6. Nihilium - première partie

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Les soldats l'appelaient "la zone". Vu de l'orbite, le phénomène était impressionnant; on aurait dit un œil noir. En réalité il s'agissait d'un maelstrom de nuages orageux s'étalant sur des centaines de kilomètres.


Quelques semaines plus tôt pourtant, Maridun n'était qu'une planète banale, un monde jungle inhabité comme il en existait des milliers. Une de mes flottes d'exploration l'avait découverte par hasard, détectant un faible signal en surface. L'équipe scientifique pensait trouver une vieille épave, mais ce qu'ils avaient exhumé était d'une toute autre nature...

Désormais l'artefact était au cœur de la zone, qui s'étendait de jour en jour.


Une voix me tira soudain de mes pensées.


-Mon seigneur? Nous allons atteindre le point de largage.


Après un dernier regard vers la planète, je me détournais du hublot.


-Très bien j'arrive, répondis-je en enfilant le casque réglementaire des soldats de choc.


La baie de largage ressemblait à une ruche d'insectes métalliques. Des dizaines de modules de largage y étaient stockés dans des alvéoles, prêts à être envoyés sur une planète ou à aborder un vaisseau ennemi.

Aujourd'hui alors que c'était moi qui portait l'armure et me préparais à sauter depuis l'orbite à bord d'un de ces engins, je me félicitais d'avoir investit dans du matériel robuste.


Prenant place à bord du module qui m'était destiné, je me tassais tant bien que mal dans l'espace exiguë.


-Faisons un dernier point, lança le sergent tout en vérifiant mes équipements en quelques gestes précis. La zone flingue tout ce qui est électrique mais ce module a été modifié pour voler sans ordinateur. L'unité larguée avant vous a atterri sans dommage, mais avec une marge d'erreur, trente à soixante kilomètres. Une fois au sol utilisez vos fusées de détresse et un hélicoptère viendra vous récupérer.

-Hélicoptère? demandais-je.

-Des véhicules volants intra-athmosphère. On en modifié quelques uns spécialement pour la zone, mais le climat les empêche de s'approcher trop près de l'objet. Voilà, vous êtes paré. Plus qu'à attendre le signal.


Bien qu'il porte un casque sur son visage, je le sentais détendu et son attitude avait quelque chose de profondément rassurant. On voyait qu'il avait fait ça un bon millier de fois.


-Merci sergent.

-De rien, répondit-il. Je fais mon boulot. Mais sauf votre respect, on a des centaines de gars à bord qui pourraient prendre votre place. Pourquoi de descendre vous même? Je comprends pas...


Je souris sous mon casque. Ce sergent avait sans doute déjà vu bien plus intimidant que son empereur, et me parlait avec une franchise que je me surpris à trouver agréable.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant