Chapitre 45: Plan de route (Partie 1)

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L'aube se levait à peine quand le groupe quitta la taverne du Pégase d'Émeraude. Ils devaient se rendre à la port ouest de la capitale pour y rejoindre le convoi, ce qui représentait une bonne heure de marche.
Un comité de départ s'était formé pour leur souhaiter bon voyage. Même des employés qui ne devaient pas travailler ce jour là étaient présents, ne voulant pas manquer leur chance de voir une dernière fois ces quatre clients si particuliers qu'ils appréciaient.
Plusieurs femmes de chambres tinrent la jambe à Bélial pendant de longues minutes, l'intimant d'être prudente et de revenir saine et sauve. La démone n'était pas accoutumée à ce genre d'amitié, les autres femmes de son clan préférant les beignes aux mots. Touchée par leurs sentiments, elle leur promit qu'elles se reverraient, elle même impatiente de voir ce jour arriver.

Sieg discuta avec Gisèle qui lui recommanda aussi de ne rien faire de particulièrement inconsidéré. Farca annonça qu'elle veillerait à contenir les déboires du groupe, mais les regards qu'elle reçut lui révélèrent que l'on redoutait ses actions autant que celles des autres.

Adam observa la scène avec attention, étudiant les réaction de chacun. Adrien se posta à ses côtés, les bras croisés, et grogna. Le gardien le dévisagea, sembla comprendre le sens derrière le grognement, et hocha la tête.

L'équipe se mit en route à travers les rues de Danatal qui se remplissaient déjà de monde.
Une odeur alléchante de pain chaud sortant du four raviva l'appétit de Bélial qui avait pourtant englouti un petit-déjeuner pour trois personnes moins d'une heure plus tôt. Sieg fut contraint d'aller en acheter pendant qu'Adam retenait la barbare qui menaçait de retomber dans ses vieilles habitudes par gloutonnerie.
Ils profitèrent du calme relatif qui dominait encore en ville pour observer les rues d'une partie de la ville qu'ils n'avaient pas exploré les jours précédents. Ils ne purent cependant pas visiter d'endroits, pressés par le temps, mais ils prenaient note des lieux qu'ils voudraient voir quand ils reviendraient.

Ils longèrent la base de l'Honneur, la seule colline qu'ils n'avaient pas encore exploré. Des forgerons étaient déjà à l'œuvre, martelant les métaux avec vigueur. Contrairement à quand elle était à Rodian, Bélial fut impressionnée par les armes et armures qu'elle vit sur les étals et vitrines, doutant fortement que son clan aurait pu défaire aisément des guerriers avec un tel équipement.
Raya précisa d'ailleurs que les seules personnes qui auraient pu s'acheter un tel attirail étaient soit issus d'un milieu tout particulièrement aisé, soit des aventuriers d'un très haut rang qui pouvaient économiser l'argent requis en une année, et non pas une vie, en disant long sur leur force.
Le bretteur mentionna que plus les commerces étaient situés en hauteur, plus l'équipement vendu était efficace, ce qui fit rêver la barbare.

Ils rejoignirent la place devant la porte du Ponant où une foule conséquente était réunie.
Outre le trafic habituel de chariots, carrosses, chevaux et piétons qui pénétraient et quittaient Danatal, de nombreuses personnes entouraient le comptoir des caravaniers, et le ton montait à cet endroit.
L'équipe approcha du tumulte pour en apprendre plus, et les rumeurs qu'ils entendaient éclairèrent leur lanterne.

– Mais c'est quoi ce cirque, encore ? rageait un marchand bedonnant. Le convoi ne passera pas par Port-Écume ?

– Une déviation ? s'indigna une femme. Ils veulent vraiment ignorer un des arrêts les plus importants du parcours ?

– Ils sont bons, mes sandwichs, ils sont bons ! scandait un commerçant avec son plateau couvert de nourriture qui se faufilait parmi de potentiels clients. Seulement deux pièces d'argent le sandwich, et trois pièces pour deux !

Bien qu'elle était intéressée par les derniers propos qu'elle venait d'entendre, Bélial commençait à voir rouge. Ces nouvelles présageaient un nouveau contre temps dont elle se serait bien passée. Furieuse, elle marcha d'un pas décidé vers la réception de la compagnie de caravaniers, talonnée de ses alliés qui tentaient de la calmer, sans succès. La foule la laissa passer sans tenter de lui résister, comprenant que la défier aurait été mauvais pour leur santé.
Ils atteignirent le comptoir et firent face à un des réceptionnistes qui avaient les traits particulièrement tirés.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant