Chapitre 30: Choisir sa voie (Partie 2)

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Le groupe sortit de l'autel des voyages après s'être assuré qu'ils ne laissaient rien derrière eux, et ils furent aveuglés par la lumière du soleil. Après autant de temps sous terre, l'astre qu'ils avaient pourtant hâte de revoir était encore trop éblouissant pour eux. Seul Adam n'était pas incommodé, mais il semblait bien plus troublé que les autres.

Aucun de ses livres n'avait pu le préparer à ce qui l'attendait hors de l'obscurité des souterrains. La brillance du soleil dépassait les descriptions les plus fabuleuses des plus grand poètes, et même les meilleurs auteurs échouaient à retranscrire sa splendeur. Bien que dans un corps mécanique, fixer cette sphère incandescente lui procurait une sensation de chaleur qu'il ne comprenait pas.
Son attention se détourna peu à peu du soleil, scrutant un plafond plus vaste qu'il aurait pu le calculer. Le ciel d'un bleu apaisant était parsemé de quelques nuages d'un blanc pur, flottant dans le vent qui soufflait.
Le vent ! Quelle sensation unique pour lui, qui n'avait même pas connu les courants d'air avant de quitter sa bibliothèque, seulement une heure plus tôt ! Grâce à ses sens artificiels, le gardien le sentit doucement caresser son armure, n'essayant pas de le pousser, mais le contournant, comme si le vent essayait de l'embrasser.
Adam remarqua enfin la foule qui s'agitait autour de lui. Une véritable fourmilière humaine défilait sous son regard. Jamais avait il pu se représenter un tel spectacle, un véritable de ballet d'existences, individuelles et différentes qui se croisaient, se rencontraient, se séparaient... La ville débordait tout simplement d'une vie qui lui semblait incontrôlable !

Et la ville...

Quelle ville pour découvrir le monde réel, par delà les pages qui lui avaient fait découvrir une pale esquisse de la merveille qu'il explorait !
Ses lectures lui avait appris que la cité fut autrefois trois villages, chacun bâtis sur trois immenses collines, positionnés de façon triangulaire au milieu des plaines, l'imposant fleuve de Diniria séparant l'une d'elles des deux autres. Les trois villages étaient en permanence en conflit entre eux, divisés par leurs idéaux.

Le premier prônait la sagesse et la justice.

Le second embrassait une voie de combat et de gloire.

Le troisième chérissait la quiétude et rendait grâce aux divinités du monde.

Il était fort possible qu'un de ces villages, sûrement le second, du point de vue du gardien, aurait fini par écraser et dominer les deux autres si le destin avait décidé d'être plus clément avec eux. Mais les mortels n'ont que peu de contrôle sur les grands de changements du monde.
Plus de six mille ans auparavant, la plus grande armée d'orques jamais formée dévastait cette région du monde, tuant et pillant sans vergogne tout sur son passage, dans une indomptable charge dévastatrice. Quand les trois villages avaient appris que l'armée les approchait, une panique absolue envahit les populations bien avant les orques, les terrassant presque sans que les combats pouvaient commencer.
Cependant, ce fut dans ce chaos que certains individus purent briller avec assez de force pourchasser les ténèbres de la défaite.

Une magicienne, un guerrier et un prêtre, tout trois issus d'un des différents villages, et liés d'une amitié qui s'était forgée entre eux malgré les conflits qui auraient du faire d'eux des ennemis, parvinrent l'exploit d'unir les trois clans opposés en un seul front soudé.
Changeant leurs différences en une force que le monde n'avait encore jamais connu, les trois villages, menés par leurs trois héros, défia l'armée ennemie, opposant à peine un homme pour chaque centaine d'orque, et réalisa l'impensable en les repoussant.
Mais le miracle ne s'arrêtait pas là. En entendant les rumeurs de cette dernière chance contre l'armée monstrueuse, de nombreux guerriers et mages de tout le continent avaient convergé sur le champs de bataille, formant l'une des plus puissantes armées humaines de toute l'histoire qui mit fin au conflit en quelques années.

Une fois l'armée des orques vaincue, une nouvelle ère commença pour les trois villages qui avaient tant échangé qu'ils étaient presque indissociables les uns des autres. Leur avenir ne fut clair que quand deux des héros décidèrent de se marier, unis par le dernier membre du trio qui jura de les épauler toute sa vie durant. Les villages s'unirent pour ne former qu'une seule et même ville, dirigée par ceux qui avaient ouvert la porte de la victoire par leur coopération.

Les trois collines furent renommées, devenant l'Éveil, l'Honneur et la Foi.
Sur l'Éveil fut construit le palais d'où régnât la famille royale. Autour de lui s'installèrent les nobles et la plupart des institutions de la ville.
Sur l'Honneur se dressait l'école de chevalerie qui formerait les futurs protecteurs du royaume qui grandirait à travers les siècles. Ses alentours étaient composées des résidences des guerriers et des commerces nécessaires à leurs activité.
La Foi devint le centre religieux et culturel où même les mages avaient trouvé leur place, y installant leur académie.
Le long des deux rives du Diniria qui séparait l'Éveil de l'Honneur et la Foi, deux ports, l'Harmonie et l'Équité, firent vivre la cité en devenant le cœur battant de son commerce. Au pied des collines s'étendait le reste de la ville où vivaient les gens simples, le peuple qui profitait de la prospérité de la future capitale de Danatal.

À présent, suite à des siècles d'histoire qui avaient fait croître Syndras pour en faire l'un des plus beaux joyaux de ce monde, Adam put admirer, depuis le flanc de la Foi, une vue époustouflante dévoilant l'Éveil et l'Honneur.
Le fleuve qui séparait la ville était traversé par deux massifs ponts, suffisamment hauts pour laisser passer les navires en dessous, et assez larges pour y faire passer des armées entières.

Quand elle retrouva sa vue, Bélial ne sut plus quoi penser. Si Cressia avait réussi à l'impressionner par son opulence, ce n'était rien comparé à l'émerveillement que suscitait Syndras chez elle.
La capitale de Griganar avait été agencée de telle façon qu'il était dur de voir à quel point elle était large, mais ce n'était pas le cas Syndras, pas depuis cette hauteur. Les bordures de la ville atteignaient presque l'horizon, et elle pouvait distinguer du mouvement dans presque toutes les rues dans son champs de vision, comme si elle voyait le sang de Syndras couler dans ses veines.
Et si l'architecture locale était moins riche que celle de Cressia, cela lui donnait aussi un côté bien moins arrogant, une beauté plus simple, presque naturelle. Pour la barbare, c'était comme si Syndras savait qu'elle n'avait pas besoin de se couvrir d'atours superflus pour resplendir autant, si ce n'est plus, que ses rivales.

Farca resta elle aussi silencieuse. Elle qui avait pourtant la langue bien pendue, elle ne pouvait que rester admirative face à la fascinante aura de cette ville d'honneur et de devoir.

Bien qu'habitué à cette vue, même Sieg prenait le temps d'admirer ce paysage qui avait conquiss compagnons.

Je retire ce que je disais avant... Maintenant que j'ai enfin l'occasion de la revoir... Cette ville est de très loin ma préféré ! Désolé pour ton village, Bel, mais il n'arrive qu'à la deuxième place...

Bélial ne pouvait pas contredire les propos de sa partenaire, et se ruait déjà dans la rue devant elle, riant comme une enfant. Elle attirait les regards, parfois intrigués, parfois agacés, des passants qui se retournaient pour voir cette folle furieuse pourfendre la foule dans sa course.
Sieg lui demandait de se tenir tranquille, mais sur un ton amusé qui exaspéra Farca, la faisant tout de même sourire. L'alchimiste entraîna le gardien avec elle pour rattraper la barbare. Dans une bonne humeur que nul pouvait nier, le groupe s'aventura dans une ville aux milles merveilles.

Et autant de périls.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant