D. L'équipage

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Suivant les instructions de la professeure Jedora, l'escouade s'était enfoncée dans la station. D'abord à travers des coursives étroites, puis le long d'un couloir assez large pour qu'un petit transporteur y vole sans toucher les murs ni le plafond.

C'était un tuyau de maintenance permettant de répartir la charge d'énergie colossale du canon à graviton, l'arme principale de la station. Pour l'heure il était inutile en l'absence de courant.


Un silence pesant régnait, amplifié par l'absence de lumière et de l'habituelle vibration rassurante produite par les moteurs. Seuls les craquements métalliques de la coque se faisaient parfois entendre.

Tous ses sens aux aguets, Varig sursauta quand leur guide s'exclama soudain:


-Ah, voilà ce que je cherchais!


Sa voix résonna, rebondissant sur les murs. Le jeune soldat serra plus fort son arme; cet endroit le mettait mal à l'aise. Ils auraient déjà dû trouver des signes de l'équipage depuis longtemps... Où étaient les occupants de la station? Il hésita à poser la question au sergent, le seul à recevoir les communications du commandement, mais la discipline le poussa à tenir sa langue.


Ils s'étaient arrêtés devant une cloison métallique que rien ne semblait différencier des autres. Aidée par Nigel, la professeure mit en place une sorte de charge explosive sur le mur. Un liquide brillant était contenu dans une capsule qui se fixa à la cloison grâce à un long foret. L'engin projeta des étincelles en pénétrant la ferraille, dont gémissement résonna sinistrement contre les murs.


-La console a été privée de sa source d'énergie, expliqua le scientifique tandis que l'appareil injectait son contenu dans la brèche. Nous allons y insuffler un mélange de nanites pour pouvoir accéder aux données de l'ordinateur sans source d'approvisionnement extérieure.


Tandis qu'il parlait, l'escouade avait instinctivement formé un demi cercle autour des deux civils. Agenouillés, les soldats scrutaient les ténèbres, que leurs lampes peinaient à percer. Ils étaient inhabituellement silencieux; tous ressentaient le même sentiment diffus de menace. Pourtant tout était calme, calme comme un tombeau...


Seul Delta ne semblait pas affecté, ce qui n'avait rien d'anormal. Son logiciel n'incluait pas la peur.


Après quelques instants, une partie de la cloison coulissa, révélant un petit réduit aux parois couvertes de consoles. Sans doute un sas de maintenance... Les écrans brillaient de la même lueur bleuté que le liquide déversé dans la cloison par les scientifiques.

Nigel réussit à s'y glisser péniblement malgré sa combinaison encombrante et commença à pianoter sur les claviers autour de lui. Il respirait bruyamment et suait à grosses gouttes; se retrouver dans un espace aussi confiné le rendait encore plus nerveux que les couloirs déserts plongés dans le noir.


-Professeure? réclama soudain le sergent. Puis-je vous parler une minute?

-Bien sûr, répondit-elle.


Ils parlaient à voix basse, mais le silence dans le couloir était si épais que toute l'escouade pouvait suivre leur dialogue sans effort.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant