Chapitre 61: L'autre facette (Partie 1)

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Une quinzaine de cadavres jonchaient le passage. Leur sang était aspergé sur les murs et le sol, ruinant plusieurs tableaux au passage. En levant les yeux, la démone vit que même le plafond avait été repeint en écarlate.
La barbare ne sut dire combien de personnes étaient mortes, car les corps étaient tous en pièces, comme s'ils avaient été fauchés comme de la mauvaise herbe par un jardinier fou. L'expression qu'elle put lire sur le visage de certaines victimes la renseigna sur la terreur qu'avaient provoqués en eux leurs meurtriers. Même les villageois que son clan pillait n'avaient jamais eu l'air aussi horrifiés quand ils se faisaient attaquer.
Ceux qui avaient commis ce massacre étaient de véritables monstres, même par rapport à une démone comme elle.

Farca pénétra dans le couloir et eut un haut-le-cœur. Ce n'étaient pas les premiers cadavres qu'elle voyait, mais découvrir un tel charnier n'allait pas la laisser de marbre.

La barbare fit quelques pas dans le couloir, étudiant plus précisément le carnage. Les entailles étaient nettes, et la plupart des plaies semblaient avoir été cautérisées, comme si les lames employées avaient été chauffées à blanc. La jeune femme vit aussi que les murs et le sol portaient des coups de marque, mais aucune ne ressemblaient à des coups portés par des armes qu'elle connaissait.
Bélial ferma les yeux, essayant de visualiser ce qui s'était passé à partir de ce qu'elle avait vu. Elle s'imagina les mouvements qui avaient du être effectués pour causer ce genre de blessures et de dégâts. La démone vint à en conclure que les outils utilisés tenaient plus du fouet que de l'épée ou de la hache, car les marques laissées à leur passage semblaient danser, attestant des mouvements amples et gracieux qui avaient déchiqueté les victimes.

Mais au delà de la beauté de la scène, Bélial pouvait ressentir une rage bestiale, comme elle n'avait que rarement vu ou ressenti. Comme si une bête sauvage incontrôlable venait de se libérer de ses entraves, laissant pleinement parler ses instincts les plus brutaux, sans retenue.

La barbare se surprit à imiter instinctivement les gestes qu'avaient du réaliser les meurtriers pour réaliser ce bain de sang, comme si elle dansait autour des spectres des défunts qui rejouaient leurs derniers instants.
Mais quelque chose n'allait pas...

Plus elle comprenait comment les choses s'étaient déroulées, moins elles étaient logiques. Sauf si...

Bélial ouvrit les yeux. Elle observa les escaliers au pied duquel elle s'était arrêté et y remarqua un détail qui confirma ses craintes, lui glaçant le sang.

OK, même moi, je flippe, là...

La barbare observa de nouveaux les cadavres au sol. Il s'agissait de gardes, pirates et aventuriers en tout genre. Certains d'entre eux étaient des mages ou des prêtres, ce qui indiquait que les massacrés avaient eu un appui magique et divin qui n'avait pas fait la différence. Elle estima qu'elle n'aurait pas réussi à se défaire d'un tel groupe sans l'appui d'au moins quatre membres de son clan.

Sarian avança dans le couloir, blanc comme un linge.

– Mais enfin... Je reconnais certains d'entre eux... Il y a deux rang cinq, et un six... Je ne sais pas qui à fait ça, mais ce groupe devait être redoutable...

– Il était seul.

La déclaration de Bélial choqua l'assemblée. On allait lui demander ce qui l'amenait à penser ça quand la brute désigna calmement les escaliers qu'elle fixait avec une féroce concentration. La barbare fut rejoint par son équipe qui remettait en doute ses propos.

Du moins, jusqu'à ce qu'à ce qu'ils voient les traces de pas qui montaient les marches, les seules marques sanglantes qui s'éloignaient de ce massacre, quel que soit la direction prise.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant