Déicide - Volume 1 - Défier le destin

Chapitre 94: Un choix de taille

Essoufflée, Farca se posa dans l'entrée d'un couloir menant au jardin et regarda ses compagnons la rejoindre. Avec toute la grâce dont était capable son peuple, Bélial jeta au sol le prince Aram qu'elle avait porté sur son épaule en ignorant ses gesticulations et plaintes. Koron fut reposé plus doucement par Adam qui prit soin de ne pas faire de mal au prince. Sieg fixa le Déchu qui s'était détourné d'eux et commençait à dévaster le palais sans se soucier des victimes qu'il faisait au passage.

-Bordel... jura-t-il. Ça ne devait pas se passer comme ça...

-Ah bon ? cracha Farca qui calmait avec peine sa respiration. Je pensais que c'était prévu, de libérer une horreur ancestrale en plein milieu de la capitale ! Parce que bon, vu notre passif...

-Ce n'est pas le moment, Farca ! s'énerva Sieg. Pour le moment, nous devons trouver le moyen de nous échapper !

-Attend, quoi ? s'étonna la démone. Tu veux te barrer sans...

L'écarlate se tourna soudainement vers la barbare, lui coupant son élan. Elle pouvait voir une colère à peine refoulée irradier de ses yeux.

-Sans quoi exactement ? Ne me dis pas que tu veux te mesurer à cette aberration ? Même si Saga lui a dérobé ses pouvoirs, cette créature peut nous écraser en un instant ! Et je te rappelle que nous sommes venus ici pour arrêter mon frère, pas chasser des dieux ! Il s'est enfui, alors la seule chose qu'il nous reste à faire est d'en faire autant et reprendre nos recherches du début !

-Pas vraiment...

Deux paires d'yeux surpris se posèrent sur l'alchimiste qui sortit sa boussole de sa poche par sa chaîne et l'agita devant ses compagnons avec un large sourire.

-Quand Ahmés a attrapé Saga plus tôt, je lui ai demandé de le toucher avec en la cachant dans son sable... Je vous laisse deviner ce que pointe maintenant l'aiguille noire...

Sieg cligna des yeux avec incrédulité avant de se baisser et embrasser le front de la sang-mêlée.

-Tu sais que je t'aimes, toi ? s'extasia Sieg. Avec ça, fini de chasser à l'aveugle ! Et avec le savoir qu'à Ahmés sur les portes restantes, nous pourrons le localiser encore plus facilement !

-Oui, mais... Tu ne veux quand même pas... partir comme ça ?

Le bretteur fronça les sourcils et regarda le musicien qui le dévisageait avec appréhension.

-On ne peut pas laisser ce monstre tout dévaster ! Il va faire des milliers de morts et...

-Ah, parce que tu as un plan pour tuer un dieu, peut-être ? Nous ne sommes pas assez puissants pour l'égratigner ! Même si les deux armées s'alliaient et se jetaient sur lui, il les balayerait d'un revers de la main! Crois moi, je me déteste de dire ça, mais nous n'avons pas le choix, nous devons partir ! Saga est encore en liberté, et nous sommes les seuls à avoir la moindre idée de ce qu'il manigance ! Si nous ne faisons rien, ce sont les pleins pouvoirs de sept déités de cette puissance qu'il va manier ! Tu imagines ce qui arriverait ? Ce n'est pas que le sort de Taouy qui est en jeu, mais celui du monde entier !

Ahmès recula, tiraillé entre son désir d'aider son peuple et la dure réalité de la situation. Il avait beau retourner le problème dans tout les sens, il ne voyait pas comment accomplir l'impossible. Pourtant, il ne parvenait pas à se convaincre d'abandonner ainsi des milliers d'innocents entre les griffes de Narcission.

-Vous ne pouvez pas partir comme ça ! s'écria Koron en se levant péniblement. Vous avez libéré cette horreur, vous devez...

Sieg attrapa le prince par le col et le tira à lui pour le foudroyer du regard.