Chapitre 56: Éviter les ennuis (Partie 2)

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La patrouille au sol se releva alors que les premiers poursuivants les rejoignaient.

– Où sont-ils passé ? demanda-t-on.

– Aucune idée... Ils sont entrés dans le nuage, et après...

– Alors on les suit ! Magnez vous !

Les patrouilles pénétrèrent le nuage à leur tour en courant, et la traversèrent le plus vite possible. Ils émergèrent de l'autre côté, mais ne retrouvaient plus la trace de leurs cibles. Quelqu'un signala qu'il y avait l'entrée d'une ruelle juste après le nuage et que les fuyards avaient dut s'y réfugier. L'ordre de charger fut donné et ils s'aventurèrent dans la ruelle.

Quelques secondes plus tard, le nuage se dissipa. Plaqués contre les murs de part et d'autre de la rue, Bélial et les autres s'assurèrent que leurs poursuivants n'allaient pas revenir sur leurs pas avant de se remettre en route.

– Bon, c'est fini, les conneries... râla la naine. On va se trouver un coin tranquille où cuisiner l'autre abruti, et faire profil bas pour le moment ! Je vous rappelle qu'on est supposé collecter des infos, pas saccager la ville !

Bélial rouspéta, et jeta un coup d'œil à sa charge. Elle fronça les sourcils, et tapota le front de Trévor de son index. Le noble grommela faiblement, mais ne semblait pas bien portant.

– On ferait mieux de se magner, alors... J'sais pas combien de temps il va tenir avant de claquer, celui là !

– On fait ce qu'on peut ! répondit la sang-mêlée avec humeur. Mais je ne pense pas que des masses d'auberges vous nous...

– Psst...

Le quatuor s'immobilisa. Ils cherchèrent du regard la source de ce son, mais n'aperçurent rien qui sortait de l'ordinaire.

– En bas...

Ils baissèrent les yeux et virent une plaque au sol qui glissa sur le côté. Une ouverture fut révélée, d'où une ombre bougea pour leur donner la place de passer.

– Suivez nous, vite !

– Heu, on veut bien, mais...

Trois paires d'yeux se posèrent sur le gardien qui était deux fois trop large pour passer. Les ombres bougèrent de nouveau dans le trou et des jurons se firent entendre.

– Mais qu'il enlève son armure, bordel ! C'est pas compliqué !

– Mouais... lâcha Farca avec une moue peu convaincue. C'est pas vraiment une option...

– Mais merde, qui m'a foutu des...

Une jeune femme vêtue d'une combinaison sombre sortit du trou avec agilité et prit Adam par la main avant de le tirer derrière elle.

– Il existe un autre passage assez grand pour votre boulet... Je l'y emmène, on se retrouve plus tard...

... Vous êtes sûrs que c'est une bonne idée de laisser des inconnus vous séparer ? De ce qu'on sait, c'est un piège...

Bélial fronça les sourcils et jeta un regard noir à la femme qui traînait le gardien qui n'offrait aucune résistance.

– Hé ! S'il lui arrive un truc, je bute tes potes, c'est clair ?

Un cri de stupeur résonna dans le trou. La jeune femme dévisagea la barbare en levant un sourcil, ne mettant pas en doute sa capacité à agir sur cette menace.

– On se voit dans vingt minutes, alors...

Adam interrogea ses équipiers du regard. Ils lui firent comprendre qu'ils sauraient se débrouiller sans lui pendant un moment, et qu'il pouvait les laisser. Le gardien hocha la tête et s'en alla.
Bélial sauta dans le trou la première, et étudia rapidement son nouvel environnement. Grâce à son excellente vision, elle put identifier trois personnes, toutes armées. Elle examina les deux hommes et la femme qui la regardaient avec appréhension, réalisant qu'elle était bien plus grande qu'ils l'avaient cru.

– Hé, un coup de main ! T'as ma permission pour ça !

La démone leva les yeux pour voir Farca qui lui faisait signe. La barbare leva les bras vers la sang-mêlée et la réceptionna quand elle se laissa tomber vers elle. Quand elle fut reposée par terre, la naine fit quelque pas dans la galerie en retirant sa capuche. Elle était dans un égout qui servait à l'évacuation des eaux usagées. Elle avait entendu dire que certaines villes humaines les utilisaient depuis quelques décennies, mais la perspective de les explorer ne l'avaient jamais particulièrement enchantée...

Elle regarda où elle mettait les pieds, décidée à rester sur le sentier qui longeait les murs, et de ne pas tomber dans le caniveau de deux mètres de long.

Anoro rejoignit le reste de la bande en s'assurant de replacer correctement la plaque sur le trou. Un des inconnus leur demanda de les suivre, et ils explorèrent les galeries sombres et malodorantes qui se dessinaient sous les rues de Port-Écume.

Après un quart d'heure de marche, ils atteignirent une large salle où avait été installé un campement de fortune composé de tentes de toiles et de tables en bois sur lesquelles des plans et des armes étaient disposés. Une vingtaine de personnes travaillaient sur des taches diverses, mais ils s'arrêtèrent en remarquant les nouveaux venus. Bélial et les autres furent encerclés par des visages curieux, à peine éclairés par les quelques torches allumées, et les rares rayons solaires qui se faufilaient à travers des ouvertures dans le plafond. Farca se sentit mal à l'aise en étant scrutée de la sorte, et réclama pourquoi on les avait fait venir dans un endroit aussi insalubre. Après quelques secondes de flottement, la foule s'écarta pour laisser passer un quarantenaire bourru aux cheveux noirs et aux yeux bruns portant une armure métallique. Il dévisagea tour à tour la démone, la naine et le soldat, avant de demander à leur escorte ce qu'ils faisaient ici.

– Ils étaient pourchassés par une patrouille. Ils ont réussi à leur échapper avec un nuage de fumée et de l'ingéniosité, alors nous nous sommes dis qu'ils pourraient nous être utiles.

– Pas si on décide de partir parce que vous avez choisi de nous ignorer ! s'indigna la sang-mêlée. Et ne perdez pas votre temps à nous dire que nous n'avons pas notre mot à dire, parce que si les plans de fuite sont ma spécialité, le défonçage de tronche en masse est la sienne...

L'alchimiste appuya son propos en désignant la barbare qui salua l'assemblée avec un large sourire.

– Alors, si vous ne voulez pas chier vos dents pendant la prochaine semaine, continua Farca, vous allez me faire le plaisir de nous dire qui vous êtes, avant qu'on se barre !

Bélial fronça les sourcils, et s'adressa à la naine dans une langue qui agressa les oreilles des indiscrets. Farca soupira en levant les yeux au ciel.

Après que nous ayons récupéré la boite de conserve, il va de soit...

... Est-ce que vous êtes sérieusement en train de menacer les seules personnes de toute la ville qui pourraient être nos alliés ? Je m'y attendais de ta part, mais pas de celle de la demi-portion...

Le chef des inconnus fronça de nouveau les sourcils et un de ses hommes lui murmura quelque chose à l'oreille.

– Alors c'est là qu'est partie Linda ? Très bien... En attendant qu'ils arrivent, nous vous expliquerons qui nous sommes...

Farca leva une main en ricanant, interrompant le quarantenaire.

– Non, laissez moi deviner... Vous êtes la résistance, c'est ça ?

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant