Affalée dans son fauteuil, Farca se demandait ce qu'elle faisait là.
Cette soirée se révélait riche en révélations, toutes plus incroyables les unes que les autres. Mais de toutes, l'annonce de Raya fut celle qui acheva l'alchimiste. Imaginer qu'elle voyageait depuis plus d'une semaine avec une déité lui faisait fondre le cerveau, d'autant plus que ce n'était pas n'importe quelle déesse qui habitait le corps de la démone.
Sieg déglutit, passant sa main dans ses cheveux sous son chapeau, ne quittant pas l'esprit du regard.
– Un dieu d'or ? articula-t-il péniblement. Si je m'étais un seul instant douté que l'un des êtres les plus puissants du monde... Mais comment ? Je pensais que toi et les tiens vous étiez sacrifiés pour arrêter les Sept Déchus !
– Des quoi ? grogna la barbare. Vous arrêtez pas de parler de trucs bizarres, là, je pige rien !
L'écarlate fit face à sa partenaire en se doutant que lui expliquer les choses ne serait pas facile. Heureusement pour lui, Raya décida d'éduquer Bélial.
Les dieux d'or sont les premières déités à avoir émergé de la mana, durant l'ère du Chaos. Nous étions cinq, et nous étions les plus puissants. La magie, le temps, les rêves, les ténèbres et la lumière. Voilà ce que nous incarnions. Nous avions décidé de veiller sur ce monde naissant dont nous étions les aînés. Diverses autres créatures naquirent après nous, et nous avions veillé sur elles, les guidant quand possible, et les punissant quand nécessaire. Mais même pour nous, tout fini par prendre fin...
– Hein ? Mais pourquoi ? s'exclama Bélial. Si vous étiez aussi balèzes, vous pouviez pas perdre, non ?
C'était ce que nous pensions à l'époque, en tout cas... Mais nous avons appris l'étendue de notre méprise quand sept êtres sortirent en même temps de la mana... La seule autre fois où plusieurs entités sont sorties de la mana simultanément, c'était quand je suis née. Individuellement, ces créatures étaient plus faibles que chacun des dieux d'or, mais ensemble, elles rivalisaient avec notre propre groupe. De plus, ils pervertissaient peu à peu le reste du monde, les noyant dans leurs péchés, et pouvaient corrompre les plus faibles d'un simple touché. Nous les avons alors appelé les Sept Déchus.
– Des péchés ? demanda Farca. Tu veux dire, comme la colère, la paresse, tout ça ?
Exactement. Chacun d'entre eux incarnait un péché. Ils ne semblaient pas avoir de but précis, se contentant de contaminer tout ce qui les entourait, sans distinction ou pitié. Un exemple parfait de leur perversion est l'Yrakan, que vous avez rencontré. La gourmandise l'a transformé en une horreur sans âme qui n'a plus qu'un but, combler sa faim abyssale. Plus le combat s'éternisait, plus nous avions d'adversaires redoutables... Le monde n'était plus qu'un tableau de carnages inimaginables et de sang.
– De nos jours, cette page de l'histoire est presque oubliée, mais il y a quatre milles ans, certains érudits en parlaient encore, même si les détails étaient vagues... enchaîna Sieg. On prétend que si vous n'aviez pas arrêté les Déchus au prix de votre vie, le monde...
Un éclat de rire résonna dans la chambre, interrompant l'écarlate et déstabilisant l'auditoire. Raya finit par se calmer, ne se faisant pas prier pour expliquer sa réaction.
Désolée... Mais à chaque fois que j'entends les mortels dire que nous nous sommes sacrifiés... Comme quoi, il n'y a pas que les faits de la guerre du Crépuscule qui ont été altérés... Le passé n'est définitivement pas sauf de l'imagination débordante des historiens...
– T'es en train de nous dire que personne s'est sacrifié ? interrogea Bélial qui faisait de son mieux pour suivre. Alors comment est-ce que les sept machins ont été battus ?
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Déicide - Volume 1 - Défier le destin
FantasyElle n'avait jamais cru que son aventure débuterait ainsi. Bélial avait toujours voulu découvrir le monde, mais ce fut dans le sang que la démone fut forcée de quitter son village barbare pour des contrées lointaines, accompagnée seulement d'un espr...