Chapitre 44: Un cadeau fonctionnel

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Bélial se leva, sortit de la fontaine et se rua vers la plus proche vitrine, la foule s'écartant à son approche, pour examiner son reflet.
Bien que les torches de la place n'apportaient qu'une faible lumière, elle pouvait voir que son teint de peau avait changé. Il n'était plus aussi sombre, et donnait simplement l'impression qu'elle était bronzée par le soleil.
La barbare plongea son regard dans les yeux d'un brun nuancé de vert qui l'observaient en retour.
Elle toucha ses cheveux pour s'assurer qu'ils étaient bien les siens. Ils semblaient normaux au touché, mais ils étaient aussi rouges qu'un feu de forêt.
La démone porta une main à son front, et sentit la présence de ses cornes sur son front, mais elle était incapable de les voir dans son reflet, pas plus que sa queue.

La jeune femme fixa enfin ce qui pendait à son cou en le caressant du bout de ses doigts. Le pendentif d'argent monté d'une pierre cyan que venait de lui offrir Sieg avait des pouvoirs qu'elle n'aurait jamais envisagé.

– J'aurais préféré trouver un talisman de Conora vierge, mais c'était le seul que Wilma avait sur elle, développa Sieg. Et, compte tenu de la situation, je me suis dis que nous ne pourrions pas en trouver un autre avant notre départ de demain...

La barbare se retourna. Le bretteur marchait vers elle, un courant d'air chaud faisant sécher ses vêtements. Il posa une main sur son épaule, laissant le vent glisser autour d'elle pour la réchauffer à son tour.

– Désolé pour la petite blague, je n'ai pas pu résister. Et je sais que j'aurais du t'en parler avant, mais je voulais te...

Bélial ne l'écoutait déjà plus. Elle se précipitait vers une foule qui reculait à son approche et pointait son visage.

– Hé ! Est-ce-que vous avez peur ? demandait la brute avec euphorie. Est-ce-que je vous fait peur ?

Les passants bafouillèrent des commentaires confus, mais la démone était satisfaite de leurs réaction. Bien qu'ils montraient une certaine appréhension à lui parler, ce n'était pas comparable à la terreur dont avaient fait preuve les habitants de Rodian.

Auparavant, quand la barbare pillait des villages, elle prenait un malin plaisir à voir les visages déformés par la peur de ses victimes, mais ce désir avait commencé à s'estomper. Depuis que la jeune femme était devenue l'une des dernières survivantes de son clan, elle avait inconsciemment ressenti le besoin d'appartenir à quelque chose, de ne plus être une paria.
Rencontrer Sieg et les autres qui l'avaient acceptée sans trop de préjugés l'avait aidé, mais savoir que le reste du monde ne l'acceptait que tant qu'elle portait une capuche avait pesé de plus en plus sur elle.
Et maintenant, grâce au présent de son partenaire, Bélial pouvait voyager à visage découvert, même si ce n'était pas véritablement le sien.

Elle fut satisfaite par les expressions perplexes des passants et rejoignit Sieg qu'elle souleva du sol aisément et serra dans ses bras. L'épéiste ne put que gargouiller des sons vagues alors qu'il entendait ses os craquer.

– Merci ! Merci, merci, merci ! répétait-t-elle, à la façon d'une enfant comblée de joie. J'en avais marre de porter cette capuche et de foutre les jetons aux autres !

S'il en avait été capable, l'écarlate aurait répondu de rien. À la place, il cracha glaaah.
Adam décida de les séparer avant que la colonne vertébrale de Sieg ne cède pour de bon. Farca encouragea Sieg à s'asseoir. Maurice s'approcha du bretteur, les bras croisés, pour se moquer.

– Hé bin dis donc ! plaisanta le criminel. Je savais que t'étais populaire avec les demoiselles, mais je ne savais pas que tu aimais aussi les modèles...

Il fixa les bras de la barbare qui étaient plus épais que ceux de la plupart de ses brutes.

– ... sauvages ?

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant