Chapitre 56: Éviter les ennuis (Partie 1)

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Bélial et ses amis se tournèrent vers leur mystérieux interlocuteur, et se figèrent. Ils avaient cru reconnaître la voix, mais voir leurs doutes se confirmer leur avait coupé le souffle.

Flanqué de quatre gardes, un homme à l'allure noble passa dans l'ouverture de la porte de la taverne qui avait été détruite dans la cohue, enjambant les débris et les corps agonisants sans y prêter attention. Il sortit un mouchoir de sa poche pour le poser devant sa bouche, défigurée par son dégoût.

– Diantre, que je déteste les endroits populaires comme celui ci... Aucune classe, aucun raffinement... Et cette odeur... Atroce... J'étais en route pour un établissement plus digne de moi, mais quand j'ai entendu le raffut ici, le héros que je suis ne pouvait pas simplement détourner le regard...

Son auditoire demeura silencieuse, choquée, alors que le beau parleur s'approcha d'eux en dégainant son épée. Tous les regards convergèrent sur la lame, et une rage incommensurable se mit à germer dans l'un d'eux.

– Je peux croire que ce soit eux qui aient amorcé les hostilités, mais dans tout les cas, vous devrez me suivre... Je suis sûr que le comte va vouloir Aaargh !

N'ayant pas remarqué Bélial qui s'était approchée de lui, le noble paniqua quand elle se saisit de son bras, comprima l'os qui se brisa comme des brindilles, et ramassait l'épée qui tombait au sol.
Les gardes se précipitèrent vers l'homme qu'ils devaient protéger, mais se heurtèrent contre un mur d'énergie qui les sonna.
La démone examina l'épée de son partenaire, avant de poser un regard incendiaire sur Trévor qui reconnut enfin la barbare sous sa capuche.

– Qu'est ce que t'as fait à Sieg, connard ? Réponds !

Elle tourna son poignet, arrachant un nouveau cri de douleur à la larve sous son emprise qui essayait de se libérer en lui donnant des coups de pieds aussi efficaces que des jets de pierre de la part d'un nourrisson.

– Mais... Mais lâchez moi, espèce de brute ! Vous me faites mal !

Il entendit le son de pas lourds à côté de lui, et observa Adam qui repoussait les gardes d'un puissant coup porté avec une table qu'il avait ramassé. Le gardien porta ensuite son attention sur lui.

– Question: Vous Souvenez-Vous De La Menace Que Je Vous Ai Faites La Dernière Fois Que Nous Avons Conversé ?

Comme pour imager cette question, Adam prit l'autre de bras de Trévor en fixant Bélial souriait à pleines dents.

– À trois, OK ?

On risque d'être là longtemps, dans ce cas...

– Entendu ! Un ! Deux !

– Arrêtez ! Arrêtez ! Je vais tout vous dire ! Votre ami est dans les geôles de la résidence du comte ! Mais l'endroit croule sous la sécurité ! Vous ne pourrez pas y faire deux pas sans...

Trévor se tût, sentant que quelqu'un tirait sur ses vêtements. Il se tourna, et baissa le regard pour fixer Farca qui se raclait la gorge, et lui adressait un sourire faussement innocent.

– Et j'imagine que vous n'avez rien à voir avec le fait qu'il s'est retrouvé emprisonné, n'est ce pas ?

L'hésitation du jeune noble fut la preuve dont avait besoin la démone pour déterminer sa culpabilité. Dans un excès de colère, elle abattit l'épée de son partenaire sur le bras droit de Trévor, le sectionnant net. Il hurla comme un porc que l'on égorgeait, fut relâché par Adam qui recula, et se roula en boule au sol en sanglotant.
La barbare se tourna vers les gardes qui étaient encore au sol, et qui avaient assisté à la scène avec horreur. Bélial leva ses bras, exhibant un trophée dans chaque main, concentra son pouvoir obscure dans son corps, et leur hurla dessus. La terreur qu'ils ressentirent sous l'impact sonore leur fit perdre connaissance et ils s'écroulèrent.

Farca, troublée par ce qu'elle venait de ressentir, regarda les conséquences de ce cri, et leva un regard impressionné vers la démone.

– Mais c'est pratique, ça, dis moi ! Pourquoi tu ne t'en sers pas plus souvent ?

– Parce que je peux pas choisir qui ça touche et ça pourrit les combats ! répondit la brute. Mais là, on doit se bouger, et on pouvait pas les laisser prévenir les autres nazes qu'on est ici !

– Et lui ?

Anoro désignait Trévor qui rampait au sol, dans l'espoir de s'échapper, mais se figea quand il comprit que l'on s'intéressait de nouveau à lui. Il supplia du regard la barbare qui s'avançait férocement vers lui.

– Pitié, j'ai de l'argent... Beaucoup d'argent ! Votre prix sera le mien ! Non ! Ne me touchez pas !

Après avoir lâché le membre sectionné du noble, Bélial attrapa l'estropié par le col, le souleva, et le hissa sur son épaule. Elle se tourna vers le reste du groupe en haussant un sourcil.

– Lui ? Il sait peut être un truc utile ou deux, non ?

L'alchimiste et le soldat échangèrent un regard et bougèrent à l'unisson. La sang-mêlée sortit quelques fioles de son sac et les mélangea, précisant que la mixture embrumerait l'esprit des soldats, leur faisant oublier les minutes précédent leur inconscience. Anoro ramassa le bras avec dégoût, emportant les traces du sort qu'avait connu Trévor, et l'enveloppa avec sa cape de voyage.
Adam et Bélial se postèrent à l'entrée et surveillèrent la rue, les sommant de se presser avant que des curieux ne viennent poser des questions gênantes. Quand le groupe quitta enfin la taverne, ils entendirent des cris sur leur gauche. De nouveaux gardes arrivaient, guidés par le tavernier qui les pointait du doigt.

Ah oui, tiens... J'avais oublié que vous aviez saccagé son fonds de commerce...

– Courrez ! hurla Farca en détalant dans la direction opposée.

La barbare hésita, encore motivée de se battre, mais décida de donner la priorité au sauvetage de Sieg. Elle se mit à courir, suivie d'Adam qui fermait la marche, se moquant que son corps de métal puisse se prendre des carreaux ou des flèches.

L'équipe courut au hasard, personne connaissant assez la ville pour formuler un plan viable. Leur course ne fut heureusement pas freinée, les rues demeurant désespérément vides. Cela impliquait cependant qu'ils n'avaient pas la possibilité de se fondre dans la foule, et qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de semer leurs poursuivants pour leur échapper.

Ils tournèrent à un carrefour, et firent quelques pas avant de comprendre qu'ils avaient pris la mauvaise voie. Une autre patrouille de cinq hommes, composée en partie de deux pirates et d'un mage, apparut devant eux. La patrouille les regarda avec étonnement, ne réagissant pas à leur approche.
Mais Farca savait que ce n'était qu'une question de temps avant que les hommes à leurs troussent apparaissent, et donnent l'alerte. Elle sortit deux bombes de son sac et les lança devant elle en hurlant que ça aller chauffer.

Pris par surprise, la patrouille se dispersa, se jetant au sol en voyant les projectiles leur arriver dessus. Contre toute attente, les bombes ne créèrent qu'un épais nuage de fumée rouge qui se propagea dans toute la rue, obstruant la vue de tout le monde. L'alchimiste hurla des consignes en griganien, s'assurant que seuls ses compagnons de route pouvaient comprendre ce qu'elle disait. Ses camarades hochèrent la tête et s'engouffrèrent à sa suite dans le nuage.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant