Chapitre 65: La ruse du revenant (Partie 1)

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Sieg agrippa Lainabe par sa gorge spectrale, et le souleva, propageant sa lumière en lui. Bélial relâcha le corsaire, ne voulant pas gêner son partenaire, et observa la scène en croisant les bras. L'écarlate approcha le visage du fantôme au sien, et plongea son regard dans celui du spectre.

– Tu as trente secondes pour me dire comment tu contactes Saga ! lui intima Sieg. Vous devez bien avoir un moyen de communiquer, non ?

Lainabe hésita. Jusqu'ici, les informations qu'il avait données étaient assez floues pour ne pas causer du tort à Saga. Mais on lui demandait maintenant de révéler un moyen de joindre le mage, voir même d'espionner ses conversations. Le corsaire connaissait le bretteur, il saurait trouver un moyen de retourner un savoir aussi vital à son propre avantage. Le spectre se doutait qu'une telle trahison ne serait pas aisément pardonnée par celui qui l'avait ramené d'entre les morts.

Le pirate détourna son regard de celui de Sieg, réfléchissant à un moyen de le tromper et garder secret le moyen de joindre Saga. L'épéiste devait en aucun cas mettre la main sur la pierre de communication qu'Elyren gardait en permanence sur...

En pensant à ce détail, le spectre lutta de tout son être contre la tentation de fixer le manteau rouge que tenait la barbare. Lainabe savait que l'elfe s'était amusé à le porter récemment. L'inconscient aurait-il mis la pierre dans une de ses poches ? La brute qui le fixait d'un air bête détenait-elle l'objet de la convoitise du bretteur ?
Sentant la panique le gagner, le pirate évaluait les probabilités que la situation soit aussi critique. Il devait maintenant les mener sur une fausse piste, qu'ils ne s'intéressent pas à la pierre s'ils la trouvaient par inadvertance. Juste démentir l'existence d'un moyen de contacter Saga ne satisferait pas Sieg, il fallait le convaincre que la piste était perdue.

– Tu... Tu me promets... de ne pas m'exorciser... si je parles ? supplia le fantôme dans l'espoir que cela convainc Sieg que ces prochains mots seraient la vérité.

Le regard de l'écarlate se fit bien plus dur, comme si cette demande à elle seule constituerait une bonne raison de l'envoyer dans l'au-delà sans autre forme de procès.

– J'ai vu comment tes hommes traitaient ces enfants... lui cracha au visage le bretteur. Les horreurs qu'ils ont commis sous tes ordres... Qu'est ce qui te permet de croire que le pardon te sera jamais accordé ? Donne moi ce que je veux, et je peux te garantir de t'exorciser immédiatement. Dans le cas contraire, je te jure que tu payeras pour chacun de tes crimes, sans exception ! Me suis-je bien fais comprendre ?

Lainabe hésita à tout lui avouer face à cette menace, mais se retint. Si Saga apprenait qu'il avait dévoilé un tel secret, le mage ferait revenir son âme dans le monde des vivants pour le simple plaisir de le torturer. Des deux alternatives, le corsaire savait laquelle était préférable.

– Le miroir ! s'écria le fantôme en désignant les étages supérieurs. Celui dans le bureau du comte ! Il est enchanté, connecté à un autre en possession de Saga !

Le corsaire savait que la supercherie serait vite découverte s'il ne faisait rien. Il espérait réussir à profiter d'un instant d'inattention de Sieg pour briser la glace avant que l'épéiste ait pu l'examiner. Ce dernier croirait que Lainabe avait voulu lui priver du moyen d'espionner Saga, et ne chercherait pas un autre moyen d'épier les conversations de Saga.

Sieg fronça les sourcils, pensif. Il demanda à Bélial de sécuriser le fantôme pour l'amener avec eux. Le bretteur tenait à ne l'exorciser qu'une fois ses dires confirmés.

– Ils sont là ! Abattez les deux intrus !

Surpris, le trio tourna le regard vers un bout du couloir où venaient d'apparaître un groupe armé. Sieg reconnut immédiatement les pirates qui avaient fuis un moment plus tôt, accompagnés de leurs congénères et d'aventuriers. Des arcs et des arbalètes les tenaient en joue, pendant que des sorts étaient incantés.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant