La Dernière Étoile - Tome 1: Ascension

I. Héros - vingt-cinquième partie

-Je peux pas trop te parler là patron, répondit J juste assez fort pour que son communicateur capte sa voix.

À mesure qu'il se rapprochait de son objectif, les patrouilles rebelles s'étaient faites de plus en plus nombreuses. Éviter le contact devenait difficile, et la meilleure solution qu'avait trouvé Carlsson était de lui faire emprunter les conduites de ventilation. Le cartel les avait bardées de capteurs, mais il n'y avait plus de poste de sécurité auquel envoyer les alertes. Malheureusement l'étroitesse du passage ralentissait mortellement sa progression.

Le conduit dans lequel J se faufilait était caché entre deux niveaux. Le soldat devait progresser baissé le long d'un interminable tunnel plongé dans la pénombre; des grilles d'aération apportaient un peu de lumières par le plafond et le sol, laissant parfois entrevoir les ombres menaçantes des rebelles qui patrouillaient au dessus de lui.

-Ils sont passés, lâcha-t-il avec soulagement. Qu'est-ce qu'il y a?

-Comment ça se présente? demanda Varig.

-Foutue mission, foutue planète, foutu Carlsson... résuma J.

-Je n'ai pas reçu votre dernière transmission, vous pouvez répéter? demanda l'intéressé.

-T'as très bien entendu. Je suis presque à la cible.

-Bon, lâcha Varig d'une voix tendue. Fait une reconnaissance, pas de risque inutile. Tu as encore le temps.

-Ouais, il parait.

Le soldat se tut. Au dessus de lui, deux rebelles s'approchaient en discutant. 

-... Mal tourner. Myra est morte, bordel! lâcha l'un d'eux.

-Elle est tombée pour la Cause, le rabroua l'autre. Au moins on a frappé le cartel où ça fait mal...

-Sérieux, à quoi ça mène?

Un mégot de cigarette encore incandescent traversa la grille et tomba sur l'épaule de J. Ce dernier retint un juron en le chassant dans une gerbe d'étincelles. L'odeur d'un tabac grendellien bon marché satura l'air.

-À la mort ou la liberté frère, répondit le second rebelle d'un ton déterminé. La liberté ou la mort!

-La liberté ou la mort, répéta l'autre sans trop de conviction.

Les deux rebelles s'éloignaient, inconscient de l'ennemi sous leurs pieds.

Manifestement le moral commençait à flancher, ce qui n'avait rien d'étonnant vu leurs pertes inattendues et le manque de sommeil...

J continua à avancer durant une bonne minute, mais il sentit soudain une vibration traverser le conduit. Il s'arrêta et s'aperçut que le phénomène venait du sol; posant sa main contre le béton, il sentit comme un ronronnement régulier.

Pris d'une subite inspiration, il tourna la tête pour regarder derrière lui.

-Oh merde, jura-t-il.

Un robot de nettoyage avançait à travers la conduite, occupant toute sa largeur. L'appareil était équipé de balais et d'une "bouche" aspirant tout ce qui rencontrait sa route dans une grille laser au tressage très fin.