C. Juste une illusion?

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Varig était descendu à l'infirmerie d'un pas vif, le visage fermé.


-Qu'est-ce qui se passe? lança-t-il en franchissant les portes vitrées du sas qui séparait le bloc médical du reste du vaisseau. Un problème avec mes recrues?


Le maître des lieux sursauta, manquant de se taper la tête contre un coûteux spectromètre en levant le nez trop brusquement de son microscope. Mais il se reprit rapidement; le chevalier impérial avait beau commander le vaisseau, l'infirmerie était son domaine. Après tout il portait une blouse blanche! Il était médecin de bord et scientifique. Deux bonnes raisons de lui obéir sans protester, non?


-Ils sont un peu affaiblis par leur hibernation forcée, répondit-il. Mais avec les fortifiants que je leur ai donné ils devraient vite être en pleine forme. Ce n'est pas d'eux dont je voulais vous parler.


Une vague de soulagement traversa Varig. Si un des membres de son ancienne escouade était tombé malade suite à la cryostase il se serait sentit affreusement coupable... Mais l'agacement chassa vite ce sentiment quand il comprit pourquoi le scientifique l'avait fait descendre.


-Nigel... lança-t-il d'un ton d'avertissement.


Son interlocuteur l'ignora en rassemblant toute l'autorité dont il était capable.


-Cela fait presque une semaine que vous repoussez sans cesse votre check-up pour des raisons de plus en plus fantaisistes, accusa-t-il. Maintenant ça suffit! De quoi avez vous peur à la fin?


Vous étiez sur Charon avec nous, vous devriez savoir ce qui me fait peur! faillit-il lui crier Varig en serrant les poings. Peur de savoir ce que m'a fait le Nihilithe, de finir comme Appollyon ou de la professeure Jedora qui scrute chacun de vos résultats en regrettant de ne pas pouvoir me découper en morceaux pour la science...


-Je n'ai pas le temps, répliqua-t-il à la place d'un ton glacial. Mon corps va bien, je me sens bien. Fin du check-up, merci docteur Leroy et bonne journée.


Il se détourna et marcha d'un pas décidé vers la porte, mais celle-ci se verrouilla brusquement devant lui. Il se retourna vers Nigel, qui tenait une télécommande dans la main, l'air épouvanté de sa propre audace.


-Quelques minutes, implora-t-il. Une prise de sang, un test de réflexes et un scan crânien, c'est tout ce que je demande pour vous ficher la paix. S'il vous plait.


Varig soupira. Nigel le harcelait depuis des jours; il était fatigué de chercher à lui échapper, ce qui n'était pas évident sur un vaisseau aussi petit que le Spectre.

Vaincu, il s'assit sur un des lits médicalisés de l'infirmerie et releva sa manche.


-Vous avez cinq minutes, lâcha-t-il.


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Varig esquiva un direct en se penchant sur le côté comme un boxeur et riposta aussitôt en enchaînant rapidement un crochet dans l'estomac puis un uppercut au menton. Son adversaire recula, déstabilisé, mais le second opposant du chevalier en profita pour le frapper dans le creux du genou, le faisant chuter sur le dos.

Le chevalier roula sur le côté pour esquiver un coup de poing qui plongeait droit vers sa tête et se servit de son élan pour venir frapper son adversaire en pleine tempe, le projetant au sol.  Il bondit alors pour se mettre à califourchon sur son torse et profita de sa position dominante pour lui asséner deux directs au visage, avant de saisir sa tête à deux mains et de lui briser les cervicales dans un craquement sinistre.


Mais son premier assaillant revenait déjà à la charge dans son dos et passa son bras autour de sa gorge, le tirant en arrière pour l'étrangler. Varig prit appuis sur le sol et se propulsa dans un salto improbable, échappant à la poigne de son adversaire qui tomba lourdement sur le dos, entraîné par sa propre force. Il fit mine de se relever mais le chevalier le cueillit d'un coup de pied en pleine face. Il encercla ensuite son cou avec ses jambes tout en saisissant sa main et se laissa tomber au sol, serrant de toutes ses forces. Au bout de quelques secondes une diode rouge s'alluma dans les yeux de son opposant qui se relâcha complètement, signalant la "mort" du droïde.


Le chevalier le libéra et souffla quelques instants en fixant le plafond de la salle avant de se redresser. Il enjamba le robot d'entraînement inerte dont la tête avait fait un tour complet et vomissait des étincelles pour rejoindre le fond de la salle où il récupéra une serviette et une bouteille d'eau. Il but longuement avant de laisser courir son regard sur ce qui l'entourait.


En tant que vaisseau expérimental de la marine Thrawnienne, le Spectre profitait d'équipements que ne toucheraient jamais les vaisseaux standards. La salle de sport faisait partie de ceux-là.

Maintenue dans des niveaux de gravité légèrement supérieurs à la normale, la pièce disposait de nombreux appareils allant du tapis de course omni-directionnel aux bons vieux sacs de frappe.

Varig y avait passé de nombreuses heures, autant pour domestiquer son corps refaçonné par le Nihilithe que pour évacuer le stress dut à ses nouvelles responsabilités de chevalier impérial. Les droïdes d'entraînement étaient parfaits pour cela, offrant un exutoire bien plus satisfaisant qu'un punching-ball.


-Pas mal, lâcha une voix féminine derrière lui. On ne dirait pas qu'ils sont programmés pour te tuer...


Le chevalier haussa les épaules. Depuis les événements de la station Charon, il était plus fort, plus rapide et bien plus résistant qu'un humain ordinaire. Mais le fragment du Nihilithe avait altéré bien plus que ses capacités physiques...


-Tu n'as pas parlé de moi à Nigel, poursuivit la femme, curieuse.

-À quoi ça aurait servit? demanda Varig en se tournant vers elle. Après tout...


Bras croisés et adossée à une cloison imitant le ciel étoilé de l'extérieur, son interlocutrice dardait sur lui deux yeux aux pupilles rouges sang. Son visage était encadré par de longues boucles blondes qui tombaient en cascade sur ses épaules, anormalement larges et musclées pour une femme.


-... Ce n'est pas comme si tu étais vraiment là, Appollyon. Tu es juste une illusion.


La femme sourit, amusée.


-Si je ne suis qu'une hallucination, comment puis-je savoir qu'il arrive? demanda-t-elle.

-Qu'est-ce que tu veux dire? répliqua-t-il avec agacement.


La porte de la salle s'ouvrit à cet instant, accaparant l'attention du chevalier. Le sergent Mash entra et le salua raidement, son poing de métal sur le cœur, avant de croiser les mains derrière le dos.


-L'escouade Bravo est rassemblée et vous attend à l'armurerie monsieur, lâcha-t-il.


Varig se retourna vers l'endroit où se tenait Appollyon un instant plus tôt. Elle avait disparu.


-J'arrive, lâcha-t-il après quelques secondes de silence.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant