Chapitre 55: Détente à la taverne (Partie 2)

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– C'est vrai qu'ils ne doivent pas avoir l'habitude de voir de nouvelles têtes, ici... grommela la sang-mêlée. Mais bon, ce serait suspect si on repartait aussi vite qu'on est arrivés... Faisons semblant de profiter de la soirée, nous aussi, et ils devraient commencer à nous oublier... Je vous rappelle que nous sommes là pour obtenir des informations, alors agissons normalement...

– OK ! Hé, patron !

Farca fixa Bélial, médusée, alors que la jeune femme se levait et interpellait le propriétaire des lieux d'une voix si forte qu'elle étouffa tout les autres sons, attirant les regards de tout le monde.

– Quatre bières, et que ça saute !

Elle voulait dire naturellement pour des personnes bien équilibrées, pas une alcoolique des montagnes !

Farca se pinça l'arrête du nez, épuisée.

– Je te rappelle quand même qu'Adam ne boit pas...

– Hein ? Bah ouais, je le sais, ça ! répondit la démone en dévisageant Farca avec incompréhension. Et vous deux, vous buvez quoi ?

D'accord, elle n'avait pas compris que tu ne commandais que pour toi... Et moi qui pensais qu'elle apprenait à te connaître...

Résistant à l'envie de baffer une montagne de muscles qui faisait trois fois sa taille, l'alchimiste décida de commander une bière pour elle même. Anoro, lui, décida de rester à l'eau.

Bélial se rassit, et sentit une main se poser sur son épaule. Elle se tourna pour se retrouver nez à nez avec un pirate qui avait plus forcé sur la boisson que ses compagnons de beuverie. Il chancelait, une bouteille dans sa main libre, et louchait, comme s'il avait du mal à regarder la jeune femme.

– Mais z'est que z'ai enten'u une 'oix de gonzesse, moi ! hoqueta l'alcoolique. Tu zais que z'aime les minettes qu'ont une 'orte carrure ? Viens 'onc boire a'ec nous, ma zolie ! On va bien z'amuser, ze te le pro'et !

Farca se boucha le nez, ayant l'impression de devenir ivre rien qu'en respirant l'haleine de l'importun personnage. Adam se levait de sa chaise, prêt à jeter l'ivrogne à travers une fenêtre, retenu par Anoro qui ne voulait pas qu'ils fassent de vagues.

La démone fixa son interlocuteur un bon moment. Elle ne comprenait pas le sous-entendu pourtant évident de ces propos, et ce malgré les interjections de ses camarades qui ajoutaient des détails graphiques impossibles à publier. La barbare pencha sa tête sur le côté, et adressa un sourire radieux au pirate.

– C'est cool de proposer ça, mais je préfère rester avec mes potes ce soir ! Un autre fois, peut être !

L'ivrogne fronça les sourcils et serra sa prise sur Bélial.

– Ze crois que t'as pas bien en'endu ce que z'ai dis... Tu vas...

Seul Adam vit ce qui s'était passé, et uniquement parce qu'il fixait la brute pour savoir ce qu'elle allait faire.
La jeune femme avait posé sa main sur la nuque du pirate qui s'était penché vers elle, et, d'un mouvement sec, avait fracassé sa tête sur la table qui se brisa sous le choc.

Farca se recula sur sa chaise, repliant ses jambes contre elle pour s'éloigner autant que possible de la déflagration. Adam se déplaçait déjà pour se placer entre son équipe et les autres clients qui clignaient des yeux, ne réalisant pas encore que la guerre était déclarée. Anoro resta immobile un moment, se demandant si les barbares connaissaient le sens du mot discrétion.

Bélial se leva en soupirant et se tourna vers le bar.

– Ho ! Elles viennent, mes bières ?

Oui, n'oublions pas le plus important ici...

Un archer réalisa ce qui venait de se passer avant les autres, et banda son arc en visant la barbare. Une main métallique lui brisa la mâchoire, et Adam rétracta son poing pour se remettre en garde !

– Analyse Terminée: C'Est L'Heure De Bôter Des Culs !

– Hein ? lâcha Farca en se tournant vers le gardien avec incompréhension.

– Explication: Pour Comprendre Les Sentiments, J'Ai Décidé De Comprendre Aussi Les Expressions Qu'Utilisent Les Gens Quand Ils Sont Excités ! Par Conséquent, Je Veux Utiliser Des Termes Qui ne Sont Pas Optimaux, Mais Qui...

– Plus tard, le blabla ! interrompit Bélial. Ils se réveillent, en face !

Comme pour lui donner raison, les pirates et aventuriers se ruèrent sur l'équipe qui se prépara à recevoir l'assaut désordonné.
Les agresseurs n'étaient pas en pleine possession de leurs moyens, ce qui rendait leurs mouvements lents et prévisibles, quand ils ne manquaient pas entièrement leurs cibles, ayant visé la mauvaise vision trouble.

Mais la médiocre performance de ses adversaires n'entama pas la joie de la démone qui attendait depuis longtemps une bonne occasion de se défouler. Elle balaya sans mal ceux qui se dressaient face à elle en riant comme une maniaque.

Adam neutralisait un à un les vauriens, s'appliquant à causer le moins de blessures possible tout en s'assurant que ses victimes ne reviennent pas à la charge.

Anoro dégaina aussi son épée, repoussant les attaques malhabiles des pirates et aventuriers.

Farca, quant à elle, s'était contenté de soupirer en observant la scène. Elle remarqua que le tavernier avait pris la poudre d'escampette, et se faufila entre les combattants pour passer derrière le bar. Elle localisa vite la caisse qui disparut dans son sac, et se servit une bière avant de s'asseoir sous le comptoir en attendant que les choses se tassent.
La sang-mêlée leva les yeux quand elle entendit un bruit sourd au-dessus de sa tête qui se répétait, comme si on martelait quelque chose sur le comptoir. Elle ne se fit aucune illusion quand à l'origine du tumulte, et remplit une autre pinte. Elle risqua un regard hors de son abri et vit Bélial qui jetait dans la foule un voleur en sang. Sans un mot, la naine tendit la boisson à la démone qui l'accepta avec joie et en avala une partie d'une traite. Un guerrier profita de l'ouverture pour se jeter sur elle, mais elle le repoussa d'un puissant coup de pied en pleine poitrine qui l'envoya voler vers le voleur qui se relevait à peine.

La situation se calma quand la plupart des forbans se retrouvèrent au tapis, certains n'ayant pas choisi la façon qu'ils avaient quitté la taverne, parfois violemment.

Le quatuor examina le résultat de la rixe avec un mélange de satisfaction et d'exaspération.

– Ouais ! Ça, c'est de la bonne baston !

– Mais quelle bourrin... s'exaspéra l'alchimiste qui profita de l'inconscience de certains pour financer ses prochaines recherches.

– Nous devrions partir, préconisa Anoro en rengainant son arme. Je vous rappelle que nous étions supposé...

– Mais qu'est ce qui se passe ici ?

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant