La Dernière Étoile - Tome 1: Ascension

11. La dernière bataille de Polème - septième partie

Le colonel Maxus m'avait suivit jusqu'à la passerelle de l'Inspiré pour y diriger l'opération au sol. Depuis mon terminal je pouvais voir en temps réel les images retransmises par les navettes, chasseurs et même les casques de chaque soldat envoyé sur Polème Alpha.

-Les escadrons Serre et Glaive sécurisent un corridor d'approche, signala un opérateur. Les navettes entrent dans l'atmosphère.

-Poursuivez le tir de barrage, ordonna le commandant Niles.

Je sélectionnais la vue cockpit d'un des transporteurs. L'appareil plongeait entre les nuages de poussière et de cendres soulevés jusqu'à la haute atmosphère au cours de dizaines d'années de combats incessants. Les vents de haute altitude sculptaient des formes titanesques et causaient de sérieuses turbulences. Sans les systèmes d'affichage le pilote n'aurait eu aucune chance de guider sa chute libre à près d'un millier de kilomètres heure.

Quand la navette émergea de la couche nuageuse elle redressa brutalement sa trajectoire. J'aperçut d'autres appareils de la formation, volant vers leur objectif. 

La lumière du soleil filtrait à travers les trous béants creusés dans les nuages par le bombardement orbital de ma flottille, éclairant un paysage désolé. Les ruines d'une immense cité s'étendaient en dessous, mégapole défigurée par les cicatrices de milliers d'offensives successives. La guerre avait tout détruit sur Polème; ce n'était plus qu'un monde mort.

Le site du crash apparut alors que le pilote faisait piquer du nez son appareil pour amorcer l'approche finale. Le cratère formait à une immense cuvette au centre duquel se trouvait l'épave brisée d'un vaisseau de grande taille, abattu des décennies plus tôt. Ses poutres tordues et dressées vers le ciel ressemblait à la cage thoracique d'un squelette, à moitié enterré par le temps.

-Accrochez vous messieurs, indiqua le pilote dans son communicateur. Largage sur zone dans trente secondes. Vérifiez vos armes! 

Au même moment je sentis l'Inspiré tirer. Je vis le projectile électro magnétique transpercer le ciel de Polème sur mon écran, avant de frapper tout près de la ligne d'horizon. Il y eu un bref éclair de lumière et une colonne de poussière haute de plusieurs kilomètres s'éleva. Quoi qu'ai repéré le commandant Niles, ça venait de passer un très sale moment.

Le pilote m'arracha à cette vision en retournant son appareil avec dextérité. Il se posa en descendant sa rampe, déversant aussitôt les escouades qu'il transportait.

-Les troupes débarquant à la surface, indiqua un opérateur. Contact radar ennemi à dix kilomètres de leur position; les escadrons de soutien demandent permission d'engager pour un appui rapproché.

-Accordé.

Je refermais l'écran vidéo, au profit d'une carte de la zone en trois dimensions. On y voyait les symboles lumineux représentant chaque soldat se déployer rapidement autour des navettes, formant un périmètre défensif. Les quelques ennemis repérés au milieu des ruines ne représentaient pas une menace immédiate, et de toute façon des chasseurs piquaient déjà vers eux. Ils étaient trop proche pour qu'un bombardement orbital ne risque pas de toucher mes troupes à travers la couche nuageuse qui limitait leur précision.