Chapitre 47: Le voyage est un apprentissage (Partie 1)

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Le voyage s'annonçait moins turbulent que redouté par certains.

Ils avaient craint que la démone en particulier passe son temps à râler à cause du manque d'activité, réclamant quelque chose à faire, mais il n'en fut rien. Bien qu'elle trouvait la tache singulièrement ardue, Bélial ne démordait pas de ses études et assimilait progressivement les notions instruites par ses compagnons de voyage.

Ce ne fut d'ailleurs possible que grâce aux médicaments de la sang-mêlée qui soulagèrent son mal des transports. Après un incident, le groupe n'avait pas envie de passer tout le voyage à nettoyer leur voiture.

Elle était encore loin de pouvoir lire un texte, mais elle avait mémorisé toutes les lettres de l'alphabet danatalien, ce qui démentait l'idée qu'elle était trop stupide pour apprendre quelque chose sans rapport au combat. Même Raya fut impressionnée de voir que la jeune femme progressait si bien sans qu'elle n'ait besoin de lui souffler de réponses.

Mais ils ne consacrèrent pas tout leur temps à l'érudition de la barbare. Outre le fait qu'ils avaient encore besoin de discuter des détails de leur mission à Port-Écume, Bélial avait besoin de régulièrement se changer les idées pour éviter que son cerveau ne surchauffe.

Après avoir longtemps insisté, elle obtint le droit de courir hors de la voiture quand elle n'étudiait pas. Sieg avait fini par plaider sa cause, convaincant les autres que cela lui permettrait de dépenser une partie de son énergie débordante, la rendant moins turbulente.

Les autres voyageurs s'étaient montrés curieux en découvrant la jeune femme qui semblait préférer la marche au confort des voitures, mais elle s'en fichait. Respectant la consigne de garder le convoi dans  son champs de vision, elle explora les environs, espérant secrètement trouver un quelconque ennemi à affronter, ce dont se doutaient ses compagnons.

Cependant, en trois jours de voyage, à part deux sangliers et un ours dont elle rapporta les carcasses, elle n'avait rien trouvé de particulièrement redoutable à affronter. Sans oublier les débats qu'elle avait eu avec les autres qui ne voulaient pas se retrouver avec des dépouilles malodorantes. Les occupants des autre voitures les regardaient déjà bizarrement durant les pauses...

Ces temps de repos furent par ailleurs le moment idéal pour l'entraînement de la démone. Insistant qu'elle ne devait pas rouiller, elle s'exerçait sans relâche quand elle ne mangeait ou dormait pas. Autant dire que l'air dans la voiture devenait de plus en plus irrespirable.

Mais on ne l'empêcha pour autant de transpirer, car ils savaient qu'elle en avait besoin pour évacuer une bonne partie du stress qu'elle accumulait. Plus le temps passait, plus elle s'inquiétait de ne pas arriver à temps à Qalb Alsahra pour retrouver Saga et Tyrian.
Sieg partageait aussi sa crainte, et redoutait surtout que leurs cibles ne décident de conclure leurs affaires à Taouy plus tôt que prévu. Il se retint de mentionner ce point, car il craignait que Bélial le prenne particulièrement mal.

Le convoi ne s'arrêta qu'une fois dans une ville dans cette première partie du voyage. À la fin de la deuxième journée, la caravane avait atteint sa première escale, Bonato, une ville qui rappela Rodian à Bélial de par sa taille. Même si l'architecture locale n'avait rien de nouveau pour elle, la démone prit tout de même beaucoup de plaisir à arpenter ses rues. Les habitants y étaient sympathiques et accueillants, recevant les voyageurs à bras ouverts.

Une fois qu'ils avaient déposé leurs affaires dans les chambres qui leur étaient réservées dans une auberge, l'équipe passa la soirée à visiter la bourgade, finissant par atterrir dans une taverne où ils burent plus que de raison.

Éméchée, Farca prit un risque en montant une petite compétition de bras de fer entre Bélial et les autres clients. Pour deux pièces d'or, ils pourraient affronter sa championne et rafler le quintuple de la mise s'ils l'emportaient. Après avoir soufflé à la démone de n'utiliser qu'une partie de sa force pour ne pas décourager trop vite les pigeons, l'alchimiste motiva bruyamment les candidats.
À la fin de la soirée, Farca et Bélial se partagèrent vingt-huit pièces d'or, les concurrents cinq poignets cassés et une épaule déboîtée. Le tenancier, quand à lui, se retrouva avec une table irrémédiablement brisée.
Chassés par le propriétaire des lieux, Adam dut porter une démone agitée sur son épaule, Anoro aiguilla une naine qui chantait une balade de son peuple dans la bonne direction, et Diro soutint Sieg qui ne marchait plus droit.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant