J. Requiem - première partie

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Après être retourné à bord du Spectre, Varig aurait voulu s'enfermer dans sa cabine, manger puis dormir de longues heures. Hélas il savait que les choses ne se passeraient pas ainsi.

Il fut d'abord amené à l'infirmerie, sans avoir la force de refuser l'examen.


Le docteur Leroy poussa un juron en voyant le sang qui maculait sa tenue et le fit allonger sur une table. Une machine cautérisa ses blessures au laser tandis que le médecin s'activait auprès de Mash.

Varig ferma les yeux ce qui lui parut être un instant. À son réveil, le scientifique était penché sur lui, les traits tirés.


-Vous avez été sérieusement blessé, annonça-t-il brutalement. J'ai refermé les plaies, et votre constitution... Disons hors normes devrait faire le reste.


Le chevalier se redressa sur les coudes, cherchant Mash des yeux.


-Il va bien, précisa Leroy en devinant ses pensées. Le sergent se repose dans sa cabine et je vous recommande de faire de même, au moins quelques jours... Enfin je ne sais même pas pourquoi je dis ça, vous ne m'écoutez jamais.


Varig ne répliqua pas. Au lieu de ça il se recoucha et ferma les yeux.


-Vous... Vous allez bien? demanda soudain le médecin d'une voix inquiète.

-J'ai perdu un de mes hommes là bas, déclara-t-il abruptement. Non docteur, je ne vais pas bien.


Le chevalier rouvrit les yeux. Il se sentait vidé, épuisé.


-Je n'ai jamais demandé à commander,  poursuivit-il. Mais aujourd'hui mes choix décident de la vie ou de la mort. C'est... Écrasant. Je crois que je ne le comprend que maintenant.


Le médecin resta silencieux de longues secondes puis s'assit sur la table d'examen, à côté de lui.


-J'ai passé mon diplôme de médecine pour me consacrer à la recherche, lâcha-t-il d'un ton égal. En fait je ne suis pas un vrai médecin, et d'ailleurs je n'avais jamais prévu de soigner quelqu'un. Mais avec la guerre d'U-Nation tout le personnel ayant une formation médicale a été réquisitionné pour les hôpitaux, moi y compris. J'ai perdu un patient dès ma première journée de travail, pourtant j'ai dû continuer. Peut-être que ça n'a rien à voir, mais je crois que je sais ce que vous ressentez là maintenant.


Il tourna la tête vers Varig, lui offrant un pâle sourire.


-Votre corps guérit à une vitesse surhumaine mais cette blessure là... Demandera sans doute plus de temps. Un homme est mort, et vous vous sentez responsable parce que sa vie vous avait été confiée. Mais d'autres patients... Soldats vous attendent et comptent sur vous, c'est pour eux que vous devez continuer. Désolé de ne pas avoir plus à vous offrir que ça.


Le chevalier ne dit rien, puis il se redressa. Sa tête lui tournait, mais il se sentait assez solide pour se lever. Leroy l'aida à se mettre sur ses jambes.


-Je dois aller me reposer, ordre du médecin, lâcha Varig. Et Nigel... Merci. Pour tout.


L'autre ne sembla pas savoir quoi répondre et se contenta de hocher la tête. Pris d'une subite inspiration, le chevalier ajouta:


-Il y a deux civils à bord, tel que je connais Carlsson il a déjà dû les placer à l'isolement. Pouvez vous les examiner et vous assurer qu'ils sont bien traités? S'il y a un problème appelez moi.



La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant