Chapitre 42: Coup de filet (Partie 1)

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Maurice fulminait, ne se retenant d'étriper son fils qu'à cause des aventuriers qui le couvraient et l'empêcheraient de l'approcher.
Autant amusée qu'agacée par ce qu'elle voyait, Wilma croisa les bras et toisa Junior.

– Et tu crois que je signerais la même chose ? se moqua Wilma. Tu peux toujours courir !

Junior se mit à rire en clamant que ce ne serait pas nécessaire.

– J'ai déjà dans la poche les personnes à qui vous alliez léguer vos biens de toute façon ! expliqua Junior. Ils pourront en garder le contrôle, tant qu'ils me resteront fidèles ! Ce qui veut d'ailleurs dire...

Vinia fit un signe vers Wilma qui se mit à courir en l'apercevant. Les premiers tirs la manquèrent, mais un sort fit mouche, lui arrachant un cri de douleur. Elle tomba au sol en se tenant son bras amoché. Le bretteur se retint de se porter à son secours, car il ne devait sa sécurité qu'à sa proximité avec Maurice. Pour le moment.

Junior se gaussa en voyant les hommes encore fidèles à Wilma l'entourer pour la couvrir, mais il était apparent qu'ils étaient effrayés. Toujours par terre, elle fulminait, maudissant tout ses ennemis. Mais elle trouvait aucune échappatoire à son dilemme.

– N'arrêtez pas de tirer ! ordonna Vinia. Ses boucliers doivent mourir de toute façon!

Les aventuriers se préparèrent à abattre Wilma et ses hommes. Sieg ne montra cependant pas le moindre signe d'inquiétude et frappa trois fois le sol de son pied.

– Objectif Secondaire Enclenché !

Seul Sieg savait d'où venait la troublante voix qui venait de résonner dans le théâtre. Alors que les archers en cherchaient la source, une barrière se matérialisa autour de Wilma et ses hommes, transperçant le plancher par la même occasion.
À cet instant, Sieg fit briller sa lame pour éblouir les adversaires les plus proches. Il ordonna à Maurice et aux autres de le suivre et se rua vers le trou béant causé par l'effondrement du plafond. Il fit une roulade en touchant le sol, et se redressa pour scruter les environs.
Adam aidait Wilma à se relever, après avoir traversé le plancher suite à un usage original du bouclier d'énergie du protecteur.
L'écarlate sentit une main se poser sur son épaule. Il fut tourné vers le visage inquiet de Bélial.

– T'as mal quelque part ? l'interrogea la barbare. Ils t'ont rien fait ?

La démone le palpait pour s'assurer qu'il était encore en un seul morceau, et le bretteur, troublé par sa réaction, lui demanda de se calmer.

– Je n'ai rien, grâce à vous... les remercia l'écarlate. Mais ça ne risque pas de durer, alors...

– Faut qu'on se barre ! hurla Maurice en détalant. Vous avez peut être réussi à les surprendre, ils vont pas nous laisser filer comme ça, on en sait trop !

– Il a raison, souffla Sieg en commençant à trottiner aussi vite qu'ils le pouvait. Adam, porte Wilma ! Bélial, tu ouvres la marche et tu défonces ceux qui essayeront de nous arrêter ! Vous autres, vous assurer nos flancs ! Où en est Farca ?

– Réponse: Elle A Affirmé Qu'elle Sera Prête Dans Les Temps.

Un sourire mauvais se dessinant sur son visage, Sieg ordonna que l'on se mette en mouvement.
Ralentis par la condition de l'écarlate, le groupe sortit du sous-sol du théâtre alors que leurs poursuivants se ruaient après eux. Ils se précipitèrent vers une sortie que l'équipe de Sieg avait déjà préparé, chose confirmée par la présence de personnes inconscientes sur leur chemin, dont un étonnement encastré dans le plafond.

– C'est moi, ça ! expliqua Bélial en désignant sa victime.

– Le contraire m'aurait surpris... ricana le bretteur en voyant l'effarement de Maurice.

Quatre aventuriers apparurent devant eux, armes en main. Ils avaient entendu le groupe arriver, mais ils avaient sous-estimé leur force de frappe principale.
Ils n'eurent pas le temps de leur dire d'arrêter que Bélial bondit sur le plus proche d'entre eux, lui décocha un coup de genoux en pleine mâchoire, attrapa par le col deux de ses alliés à ses côtés, et les plaqua au sol en atterrissant, les sonnant. Elle se tourna vers le dernier qui se détourna pour hurler dans le couloir.

– Rien à signaler ici, ils ont du passer ailleurs !

Bélial hésita alors que Sieg assistait à la scène au passage avec un sourcil levé. Le quatrième aventurier se contenta de hausser les épaules et de s'en aller à toute allure.

– Je suis pas assez payé pour ces conneries...

– Oui, c'est ça, le problème... soupira Sieg.

– Mais tu l'as trouvée où, celle là ? s'extasiait Maurice. T'imagines ce que je pourrais faire, avec cinq... non, dix comme elle !

– C'est bien ce qui m'inquiète...

Ils aperçurent une sortie du bâtiment où Farca était affairée à attacher une bombe à un fil métallique. Elle se retourna en entendant la cavalcade et leur avertit que tout était prêt de son côté.
Le groupe se rua hors du bâtiment sans hésiter, car même ceux qui n'étaient pas au courant du plan commençaient à comprendre qu'il valait mieux ne pas rester sur place.
Plus loin dans le couloir, Vinia et Junior repérèrent leurs cibles, talonnés par leurs hommes respectifs, ils hurlèrent des ordres en pressant l'allure. Ils savaient qu'ils risquaient de perdre de vue leurs proies si elles se dispersaient dans la foule.

Quand le dernier membre de son équipe posa le pied sur le seuil de la porte, Farca enclencha la bombe qu'elle tenait et ordonna à tout le monde de s'éloigner du théâtre. Elle réalisa bien vite que personne n'avait attendu son conseil et qu'ils étaient déjà bien loin, aussi elle décida de ne pas traîner à son tour.
À l'instant où Junior eut franchi la porte, la bombe s'enclencha. Le fil métallique attaché à cette dernière était enchanté, et déclencha les autres bombes qui lui étaient connectées à travers le bâtiment en réaction à la première.

Plusieurs personnes se jetèrent au sol en prévision de ce qui allait arriver. Mais cela se révéla inutile. Les bombes libérèrent un nuage de fumée verte qui se propagea dans les couloirs, enveloppant les poursuivants pris par surprise.
À l'extérieur, Junior se retourna pour apercevoir deux de ses hommes, ainsi que Vinia et un aventurier, émerger de la fumée en toussant.
Seul un d'entre eux avait aspiré assez de fumée pour être pleinement affecté, et s'effondra au sol, inconscient. Les autres ne pouvaient déjà plus tenir sur leurs jambes, mais demeuraient éveillés.

Étalé sur le sol, ses mains plaquées sur ses oreilles, Sieg entrouvrit un œil incrédule, ne comprenant pas pourquoi il ne ressentait pas le souffle de l'explosion. Il discerna un soulier se plantant juste sous son nez, et leva les yeux pour dévisager Farca qui s'accroupissait devant lui en faisant bien attention à la position de sa jupe. Elle lui redressa le chapeau pour qu'il soit en mesure de voir son visage agacé.

– Qu'est ce que tu croyais ? lui lâcha l'alchimiste avec humeur. Que j'allais faire exploser des dizaines de personnes sans le moindre remord juste parce que tu me l'as demandé ? Tu devrais déjà savoir que je n'aime pas faire des morts inutiles. Enfin, pas sur demande, en tout cas...

L'écarlate se redressa et regarda derrière lui. La foule autour du théâtre reculait avec horreur en constatant qu'il se passait quelque chose d'inhabituel. Les plus téméraires d'entre eux aidaient le groupe à se relever, les harcelant de questions concernant la situation. Certains se portaient au chevet de Wilma qui avait perdu beaucoup de couleur, et on demanda à ce que l'on fasse venir un médecin. Sieg se releva péniblement, épaulé de Farca, et ne quitta pas des yeux ses derniers adversaires.
À genoux, Vinia toussait en se tenant la gorge. Elle remarqua la présence de Sieg et lui jeta un regard noir veiné de rouge. L'épéiste réprima un rire en haussant les épaules.

– Après ce fiasco, je pense que vous devriez essayer de faire carrière dans un autre milieu, lui conseilla le bretteur. Vous n'êtes décidément pas faite pour le commerce de l'aventure...

L'épéiste remarqua du coin de l'œil l'aventurier qui essayait de se redresser en s'aidant de son arme. Ce dernier aperçut son sourire, et décida qu'il valait mieux pour lui d'imiter ses collègues dans le théâtre et feignit une perte connaissance. Cette dernière goutte d'eau aurait fait exploser de rage Vinia si elle ne luttait pas rien que pour rester consciente.


Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant