Chapitre 54: L'avertissement (Partie 2)

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Bélial hurla de colère en frappant un mur qui se brisa sous l'impact, créant une large ouverture.

– Putain de merde ! Bon, d'accord... J'aime pas ça, mais on va utiliser la... Heu... Le truc de Sieg, là... Gagner sans vraiment combattre...

– La ruse ? suggéra l'alchimiste qui s'inquiétait de voir la barbare avoir du mal avec ce mot étranger.

– Ouais, voilà ! Pour les gars de mon clan, ça s'appelle se pisser dessus, mais je dois avouer que ça peut être utile, parfois ! T'es forte pour ça aussi, non ? Alors je te fais confiance pour le plan !

Farca la regarda avec consternation, se convainquant que la jeune femme ne venait pas de l'insulter volontairement avec ses propos.

– Je vais y réfléchir... finit-elle par articuler avant de se tourner vers Anoro. Avons nous d'autres détails qui pourraient nous être utiles ?

– Oui, mais je vais demander à Diro si... expliqua Anoro avant d'écarquiller les yeux. Ils ont quoi ? Merde, cours ! On va se dépêcher de te rejoindre et...

Le sceau sur la main du soldat crépita, lui arrachant un hoquet de souffrance. Il regarda sa paume avec horreur, voyant la marque présente s'effacer. Bélial lui saisit le poignet et lui demanda ce qui venait de se passer.

– Le lien est rompu... répondit Anoro d'une voix faible. Ça n'arrive que dans deux cas... Soit on a lancé un sort d'annulation sur ma marque pour l'effacer, soit Diro est...

Bélial ne pressa pas le soldat de plus de questions. Il était inutile de lui faire un dessin.

Anoro tendit son carnet à Farca, lui demandant de partager ses trouvailles avec les autres, car il ne sentait pas en état de le faire. La sang-mêlée accepta la tache, étudiant les notes pour exposer la situation le plus clairement possible. Quand elle eut fini son analyse, elle fixa Bélial et Adam avec des yeux aussi ronds que ses lunettes.

– La situation est pire qu'on le pensait...

Sans blague ! On ne s'en était pas rendus compte, ma parole !

La démone fronça les sourcils en grognant, incitant l'alchimiste à développer ses propos.

– Les pirates n'ont pas juste pris possession de la ville... Ils travaillent directement pour le comte qui a fait enlever tout les enfants ! Avec l'appui des gardes et de la plupart des aventuriers encore en vie, les pirates surveillent les gamins à plusieurs endroits, pour obliger les adultes à ne pas se rebeller !

Bélial ne savait pas comment réagir à cette nouvelle. Son peuple n'aurait jamais utilisé de techniques aussi lâches pour avoir ce qu'ils voulaient. Elle n'arrivait pas à concevoir que l'on puisse tomber si bas que l'on menaçait des enfants.

J'ai toujours eu horreur des minables qui osent s'en prendre à des enfants... Ces crevards ne perdent rien à attendre !

– Résultat des courses, enchaîna Farca, c'est que si les autorités donnent l'ordre aux citoyens de s'attaquer à quelqu'un, ils vont au mieux hésiter un instant avant d'obéir ! Ils ont le couteau sur la gorge !

– Question: Où Et Comment Sont Gardés Les Enfants ?

-De ce que j'ai pu lire, ils sont gardés principalement à trois endroits: sur certains navires pirates, dans la prison du comte, et dans un troisième lieu que Diro n'a pas réussi à découvrir. Ils sont nourris par une partie des vivre que les habitants donnent aux pirates. Si les forbans ne reçoivent plus de nourriture, ce sont les rations des enfants qui sautent en premier ! C'est un moyen comme un autre de rappeler à tout le monde qu'ils tiennent toutes les cartes !

– On doit alors trouver le troisième endroit avant de sauver Sieg, c'est ça ?

Surprise par l'intervention de la démone, l'alchimiste acquiesça. Elle avait redouté qu'ils devraient la convaincre de venir en aide aux enfants avant Sieg, mais elle avait sous-estimé son empathie. La sang-mêlée se dit alors que la perte de son clan d'une si cruelle façon avait rendue la jeune femme plus réceptive à la douleur des autres.

– Exactement. Par contre, même si on parvenait à réunir toutes les informations dont nous avons besoin, nous ne pourrons pas agir...

– De quoi ? explosa Bélial. Et puis quoi encore ? Je peux comprendre qu'on doit faire gaffe à la vie des morveux, mais si on sait où ils sont, on pourra les sauver !

– Tous en même temps ?

La question d'Anoro troubla la démone. Le soldat développa son point de vue.

– Dès qu'un des trois endroit sera attaqué, quelque chose me dis que les deux autres seront prévenus, et il deviendra alors impossible de libérer les enfants qui s'y trouvent. Et nous ne pouvons pas nous séparer pour attaquer les trois endroits simultanément. Non seulement la sécurité risque d'y être trop lourde, il faudra ensuite escorter en sécurité de nombreux enfants, et ils ne seront peut être pas en état de se déplacer. Même à quatre, nous ne pourrons pas nous occuper d'un site seul. Sans oublier que l'un d'entre eux est une flotte de bateaux. Il sera plus dur de tous les prendre, et il suffirait que l'alerte soit donnée pour que les navires quittent le port. Sans soutien, nous ne pouvons rien faire.

– Et les habitants auront trop peur de l'échec pour prendre le risque de nous aider... grommela Farca qui en était arrivé à la même conclusion.

– Fort heureusement, Diro a dis qu'il avait réussi à envoyer quelques messages à la capitale. Les autorités en savent autant que nous, alors je pense qu'ils sont en train de préparer des troupes... Si nous leur fournissons plus d'information...

– Et ils arriveront dans combien de temps, hein ? s'énerva Bélial. Tu as vu le temps qu'il nous a fallut pour faire le voyage ! Tu crois que Sieg va tenir aussi longtemps ?

– Diro a conseillé à la capitale d'envoyer un message magique au fort Goruda, à moins de cinquante kilomètres de Port-Écume... expliqua Anoro en essayant de calmer la furie en face de lui. Je ne peux pas confirmer que les renforts viendront bien de là, parce que nous ne pouvons pas recevoir de messages, mais si c'est le cas, il leur faudra au moins deux jours pour envoyer des troupes assez conséquentes pour mener une telle opération.

– Une Fois Qu'Elle Seront Prêtes, précisa l'armure.

Bélial serra les dents, se retenant de leur hurler dessus. Elle savait qu'ils ne parleraient pas d'attendre aussi longtemps s'ils avaient une meilleure alternative. Elle détestait de ne rien faire aussi longtemps, mais elle ne savait pas quoi faire d'autre.

– Merde ! Bon, on fait comme vous le dîtes ! Mais je vous préviens, si on apprends qu'ils vont buter Sieg...

– Nous allons réfléchir à un plan d'urgence pour aller sauver Sieg s'ils décident de l'exécuter, fais moi confiance... promit Farca en levant les mains.

Anoro fronça les sourcils, mais se prit un coup dans les côtes avant de pouvoir protester. La dernière chose que voulait la naine, c'était de voir la démone charger le bastion ennemi sans plan.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant