A. Dantes

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-Base Dantes, ici navette impériale alpha-deux-six. Demande permission d'atterrir.
-Négatif alpha-deux-six. Le soleil se couchera dans trois minutes, restez en stand-by jusqu'à la nuit.


Menton posé sur son poing, Varig suivait distraitement l'échange à travers son communicateur tout en observant le monde désertique qui occupait une bonne partie du hublot.

Némésis, planète forteresse de l'Empire. Un an seulement s'était écoulé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, pourtant ça lui semblait remonter à une autre vie. Tant de choses avaient changé depuis...


À commencer par son moyen de transport. L'intérieur de la navette ressemblait à un bureau luxueux, avec moquette, boiseries et même un panneau entièrement recouvert d'holo-écrans. Seuls les hublots rappelaient qu'on était dans l'espace, le poste de pilotage étant séparé de la cabine par un sas. L'appareil était un des nombreux privilèges de son nouveau rang au sein de l'Empire.


-Navette alpha-deux-six, le bouclier est désactivé vous êtes autorisés à vous poser plateforme 14, annonça soudain l'opérateur au sol.

-Bien reçu base Dantes, on commence notre approche, répondit sa pilote avec professionnalisme.


Varig sentit le vaisseau changer de cap, et la planète disparut dans le hublot, éclipsée par son satellite, la lune artificielle Dantes.

La surface était noire comme du charbon, brûlée par les radiations solaires. Les nuits n'y duraient que quelques minutes, et en dehors du bouclier de la base même un scaphandre blindé ne suffisait pas à résister au rayonnement. À cause de cette caractéristique l'Empire avait fait de Dantes une prison réputée inviolable.


Alors qu'ils approchaient de la base, le visage de Varig se refléta dans la vitre du hublot et il fixa silencieusement ses pupilles. La lumière du Nihilithe avait laissé sa marque dans son iris, coloré d'un rouge sanglant depuis qu'il avait donné le fragment à l'empereur. Oui, bien des choses avaient changées...


La navette toucha le sol, tirant le jeune homme de ses pensées. Il ôta sa ceinture et se leva, rajustant machinalement son col avant d'enfiler sa casquette règlementaire.


Son uniforme aussi avait changé. D'une blancheur éclatante, la tenue des chevaliers impériaux était un mélange contre-nature entre une tenue d'apparat et une combinaison de combat. Seul l'insigne impérial à sa poitrine apportait une touche de couleur. Même l'étui du pistolet et le fourreau de l'épée symbole de son rang étaient immaculés.


Sa combinaison noire de soldat lui manquait parfois, mais il s'estimait heureux d'avoir échappé à la cape.


-Ouvrez la rampe, ordonna-t-il à sa pilote dans son communicateur.


Le vaisseau avait atterri sur une plateforme mobile qui était  descendue à l'intérieur d'un hangar dont  le toit s'était refermé. Une demi-douzaine de gardiens en uniformes gris attendait là, tous lourdement armés. Ils étaient vêtus chaudement et portaient des chapkas fourrées, à l'exception de l'officier à l'air nerveux qui faisait les sans pas devant eux, sa casquette dans les mains.

Varig réprima un sourire; il avait encore du mal à s'habituer à la fébrilité que sa présence provoquait chez ceux qui étaient encore ses supérieurs quelques mois plus tôt, mais c'était plutôt agréable.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant