I. Héros - quinzième partie

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L'observatoire tout entier semblait vibrer aux rythme des sursauts furieux du combat qui se déroulait entre ses murs, perturbant la progression de Varig et de Red. Les deux thrawniens dévalaient les marches de l'escalier aussi vite que possible, mais chaque secousse manquait de leur faire se rompre le cou. Les cris, les coups de feu et les explosions leurs parvenaient à peine assourdis, déclenchant un afflux d'adrénaline.


-Qu'est-ce qui se passe? cria la femme qu'ils avaient croisé un peu plus tôt à travers la cage d'escalier.


Varig se pencha brièvement par dessus la rambarde pour compter les étages, mais ne prit pas la peine de lui répondre. Cet arrêt permit à Red de rattraper son retard. Ils continuèrent leur descente.


-Les civils arrivent en masse dans le sous-sol, signala Mash dans son communicateur. C'est la panique, on doit bouger!

-Reçu, répondit le chevalier. Dirigez vers...

-Hé, cria la femme qui grimpait à leur rencontre. Qu'est ce qui se passe!?


Une puissante explosion éventra soudain la cage d'escalier, engloutissant la malheureuse dans un nuage de gravats et de poussière.


Déstabilisés par la secousse, les deux thrawniens tombèrent, se protégeant comme ils pouvaient. Red parvint à saisir une rambarde pour stopper sa chute, mais Varig dévala les marches roulé en boule, jusqu'à ce qu'il percute le mur du palier inférieur.


Le chevalier se redressa. Heureusement la tenue de vol avait absorbé le gros des chocs et avec l'adrénaline il ne sentait plus vraiment la douleur.


-Red, ça va? lança-t-il.

-Impec, répondit cette dernière d'un ton maussade en se redressa à son tour.


Varig se pencha vers le vide. Au delà du palier l'escalier n'existait plus; il s'était proprement effondré, comme croqué d'un coup de dent par un géant affamé. Plusieurs mètres en dessous une large fissure éclairait la poussière en suspension de lueurs fauves; les étages inférieurs étaient bloqués par un énorme tas de gravats.


-On ne va pas pouvoir descendre par là, constata le chevalier. Il faut...


Il sentit soudain le sol bouger sous ses pieds et un craquement sinistre se produisit. Varig tenta de reculer, mais le palier s'effondra d'un coup, le happant dans le vide.

La chute fut courte, juste assez longue pour qu'il ai le réflexe de se tendre ses muscles. Le jeune homme tomba lourdement sur un tas de gravats et roula jusqu'en bas de la pente. Sa chute fut amortie par un objet mou.

Varig mit un instant à comprendre qu'il s'agissait d'un cadavre. Il trébucha en arrière, pataugeant dans le sang encore frais, et se trouva adossé aux gravats tombés du large pilier abritant l'escalier d'où il était tombé. Il regarda autour de lui, découvrant une scène de cauchemar.


De multiples incendies éclairaient la grande salle de l'observatoire, se reflétant sur l'énorme télescope doré qui occupait une bonne partie du dôme. L'air était saturé par l'odeur de la chair brûlée et d'hydrocarbure; des cadavres étaient étendus un peu partout.

L'accès au sous-sol était bloqué par un véritable monticule de corps, ceux des civils qui avaient tenté de fuir avant d'être mis en pièces à la mitrailleuse par une machine sans âme ni pitié.


Le regard de Varig ne s'arracha à ce spectacle que pour suivre les deux gardes de la sécurité qui courraient sur les passerelles entourant le dôme. Un vacarme de métal froissé les suivait, mais le chevalier ne voyait pas leur poursuivant.


-Varig, ça va!? cria Red à travers la cage d'escalier


Le mécaraignée apparut, solidement accroché au télescope grâce aux griffes de ses pattes. Les gardes ne prenaient même plus la peine de tirer vers elle, à moins qu'ils n'aient déjà épuisé leur faible stock de munition. Ils avaient beau courir, la chose bougeait à une vitesse terrifiante; elle s'arrêta et leva sa "tête" pour déverser un torrent de feu sur la passerelle. Les deux malheureux s'embrasèrent comme des torches, hurlant de douleur et battant des bras. L'un des deux tomba face contre terre et continua à remuer quelques secondes, tandis que son collègue passait par dessus la rambarde. Il ne cessa de hurler que lorsque son corps se fracassa sur le sol. 


Varig contourna le pilier, pataugeant dans le sang qui couvrait le sol. Il espérait que le mécha ne l'avait pas vu.


-Red dégage, ordonna Varig dans son communicateur. Retourne sur le toit et essaie de trouver une issue.

-Mais... commença-t-elle.

-Discute pas! trancha-t-il. Sergent, cette machine est trop grosse pour les sous-sols. Pour le moment restez à couvert.


Une voix criait des insultes, et deux coups de feu claquèrent. Le vrombissement d'une rafale de gros calibre fit taire le tireur. Le mécha était encore occupé, ce qui était plutôt une bonne nouvelle pour Varig. Ce dernier chercha une issue du regard, tentant d'ignorer les regards sans vie des cadavres. En quelques minutes, le monstre de métal avait causé un vrai massacre, et sans armes lourdes les survivants de la sécurité n'avaient aucune chance de l'arrêter; il fallait qu'il se sorte de cet enfer...


La brèche ouverte par la mécaraignée avait ensevelit la porte principale. Il pouvait encore sortir par là; il suffisait d'escalader un monticule de débris pour atteindre l'extérieur, risqué mais ça semblait être sa meilleure option. Seulement il y avait une bonne cinquantaine de mètres à découvert entre lui et cette sortie...

Il risqua un coup d'œil prudent hors de son abri. Aucun signe de la machine...


S'interdisant de réfléchir plus longtemps et de laisser passer sa chance, il se mit à courir. 

Il devait éviter les nombreux corps sur sa route, ralentissant sa progression. Son sang battait à ses tempes au rythme de son cœur, et l'adrénaline inondait ses veines. Encore trente mètres. L'air saturé brûlait sa gorge mais il n'était pas essoufflé grâce à ses nouvelles capacités physiques. Vingt-cinq mètres. Il bondit au dessus d'un feu chimique sans ralentir. Vingt mètres...


Une grande masse sombre entra soudain dans le champ de vision de Varig qui plongea sur le côté, évitant de peu d'être écrasé par la chose qui atterri dans un vacarme épouvantable. 


Les amortisseurs des pattes de la mécaraignée avaient absorbés sa chute sans difficulté et elle pivota vers le chevalier dans un horrible cliquetis de métal. Une griffe s'abattit droit sur lui et il roula sur le côté une fraction de seconde avant qu'elle ne l'empale. Presque aussitôt la patte remonta et frappa de nouveau, mais il évita le coup, profitant de son élan pour se redresser.


La machine lui faisait face, dardant sur lui des dizaines d'yeux électroniques.


Soudain elle se dressa en arrière et abattit ses pattes avant avec une vitesse que l'on n'aurait pas soupçonné, faisant éclater le marbre du sol dans un nuage de débris et de poussière.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant