Les réjouissances durèrent un bon moment, longtemps après le coucher du soleil.
De nombreux fêtards finirent par s'endormir sur place, ne prenant pas le temps de rentrer chez eux. Bélial elle-même fut finalement portée chez elle, complètement ivre et chantant d'étranges chansons qu'elle inventait au fur et à mesure. Les démons désignés pour la tâche se montraient prudents, car elle avait la beigne facile dans cet état, et elle était aussi étrangement plus redoutable.
Le silence s'installa peu à peu sur le village, et seuls les gardes en poste étaient encore éveillés.
Ou presque.
Encore terré dans la salle de cérémonie, Tyrian frappait le plus gros des stalactites sans s'arrêter. Chacun de ses coups étaient imprégnés de sa rage et sa frustration, et il ne semblait pas sentir la douleur de ses mains couvertes de sang.
Il était épuisé, tenant à peine sur ses jambes, mais il s'obstina en marmonnant de sombres pensées.– Comment osent-ils me faire ça ? Je suis le seul vrai démon de ce pitoyable village... Le seul qui crache pas sur notre héritage, sur nos ancêtres... Notre race est venue ici pour régner sur ce monde inférieur... J'aurais dû naître dans le monde des ténèbres... C'est le seul lieu qui est vraiment digne de moi et de mon rêve... Ces larves sont heureuses de vivre dans un trou, mais moi, il m'en faut plus... Bien plus...
Il porta un énième coup et se figea dans cette position, la respiration lourde. Sa vue se brouillait à cause de la fatigue et des larmes qu'il ne pouvait plus retenir.
– Je mérite pas... un village comme celui-ci...
Alors pourquoi ne pas passer à autre chose ?
Pris par surprise, Tyrian regarda autour de lui, n'ayant pas reconnu la voix qu'il venait d'entendre. Il fut forcé de constater qu'il était seul, mais il savait qu'il n'avait pas rêvé ces paroles.
– Qui est là ?
Tu vois tes semblables comme de la vermine qui ne te mérite pas, alors pourquoi ne pas partir ailleurs ? Je suis sûr qu'un démon avec ton potentiel pourrait accomplir de grandes choses s'il se débarrassait de ses chaînes.
– Tu vas te montrer, ordure ? hurla le guerrier. Je n'aime pas quand on me joue des tours!
Chaque chose en son temps, l'ami ! Je suis sûr que tu vas aimer ce que tu vas entendre !
Tyrian grinça des dents. Il n'avait pas le vocabulaire pour la décrire, mais la voix lui semblait hautaine et arrogante. Son interlocuteur invisible s'amusait clairement de sa situation et s'adressait à lui avec mépris.
Dis-moi... Veux-tu une force véritable ? Un pouvoir implacable que personne ne saurait arrêter ?
Tyrian resta muet, étonné par une telle question. Il essuya ses larmes et réfléchit quelques secondes.
– Tu voudrais me donner plus de pouvoirs ? finit-il par demander. Pourquoi ? T'y gagnes quoi ?
Oh, juste quelques menus services... J'ai ma propre ambition, vois-tu, mais je manque cruellement d'aide pour l'accomplir. Il me faut un allié efficace, quelqu'un qui n'a pas peur de se salir les mains pour atteindre ses objectifs. Mais surtout, il me faut un général sans pitié, qui ne serait pas ralenti par les lamentations des faibles qu'il écrasera sur son chemin vers la gloire. Alors,intéressé ?
Tyrian ne put réprimer un sourire. Il aimait ce qu'il entendait, mais il ne comptait pas se laisser convaincre aussi facilement.
– Et qu'est-ce qui m'attendra à la fin ? Me dis pas que tu vas en plus m'offrir le monde ?
La voix éclata d'un rire qui résonna dans toute la salle. Elle semblait amusée par ce qu'elle venait d'entendre.
Ce monde insipide ? Ne me dis pas que c'est là toute l'étendue de ton ambition ? Non, je ne veux pas t'offrir le monde de la lumière, il n'en restera presque rien de toute façon quand j'en aurais fini avec. Par contre, il y en a bien un autre qui pourrait t'intéresser...
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Déicide - Volume 1 - Défier le destin
FantasyElle n'avait jamais cru que son aventure débuterait ainsi. Bélial avait toujours voulu découvrir le monde, mais ce fut dans le sang que la démone fut forcée de quitter son village barbare pour des contrées lointaines, accompagnée seulement d'un espr...