Chapitre 77: Le langage des poings (Partie 1)

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Abasourdi, Sieg ne put que hocher la tête en réponse à la déclaration de la démone. Elle le reposa sur le banc et reporta son attention sur Jan Cohen qui applaudissait.

– Très belle démonstration d'amour, vraiment, je suis ému... Mais c'est pas vraiment le moment, ma grande ! Là, c'est ton copain que je veux ! Alors tu vas rasseoir ton joli petit cul, et...

Les mots suivants de Jan se perdirent en route. Il voyait à présent Bélial enlever sa robe devant un publique qui appréciait de plus en plus ce spectacle imprévu. Ahuri, Sieg fut tout de même rassuré de voir que Bélial portait une brassière sans bretelle, une nouveauté qu'il se doutait devoir à l'esprit vif de Farca. Elle força son vêtement dans ses bras, lui disant d'en prendre soin, et descendit les gradins sans passer par l'escalier prévu, forçant un passage dans une foule qui s'écarta sans hésiter.

Jan plissa les yeux en la regardant descendre. Il pensait avoir mal vu avant, mais il comprenait à présent que la jeune femme était en effet plus grande que Sieg. Elle était aussi incroyablement musclée, autant que bien des combattants de l'arène, si ce n'est plus. Il discerna peu à peu plusieurs cicatrices qui révélaient que la forme de son corps n'était pas juste là pour impressionner. À sa démarche aguerrie, il voyait qu'elle était habituée aux combats. L'adversaire qui l'approchait était redoutable, lui donnant une impression qu'il n'avait ressenti que de rares fois, toujours avant les combats les plus rudes de sa carrière.

Bélial arriva au bord des gradins, posant un pied sur la rambarde qui séparait la zone des spectateurs à l'arène, trois mètres plus bas, et héla le champion.

– Tu crois être fort ? Tu crois que tu peux insulter mon Sieg et que je vais te laisser faire ? Et si tu essayais le répéter à ma face, hein ? Sauf si c'est t'as pas les boules de te frotter à une femme...

Le rictus de Jan se mua en quelque chose de nouveau. L'instinct qu'il avait cultivé après des années de combats lui hurlait que cette belle rouquine lui apporterait le genre de défis dont il rêvait. Son désir d'affronter Bélial grandissait au point qu'il en avait même oublié l'existence de Sieg. L'annonciatrice profita du calme pour examiner le comportement de la foule, et notamment des parieurs. Si la perspective de voir le champion se frotter à son rival les avait fait saliver, l'entrée en scène de sa compagne à la place, une toute nouvelle combattante dont on ne savait absolument rien, avait provoqué une excitation incommensurable. Elle entendait certains parler de sommes rarement atteintes dans cette arène, même les meilleurs jours.

Elle récupéra sa pierre magique des mains de Jan et s'adressa à tout le monde.

– Vous les avez entendus ! Notre champion a défié Sieg, la Frappe de foudre, mais c'est sa belle qui se dresse à présent contre lui ! Elle a mis en doute l'honneur du Boucher des mers, et il a l'air prêt à défendre son honneur ! La question que vous devez donc vous poser est donc...

Elle se tut, joignant ses mains ensemble en baissant la tête comme pour se mettre à prier. L'arène fut plongée dans le silence, tout le monde étant intrigué par ce qui allait se passer.

L'annonciatrice leva soudainement la tête, dressant un bras droit devant elle, comme pour demander au public de l'accompagner.

– Est-ce que vous êtes prêts pour un vrai combat d'anthologie, bande de dégénérés assoiffés de carnage et de sang ?

Plus tard, les personnes présentes dans l'arène apprirent que leurs cris furent si violents qu'ils avaient pu être entendus par les gens dans la rue, bien que le lieu avait été conçu pour qu'une telle chose soit normalement impossible. L'euphorie fut absolue, les fanatiques frappant les bancs de leurs poings et le sol de leurs pieds pour montrer leur impatience. Sieg termina de plier soigneusement la robe de Bélial et la cala sous son bras avant d'apporter son soutien à sa combattante favorite. Bélial reconnut la voix de Sieg et fit de son mieux pour ne pas se retourner vers lui et perdre de sa contenance. Cependant, la joie maintenant évidente sur le visage de la barbare n'échappa à Jan Cohen qui se rua sur la brèche.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant