Déicide - Volume 1 - Défier le destin

Chapitre 39: Traumatismes

Au Pégase d'Émeraude, le reste du groupe patientait, chacun à sa façon. Adam avait repris sa lecture. Farca travaillait sur ses mixtures. Quand à Bélial...

Gisèle sortit de l'arrière boutique, agacée, et héla Bélial qui faisait les cent-pas devant la réception.

– Dîtes, vous pourriez arrêter ça ? la fustigea la tenancière. Ou au moins le continuer dans votre chambre ?

– J'peux pas, Farca m'a foutue dehors parce que je la déconcentrais... bouda la barbare. Je suis allée voir Adam parce que je pensais qu'il s'en foutrait, mais...

Je dois dire que t'es une emmerdeuse de légende, vu que même la patience incarnée n'a pas pu te supporter...

– Oui, mais là, ce sont les autres clients que vous dérangez ! expliqua Gisèle avant de se tourner vers une de ses employés. Il ne reste vraiment plus rien à lui donner à faire pour l'occuper, celle là ?

– On lui a bien demandé de ranger la réserve, mais après quatre assiettes cassées en trois minutes... Et toutes nos chambres sont refaites, donc à part le service en salle...

Gisèle grimaça en imaginant une barbare prendre des commandes dans son établissement. Elle savait qu'elle en ferait des cauchemars pendant une semaine. L'aubergiste soupira et demanda à Bélial de la suivre dans l'arrière boutique. Elles s'installèrent et Gisèle lui proposa de baisser sa capuche. Elle put voir que la démone avait une mine inquiète, et se doutait de sa raison.

– Laissez moi deviner, vous vous inquiétez pour Sieg... devina aisément Gisèle.

Bélial détourna le regard, songeuse.

– Si vous vous en faites autant pour lui, vous auriez du l'accompagner, développa Gisèle. Il n'en donne pas l'impression, mais il cède assez vite quand un de ses proches insiste...

– Je voulais le suivre... bafouilla Bélial en agitant ses doigts. Mais, j'ai du mal... Enfin, depuis hier... J'ai appris un truc... J'sais plus comment...

Voyant qu'elle ne trouvait pas ses mots, Gisèle posa sa main sur les siennes pour la calmer...

– Allons, doucement, lui conseilla l'aubergiste. Respirez un grand coup, ça vous aidera à vous recentrer.

Bélial ferma les yeux et suivit son conseil. Elle était toujours troublée, mais elle savait maintenant qu'elle avait besoin d'en savoir plus .

Houla, Bel, stop ! Je sais ce que tu vas demander, mais ce n'est pas...

Bélial secoua la tête. Elle ne savait plus si elle pouvait faire confiance à Raya, aussi elle ne pouvait pas lui poser la question qui lui brûlait les lèvres, même si elle avait toutes les réponses. Il ne lui restait donc plus que...

– Je peux te poser une question ?

Gisèle fronça les sourcils. Elle n'aimait pas qu'on s'adresse à elle de façon aussi familière, mais elle savait aussi que la barbare ne savait pas parler différemment. Elle l'invita donc à l'interroger.

– Est-ce que Sieg... t'as déjà parlé de sa... de la femme qu'il... celle qui... bredouilla la jeune femme qui ne savait pas comment formuler la chose.

Gisèle se pinça les lèvres. Elle voyait clairement de qui la jeune femme voulait parler, bien qu'elle se méprenait grandement sur la raison de sa question. L'aubergiste pianota sur la table un moment, pensive.

– Oui, il m'a parlé d'Alice...

Bélial redressa tête, surprise. Une part d'elle ne s'attendait pas à en apprendre plus, pas même son nom. Raya demeura silencieuse, sachant qu'elle ne pouvait plus rien faire pour l'empêcher d'en apprendre plus.