Chapitre 19: Un brin de toilette

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Ils reprirent la route de bon matin. Sieg avait proposé à Bélial de monter avec lui sur le cheval pour l'éviter de se fatiguer plus que de raison, mais il l'avait fait tout de suite descendre quand elle avait viré au vert derrière lui après seulement trois pas de leur monture. Ils continuèrent donc leur voyage, galopant pour l'un, courant pour l'autre, et ils ne rencontrèrent pas de problème durant les deux jours qui suivirent.

Ils profitèrent de leurs pauses pour discuter, chacun désireux d'en apprendre plus sur l'autre. Sieg voulait en savoir plus sur le mode de vie des démons qui avaient dû s'adapter à un monde hostile, et Bélial ne se lassait jamais de l'entendre parler de ses voyages. Ils partagèrent aussi des idées de tactiques et de stratégie pour améliorer leur combat en équipe.

Ils arrivèrent en vue de Lédin, dernière étape avant de rejoindre Cressia.  La capitale était visible depuis ce patelin, à peine situé trois kilomètres plus loin. Ses colossales murailles dominaient le paysage, et paraissaient infranchissables pour Bélial, même à cette distance.

Le centre du village était une véritable plaque tournante, où les convois allaient et venaient, générant une cacophonie permanente, entre les plaintes des convoyeurs, les ordres des gardes, et les cris des divers animaux livreurs ou livrés.

Outre les quatre principaux axes de circulation, ce joyeux désordre encadré miraculeusement par les autorités était cerné de toute part part de nombreux commerces qui fleurissaient grâce à la présence de tant de clients. Tavernes, écuries, entrepôts et maréchaux-ferrants, pourtant présents en grand nombre, refusaient de nombreux clients tout les jours, ne pouvant pas gérer un afflux aussi massif de personnes. Les rares habitations étaient bâties en périphérie de ce qui était appelé un village à cause de la densité de sa population, mais qui avait la taille d'une ville.

Pour éviter les ennuis, nos deux voyageurs durent adapter leur tenues.
À contre cœur, Sieg avait troqué son habituel costume rouge avec des vêtements plus sobres qu'il gardait dans son sac. Il ressemblait maintenant à un aventurier de bas étage, portant un pantalon de toile et un simple veston de cuir par dessus sa chemise. Les seules choses qu'il n'avait pas changé étaient ses bottes, sa ceinture et son épée qui battait encore sa cuisse.
Bélial, quand à elle, fut contrainte à porter la cape de voyage de Sieg. Ses bottes dépassaient encore de sous la cape, mais elle cachait tout de même le fait qu'elle était un démon de presque deux mètres de haut, une nécessité pour ne pas provoquer de mouvements de panique.

L'écarlate la traîna vite dans une écurie, évitant autant que possible d'attirer les regards des gardes. Une auberge aurait été plus adaptée pour ce qu'il avait en tête, mais il se doutait qu'il aurait du mal à trouver une chambre avant la fin de la journée et ils avaient besoin de se dépêcher.

Un garçon d'écurie les remarqua et les interpella, leur demandant d'attendre leur tour au lieu de s'imposer de la sorte. Sieg sut se montrer convaincant, proposant sa monture et un pourboire contre la location de trois heures d'un box. Il obtint aussi à ce qu'on leur fasse parvenir une large bassine d'eau pour prendre un bain.

Une fois qu'ils avaient tout ce dont ils avaient besoin, Sieg demanda à Bélial de l'attendre ici le temps qu'il lui trouve une tenue plus adaptée. Elle avait aussi pour instruction d'en profiter pour faire une toilette approfondie, ayant la permission de l'épéiste d'utiliser autant de son savon et son shampoing que nécessaire.

Il lâcha deux pièces d'or à l'employé étonné pour qu'il veille à ce que personne ne dérange le bain de son compagnon, un vieux guerrier aussi grincheux que violent selon ses dires, qui n'aimait pas les regards indiscrets. Il se procura aussi une bâche qu'il installa pour boucher les ouvertures de la porte. Après tout ses efforts, l'épéiste espérait vraiment qu'ils pourraient arriver jusqu'à l'autel des voyages sans que l'on se rende compte de la vraie nature de son amie.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant