Prologue

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Tout n'était que ruine et chaos.

Le plafond s'effondrait comme si un groupe de trolls ivres dansait à l'étage d'au-dessus, et les murs se lézardaient de failles qui s'étendaient à vue d'œil.
Le sol devenait de plus en plus instable, à mesure qu'il se craquelait et menaçait de céder.

De chaque couloir résonnaient les cris de panique et les plaintes des victimes qui risquaient de finir ensevelies à n'importe quel moment. Certains avaient déjà fini sous les décombres, et d'autres tentaient de les tirer de là.

La tâche tenait plus souvent du déni et de la folie que du courage et de l'abnégation, car rares étaient ceux qui avaient survécu aux effondrements, souvent de façon douloureusement évidente.

Au milieu de cette scène de désolation, une jeune femme courait.

Quelqu'un qui la connaissait aurait pu affirmer qu'elle était passée maître dans cette discipline. Elle avait grandi en courant d'abord après ses amis, puis en pourchassant ses ennemis et ses proies. Récemment, elle avait appris à fuir, et elle détestait cela plus que tout.
Cependant, si la jeune femme était douée pour la course, c'était loin d'être là qu'elle brillait le plus. Ceux qui ne détalaient pas assez rapidement l'apprenaient bien vite en général. Et ceux qui la rattrapaient tendaient à le regretter.

Elle courrait vers sa nouvelle cible, évitant les obstacles qui se dressaient sur son chemin, et dirigeait son regard vers le plafond en guettant les éboulements. La coureuse ignora les cris et les appels à l'aide qui lui parvenaient de toutes les directions.

Elle savait qu'elle ne pouvait pas se permettre de perdre du temps, même pour sauver des vies.
Si elle le faisait, la ville, si ce n'est le pays, serait perdu.

L'énergique demoiselle dérapa en tournant à une intersection, prenant appui sur un mur pour se propulser dans la direction qu'elle désirait. Sa longue cape de voyage dansait derrière elle quand elle bougeait, et accompagnait chacun de ses sauts et autres acrobaties.
Pour une fille des montagnes, ce terrain accidenté n'était qu'une formalité.

Cinq gardes apparurent devant elle et la pointèrent du doigt.
Même si son visage était caché par sa capuche, ils n'avaient pas eu de mal à la reconnaitre, et prenaient des positions de combat.

Quel professionnalisme ! déclara sarcastiquement une voix éthérée. La capitale est au bord de la destruction, le palais ne sera plus qu'un champ de ruine, mais les gardes n'oublient pas que tu t'es introduite ici sans leur permission ! Un peu plus, et on pourrait penser qu'ils en pincent pour toi !

Ignorant le commentaire peu productif qu'elle seule avait pu entendre, l'encapuchonnée accéléra sa course pour rejoindre le garde le plus proche.

Il pointait sa lance vers elle, mais la vaillante fit un pas de côté au dernier moment sans ralentir, donnant l'impression qu'elle glissait le long de son arme. Elle le gratifia d'un coup de genoux au ventre avant de passer au garde suivant qui abattait son épée vers elle.
La combattante agrippa le poignet de l'épéiste avant de faire pivoter sa main de quatre-vingt-dix degrés. L'écœurant bruit d'os brisé, suivi d'un hurlement de souffrance, figea de terreur les trois autres gardes qui voyaient la furie fondre vers eux.

Le plus brave d'entre eux se dressa entre ses camarades et leur ennemie, bouclier levé. Cette dernière sourit, amusée par cette courageuse tentative désespérée. Elle tendit les muscles de son bras droit. Le garde au bouclier eut à peine le temps de remarquer qu'une énergie obscure recouvrait le bras de son assaillante avant qu'elle ne l'attaque. Elle frappa le bouclier avec tant de force que l'épaule du garde se déboita sous le choc. Sa protection fut plaquée violemment contre lui, brisant quelques côtes malgré son armure, et il décolla en arrière.

Déicide - Volume 1 - Défier le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant