Chapitre 24: Une menace antique

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Ils avaient faim.

Cavalier et monture erraient depuis si longtemps dans cette forêt qu'ils en avaient oublié la lumière du soleil. Dévorant les créatures qui vivaient là, ils s'étaient imposés en tant que prédateur alpha, écrasant même les humains qu'ils croisaient.

Ils avaient encore faim.

Ils commençaient à comprendre qu'ils ne pourraient pas rester ici plus longtemps, pas après avoir chamboulé l'écosystème de la forêt. Il n'y aurait bientôt plus assez à manger pour combler leur appétit sans limite.

Ils avaient toujours faim.

Ils sentirent une odeur alléchante. Cavalier et monture se ruèrent dans la direction d'où venait cette senteur qui leur promettait un délicieux repas. La source de l'odeur était à des kilomètres d'eux, mais leurs sens étaient si aiguisés qu'ils auraient pu la sentir de bien plus loin encore. Affamés, ils se régalaient d'avance du festin qui les attendait, impatients de déchiqueter la chair et briser les os.

Ils auraient bientôt moins faim.

Pour un temps.

 ***

Sur leurs gardes, les trois voyageurs avançaient lentement. Ils scrutaient chaque ombre suspecte, et se tenaient prêts à affronter toute menace qui pourrait se présenter à eux. Bien que peu de rayons solaires passaient à travers la masse feuillue qui s'étendait au dessus de nos héros, il ne faisait pas encore assez sombre pour qu'ils soient contraints d'éclairer leur chemin eux même, mais le soleil n'allait pas tarder à se coucher. Ils devraient bientôt produire leur propre lumière, ce qui les rendrait plus visibles qu'ils le voudraient.

Ils n'avaient pour le moment rencontré aucun être vivant, mais ils se doutaient que certaines des créatures qui erraient parmi ces arbres seraient capables de les traquer sans qu'ils puissent s'en rendre compte.

La barbare fut chargée de tirer le cheval par la bride, l'équidé étant susceptible de détaler si un danger trop grand se présentait soudainement. Ils comptaient sur la poigne d'acier de la démone pour éviter qu'il ne s'enfuit avec tout leur équipement.

Après quelques heures d'excursion, Farca annonça qu'ils n'étaient plus très loin du lieu de leur prochain campement, mais elle était inquiète.

– C'est bizarre... Je suis bien contente qu'on ait pas rencontré de problèmes, mais... On devrait au moins entendre des sons ! La dernière fois que j'étais venue ici, j'entendais le tapage de pas mal de bestioles, et pas juste les oiseaux dans les arbres ! Mais là, rien ! Silence complet !

– Ce n'est pas normal, effectivement... acquiesça Sieg. Un tel calme...

– Ouais, on se fait chier ! s'énerva Bélial. Une petite baston nous ferait beaucoup de bien !

– Parles pour toi ! se plaignit l'alchimiste. Moi, je veux qu'on puisse enfin se reposer ! Mes pieds me font un...

– Attendez ! l'interrompit la brute. Y a du bordel devant !

Faisant confiance aux sens de Bélial, les deux autres se turent. Sieg dégaina sa lame et Farca sortit trois sphères de son sac avec un regard soucieux. Prêtant l'oreille, ils commençaient enfin à distinguer des sons qui venaient de devant eux. Ils s'en approchèrent avec prudence, reconnaissant maintenant des voix qui attestaient qu'ils allaient croiser des créatures pensantes. Ils s'arrêtèrent à une douzaine de mètres de la clairière qu'ils voulaient rejoindre, et observèrent le groupe qui s'y trouvait déjà.

Un grand campement y était établi, occupé par un régiment de soldats affairés ci et là, à peine éclairés par des torches qui chassaient les ombres de la nuit tombante.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant