne s'y attardèrent pas. Ils redoutaient en effet que, s'ils restaient trop longtemps au même endroit, quelqu'un finirait par se rendre compte qu'un d'entre eux était à l'antithèse du divin, ce qui pouvait être fâcheux pour tout le monde.

Tout d'un coup, ils virent trois enfants galoper dans leur direction, les bras chargés de nourriture. Ils tournèrent dans une petite ruelle, s'invectivant de courir plus vite. Quelques secondes plus tard, un homme accompagné de deux gardes les approchèrent, leur demandant s'ils n'avaient pas vu de jeunes voleurs passer. Sieg leur indiqua la direction opposée.

– Ce que tu es tendre... ricana Farca en regardant le commerçant s'éloigner.

– Je ne peux pas m'en empêcher, expliqua l'écarlate. J'étais comme eux, à une époque. Quand on ne possède rien, chaque miette de pain peut faire la différence entre la vie et la mort.

– C'était pas un reproche, tu sais ! annota la sang-mêlée. C'est pas comme si j'étais bien placée pour les juger !

– Ouais ! Si t'as besoin d'un truc, tu le prends ! philosopha la barbare. C'est plus facile qu'avec de l'argent !

– Seulement dans un monde anarchique... critiqua Sieg avec lassitude.

Bélial se gratta la tête et demanda si ça avait un rapport avec les araignées. Par facilité, on lui affirma que c'était le cas.

Vers midi, ils déjeunèrent dans la taverne du Moine Replet. Contre toute attente, le repas se déroula sans vraiment de problème. Personne ne s'intéressa à eux, car un client grossier et irascible accaparait toute l'attention. L'équipe aurait préféré d'éviter la nuisance sonore, mais ils savaient que cette diversion était à leur avantage, aussi ils s'en accommodèrent, la cuisine étant délicieuse.
Farca décida quand même de voler la bourse de la nuisance publique en se rendant aux toilettes, pour réparation. Ses compagnons n'émirent pas objections, et quittèrent l'auberge quand vint le temps de l'addition pour lui.
Le spectacle aurait été divertissant, mais risquerait d'attirer la garde, une mauvaise idée.

Sieg les entraîna dans la rue de la Pénitence d'Ajora, où les bâtiments étaient connus pour leur aspect atypique, influencée par le style méronien de l'architecte. Ils firent une pause à la fontaine des Prières Muettes pour faire le point, puis parcoururent les derniers mètres qui les séparaient du lieu qu'ils voulaient le plus voir.

                                                                  ***

Bien que simple dans sa conception, l'édifice était immense, au moins deux fois plus grand que les autres lieux de culte qu'ils avaient visité. L'atmosphère qui émanait de l'église des Neuf Sauveurs prouvait que ce culte était spécial, plus encore que les autres, tourné vers des héros plutôt que des déités.
Une fois à l'intérieur, ils découvrirent une salle immense, agrémentée de huit alcôves, quatre de chaque côté. Dans chacune d'elles trônaient des effigies de différents héros, devant lesquelles priaient des fidèles. Au fond de la salle, en face du groupe, se dressait un immense autel surplombé d'une statue représentant une femme en armure à l'allure noble, son épée dressée vers le ciel.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant