La Dernière Étoile - Tome 1: Ascension

H. Aurélia - dernière partie

Une fois la communication avec Varig coupée, J se leva de son siège et s'étira. Le poste de pilotage de la navette lui laissait largement assez d'espace pour ça; c'était un des nombreux avantages qu'offrait un vaisseau de luxe. Même si rien ne valait la maniabilité d'un chasseur, il appréciait de piloter un appareil aussi bien équipé.

-Une autre partie? lui proposa Delta_08, assis dans le siège du copilote.

Le droïde battait habilement un jeu de carte entre ses mains mécaniques, mais le regard de J était irrésistiblement attiré par les câbles qui lui sortaient de la tête et allaient se perdre sous le tableau de bord du vaisseau. Cette installation permettait à Delta d'accéder au réseau de la ville et d'y chercher toutes sortes d'informations utiles à l'équipe, mais le soldat la trouvait dérangeante; c'était comme parler à quelqu'un avec le crâne ouvert.

-Non, je suis sûr que t'as triché à la dernière, grommela-t-il.

-Je vous laisserai gagner celle-là, précisa Delta. Une nouvelle défaite nuirait à votre estime personnelle et diminuerait votre efficience en mission.

J émit un ricanement nerveux. Être consigné à bord de la navette avec un droïde de combat qui jouait aux cartes pour seule distraction n'était déjà pas très drôle, mais se faire prendre en pitié par ledit androïde était encore plus humiliant.

-Si t'étais pas du matériel impérial, je te désactiverait, lança-t-il en le désignant de l'index. Tes programmeurs avaient vraiment un problème...

-Si vous n'étiez pas du personnel impérial, je couperais vos fonctions vitales, répliqua le droïde en reproduisant sa gestuelle et son intonation. Vos parents avaient vraiment un problème...

Le soldat resta un instant interloqué avant d'éclater de rire.

-Finalement je crois que je t'aime bien, lâcha-t-il en assénant une tape amicale sur l'épaule du droïde. Je vais voir Carlsson, on se fera cette partie après.

-Reçu, j'attends votre retour avec un facteur d'impatience de 36,8%.

J traversa le sas qui séparait le poste de pilotage du reste du vaisseau et se dirigea vers un des murs. Il posa sa main sur un panneau que rien ne différenciait des autres et entra un code sur le clavier holographique qui était apparu.

Une trappe s'ouvrit au milieu de la moquette, révélant une cache aménagée entre le générateur de bouclier et la réserve de deutérium du vaisseau.

Contrairement au reste de la navette, l'installation n'était équipée que du strict nécessaire: un lit moulé dans le métal de la coque, des toilettes et une douche. Quelques armes s'alignaient sur un râtelier et le treillis de Carlsson traînait sur le sol.

Surpris, J constata que l'ouverture de la cache n'avait pas suffit à réveiller l'agent du BSI. Il mima un pistolet avec ses doigts, visa la silhouette endormie et fit mine de tirer.

-Boum, murmura-t-il.

Il sourit et baissa son "arme" avant de dévaler bruyamment les marches menant au réduit.